Zied Zouari en tournée au Japon : Du violon à perpétuité

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Le violoniste tunisien Zied Zouari vient d’effectuer une tournée au Japon en collaboration avec Mathias Duplessy et le collectif de cordes Violons du monde.

Ils ont entamé, le 15 septembre dernier, une série de 10 concerts qui s’est achevée le 3 octobre, passant par de grandes villes japonaises comme Tokyo, Osaka, Nagoya et bien d’autres. Le premier spectacle s’est joué à guichets fermés, devant des milliers de spectateurs au théâtre de Nagoya. Le succès de Zied Zouari remonte à plus de deux décennies en arrière, l’occasion de retracer un pan du parcours de ce virtuose du violon.

Une carrière jalonnée de succès

Zied Zouari s’est fait remarquer, dès son jeune âge, par son talent inné et son dévouement inarrêtable envers sa passion. Il a représenté la Tunisie à la première Rencontre des jeunes musiciens arabes en 1998 à Dubaï, où il s’est vu décerner la médaille d’or. Sa carrière a débuté officiellement dès l’âge de seize ans suite à sa prestation avec le chanteur libanais Wadiâ Essafi, en 1999, lors du Festival international de Carthage. Depuis, il a enchaîné les projets artistiques en parallèle avec des études spécialisées, comme il est titulaire d’un doctorat de musique et musicologie de l’Université Paris-Sorbonne ainsi que d’un diplôme d’études musicales en jazz et musiques improvisées. En 2015, il remporte le prix du «meilleur interprète» aux Journées musicales de Carthage.

Zied Zouari est connu pour avoir partagé ses mélodies envoûtantes à travers des spectacles toujours plus grandioses. A ce titre, il a parcouru le monde pendant plus de 25 ans et s’est produit en France, en Angleterre, aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays. Il a joué avec de grands orchestres, dont l’Académie de Vienne, et a collaboré avec des musiciens de styles différents. D’ailleurs, il a donné en 2023, à la Cité de la culture à Tunis, un magnifique concert avec le célèbre joueur du qanoun turc Aytak Dogan. Avec ses prestations éblouissantes, ce véritable passionné du violon excelle dans beaucoup de registres, que ce soit de la musique classique, contemporaine, orientale ou autre. Cet été, il a encore fait preuve de son étonnante habileté à brasser les influences diverses à travers deux spectacles lors du Festival international de Hammamet. Le premier est «Made in Africa», entraînant le public, à travers ses propres compositions et ses arrangements, dans un monde d’émotion et de beauté par ce qu’il définit comme «la réconciliation identitaire avec notre africanité». Il était accompagné d’une danse traditionnelle africaine à travers la prestation de Dab Easttiger, dans une très belle complicité. Ce concert lui a valu le prix du «Meilleur spectacle de musique instrumentale de l’été 2024» décerné par le Syndicat tunisien des professions musicales et professions apparentées.

On l’a retrouvé par la suite pour un concert enivrant de poésie à la clôture du festival, accompagné d’un orchestre de 16 artistes entre instrumentistes et vocalistes. Il s’agit de la nouvelle version du spectacle «Imagine» de Karim Thlibi qui aborde la question palestinienne et tente de présenter une lecture musicale contemporaine qui imite notre patrimoine musical tunisien. Le violon s’est imposé magistralement. Certains passages donnaient des frissons.

Captivant le public par ses interprétations et son charisme, Zied Zouari a été invité dans de nombreux festivals l’été dernier, à travers la Tunisie, à Kasserine, Sfax, ou même Chott El Jerid, loin des sentiers battus.

Son grand point fort : l’innovation

Une des choses les plus remarquables de la carrière de Zied Zouari est qu’il a atteint un tel succès et une grande popularité sans compromettre sa vision artistique ni son engagement envers la qualité. L’un de ses principaux atouts est qu’il a su apporter une touche moderne et innovante au registre du violon en fusionnant des influences différentes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives musicales. Son credo étant d’apporter de la créativité avec ses compositions, il croit en son violon comme un langage universel. L’artiste transcende les cultures, les générations, les genres et les frontières. Pour élargir davantage ses horizons, il a même collaboré en harmonie avec des musiciens dont les instruments sont peu utilisés en Tunisie, notamment les cuivres et les bois. Son jeu au violon mêle des mélodies exaltantes, romantiques, festives et émouvantes, le tout agrémenté de surprises, faisant de lui un véritable phénomène musical. Parmi ses projets les plus remarquables, on peut citer «Electro Btaihi», à mi-chemin entre les chants ancestraux tunisiens, le rock, l’électro et le hip-hop. Son opus, «Maqâm Roads» sorti en 2017, dont le titre est profondément significatif, évoque l’idée de ce chemin qui mêle le traditionnel au moderne, pour un voyage commun et un riche échange interculturel. Sa tournée actuelle au Japon, à côté de Mathias Duplessy, le Chinois Guo Gan et le Mongolian Mandaakhai Daansuren, met en valeur sa polyvalence musicale et témoigne de sa notoriété durable. Sur les premières vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on voit le quatuor longuement applaudi par le public dans des salles archicombles.

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