La dernière élection présidentielle a fait ressortir un pourcentage de participation inquiétant. Celui qui concerne la jeunesse, qui a brillé par son indifférence.
On ne peut expliquer cette désaffection que par le peu d’intérêt qu’accorde cette importante frange de la population à ce genre de consultation qui, pourtant, l’intéresse en premier lieu. Les générations passent et ce sont toujours les plus jeunes qui sont appelés à endosser les responsabilités futures.
Il n’y a qu’à voir le désarroi qui agite et inquiète les pays dont la population vieillit et dont l’avenir devient problématique.
Pourtant et alors que parallèlement aux annonces que l’on a faites pour la présidentielle, les succès et les prouesses de notre jeunesse sont loués à travers le monde. En robotique, dans le domaine artistique, en sport et dans bien d’autres secteurs, les jeunes tunisiennes et tunisiens sont sur les podiums.
Bien entendu, il n’y a pas que cela. Les problèmes qui taraudent notre jeunesse sont bien là. A commencer par les abandons scolaires qui déversent dans les rues des milliers de désœuvrés, exposés à toutes les tentations. L’émigration clandestine est devenue par la force des choses le sport le plus populaire. Les braquages en plein jour, les crimes odieux qui surprennent par leur fréquence et leur violence, ne devraient en aucun cas escamoter cette réalité.
Aujourd’hui que le pays est décidé à changer de braquet pour passer la vitesse supérieure, nous devons regarder en face ces réalités et agir en conséquence.
Pour cette jeunesse, il ne s’agit plus de maison des jeunes ou de la culture, d’ordinateur et de table de ping-pong. Les temps ont changé et les moyens de communication qui ont transformé ce monde en un tout petit village, où tout se sait, où tout est étalé sous des yeux attentifs, il y a obligation d’adopter de nouvelles dispositions, de nouvelles mesures pour interpeller cette jeunesse qui s’est visiblement désintéressée de la vie politique.
Des élections, c’est important. C’est l’occasion unique de choisir ses dirigeants et de marquer sa présence en rappelant chacun à ses responsabilités.
Nous avons enregistré il y a quelques semaines la tenue d’une conférence portant sur une stratégie nationale adoptée pour aller au-devant de cette jeunesse.
Le pourcentage de participation de cette importante frange de la population à la dernière élection présidentielle impose une réévaluation de cette stratégie qui est censée étendre son plan d’action jusqu’à 2035.
Ce qui est certain, c’est bien cet élan que l’on a enregistré immédiatement après la proclamation des résultats. La rue s’est animée et les jeunes étaient bien là. Ils portent au cœur leur pays, mais ils donnent l’impression que cette présence explique aussi bien leur joie que leurs attentes.
Il ne faudrait pas les décevoir. Il s’agit de ne pas escamoter le problème par ces longues réunions où on conjugue tout au conditionnel et on oublie que les jeunes n’apprécient que le présent.