Jebel Oueslat, à Kairouan, à la recherche de solutions : Incursion au pays des armoises et du thym

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Située à une soixantaine de kilomètres de Kairouan, la délégation de Oueslatia occupe une superficie de 95.000 ha et compte neuf imadas.

L’agriculture constitue la principale activité économique des habitants de cette délégation. En outre, l’élevage agricole constitue une source de revenus appréciable pour bon nombre d’agriculteurs.

Un monde original !

L’existence dans les Jbel de la flore mellifère a favorisé la prolifération d’un grand nombre de ruches, dont 80% sont exploitées d’une manière moderne. Et avec son histoire, ses vestiges historiques, son relief, ses traditions, ses djebels verdoyants, ses habitants, cette délégation constitue un monde original qui, une fois revalorisé, pourrait transformer cette zone et en faire un pôle d’attraction.

En effet, les montagnes de Jbel Serj et Jebel Oueslat cachent des sites archéologiques qui remontent au IIIe millénaires avant J.-C. et dont les plus importants comportent des représentations de scènes de charme faites par l’homme primitif de l’époque néolithique. Le Jebel Oueslat comprend également des sites remontant à l’époque romaine et aux époques islamiques. A 30 km de Oueslatia, se trouve la délégation de Aïn Jloula, un véritable carrefour qui rayonne sur les villages avoisinants, dont Ennahala, Zaghdoud, Dfifila et Ganzour, tous situés au milieu de montagnes où se dressent des banquettes de pierres qui forment des plis faisant office de petits barrages pour retenir la terre, l’eau, les engrais et les plantes.

En outre, Aïn Jloula est riche en vestiges romains et byzantins qui s’étendent sur 45 ha et qui sont encore ensevelis. Et aujourd’hui, on peut admirer les arcades, les thermes, les pierres tombales et une partie d’un immense amphithéâtre romain.

De toutes les façons, il faut parcourir un peu la délégation de Oueslatia pour se rendre compte des efforts déployés, des résultats obtenus et relever ainsi les carences et les manques auxquels il est possible de remédier.

Analphabétisme et soif

Sur la piste reliant Oueslatia-Centre à Imadat Magra, nous admirons quelques ruisseaux qui s’échappent de sources lointaines, de petites collines accidentées, mais paisibles, quelques parcelles de terre où des moutons paissent, des logements ruraux et des vallées. Des femmes plus ou moins âgées, l’échine courbée sous un énorme fagot de brindilles, passent lentement. D’autres, le cou et le dos ankylosés sous le poids de leurs jarres d’eau, font la navette entre les points d’eau et leurs domiciles.

De quoi se plaignent-ils ?

Les villageois, placés au milieu de ces paysages, comme s’ils étaient nés avec eux, restent très attachés à leurs terres. Néanmoins, beaucoup de problèmes les préoccupent dont la soif, le chômage, l’état défectueux des pistes, ainsi que le manque d’encadrement. Les femmes, dont Rebh Khammari et Samira Oueslati, se plaignent du fait que les cliniques mobiles du planning familial n’ont jamais visité leur région. Elles souhaiteraient, par ailleurs, que les assistantes sociales viennent les voir pour les conseiller.       

Quant aux jeunes filles que nous avons rencontrées à El Magra, elles sont frustrées de ne pas avoir la chance d’étudier et d’aller à l’école : «Notre analphabétisme nous a marquées à jamais… Certaines d’entre nous sont de vieilles filles. Les hommes préfèrent de plus en plus se marier avec des filles cultivées…», nous confie Hadda Rebhi. Propos qui en disent long sur leur frustration et leur endurance.    

Ali Ben Abdelkader, père de neuf enfants, n’est pas en reste. «La marmaille ne va pas à l’école parce que distante de plusieurs kilomètres. Et puis, à quoi bon étudier, je n’en vois par l’utilité. Je préfère que mes enfants m’aident dans les travaux agricoles».

Somme toute, la délégation de Oueslatia, qui ne vit pas dans l’abondance, ne vit pas à l’abandon, d’autant plus que les choix socioéconomiques, pris après le 25 juillet, touchent chaque jour de nouveaux secteurs…

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