Le ton est donné depuis les premières images du film « Kamikaze » de Hassen Marzougui, projeté en avant-première à la salle Tahar-Cheriaâ (Cité de la culture).
Membres arrachés et corps éviscérés gisant dans une morgue. Le décor indique qu’on est bien dans un film du genre gore avec toute sa panoplie d’hémoglobine. Or, selon son réalisateur, il s’agit plutôt d’un psychodrame que d’un simple film gore. Le personnage principal, Hakim, interprété par Abdelmonaâm Chouayet, est confronté à une lutte psychologique aiguë et des hallucinations.
Durant 26 minutes, Hakim, dont on ignore le passé, la carrière et la vie familiale, tente de remodeler la vie hors du cadre de la réalité. Son travail dans une morgue lui donne des idées noires. Sa relation avec la mort devient banale à force de manipuler les cadavres. Son état psychologique fragile lui donne des idées négatives, voire macabres. Furieux contre le monde qui l’entoure et la triste vie qu’il mène, il décide de tuer sans raison précise des gens pour les faire revivre dans la morgue avec la perspective d’une nouvelle vie meilleure.
Sa compagne tient à le ramener à de meilleurs sentiments, mais sans succès, il finit par la tuer à coups de couteaux et la conduit dans la morgue, l’univers dans lequel il s’est séquestré, et ce, pour lui créer un monde moins contraignant, selon lui. On ne sait pas si Hakim, qui est habité par des démons intérieurs, a subi un traumatisme dans son enfance ou s’il voue une haine envers la société qui le pousse à agir de la sorte.
Le film produit par Wellness, société de production du réalisateur, souffre par une déficience au niveau de la construction des personnages et du message qu’il veut transmettre. Le cinéaste, lui-même auteur du scénario, et qui a à son actif un premier court métrage de fiction « Bakchich », s’est contenté de présenter les faits sans approfondir le caractère du personnage principal. Le passage par un atelier d’écriture aurait sans doute donné un résultat plus convaincant. Un exemple frappant : Hakim qui rêve d’un monde idéal ne représente pas un modèle d’exemplarité, de rigueur et de correction (la scène où il refuse de céder la voie à une voiture malgré l’insistance de sa copine qui l’accompagnait).
« Kamikaze » ouvre la voie vers le gore, un genre qui manque à notre cinématographie.