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Mes humeurs: Couvre-chefs

Chaque pays se flatte de son couvre-chef, on connaît le béret basque, le chapeau sous ses différentes formes, le melon et le haut de forme qui caractérisent les têtes anglaises, le boléro espagnol, le borsalino italien, les bobs, les casquettes, etc. Les couvre-chefs les plus connus, qui caractérisent le tunisien et les plus portés sont la mdhalla en été et la chéchia en hiver. Cette dernière a connu une gloire inattendue, pendant les quelques années qui ont succédé au soulèvement de 2011, comme le système social a été bouleversé, les expressions de toutes sortes ont naturellement suivi le mouvement,  l’expression vestimentaire en fait partie, les jeunes femmes ont troqué leurs bobs et autres chapeaux par la chéchia, les artisans se sont ingéniés à donner de belles couleurs à ce couvre-chef, on en a vu des blanches (comparables à celles que portent les soufis) mais également des jaunes, des vertes et des bleues ; filles et garçons bousculaient des pratiques (vestimentaires) séculaires surfant sur la mode, arborant fièrement, avec succès, la chéchia qui a vu son statut de coiffe  d’utilité quotidienne en accessoire de mode. Inédit dans le monde arabe et musulman.

Les temps ont changé, la mode chéchia, rouge sombre ou grenadine (de Grenade, plus claire) ou de couleur a perdu de son lustre, laissant la place au chapeau visible actuellement sur les têtes. « Une mode a à peine détruit une autre mode qu’elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit », disait, il y a plus de trois siècles, l’écrivain Jean de La Bruyère.

La mdhalla (chapeau de paille d’été) a connu moins de gloire que sa compagne d’hiver, il faut dire qu’elle est moins pratique à porter en ville (la mode, rappelons, est un phénomène de ville), en été pour se protéger du soleil, les gens préfèrent le bob, léger, multiforme, de différentes couleurs. Le bob a fait son temps, la mdhalla, d’origine paysanne, a fait son apparition, timidement d’abord et depuis peu d’années, on commence à la voir partout, les artisans ont rogné ses bords (trop larges, peu pratiques), ils ont apposé des motifs de couleurs ; filles et garçons ont vite adopté cette transformation. Le port de la mdhalla rencontre un succès certain, elle n’a pas conquis les discothèques, les restaurants chics, etc., comme les chéchias de couleur vu qu’elle est figée dans son rôle de protection contre le soleil. Mais elle fait du chemin et prospère, elle est désormais visible sur les plages, dans les rues et les campagnes. Place aux artisans-artistes pour lui donner (pour la saison prochaine ?) des motifs attrayants.         

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