Le chiffre a été repris par plusieurs supports médiatiques. Au cours des 7 premiers mois de cette année, la Tunisie a accueilli environ 1,3 million d’Algériens parmi les 5.046 millions de touristes qui ont visité le pays, enregistrant ainsi une hausse de 15,6 % par rapport à la même période en 2018.
Pour cette saison, la reprise du tourisme tunisien est remarquable. Au niveau régional, les Algériens se taillent la part du lion avec près de 1,3 million à avoir passé leurs vacances chez nous. Ainsi, le nombre de touristes provenant des pays du Maghreb a augmenté de 17,7% par rapport à l’année précédente. Les touristes en provenance des marchés européens étaient majoritaires en Tunisie avec plus de 1,5 million sur les sept premiers mois de l’année. Les Tunisiens résidant à l’étranger étaient environ 882.000 à rentrer au pays durant la même période, avec une hausse de 4,1% par rapport à 2018. Ce secteur qui reprend des couleurs a permis à l’économie nationale de générer environ 925 millions de dollars de revenus, augmentant ainsi les recettes en devises de 45,9 %.
Files et foules
Selon de nombreux témoignages aux postes frontaliers d’El Kala, les files de voitures et les foules se massent. On parle même d’un tsunami de 25.000 vacanciers qui ont pris d’assaut les hauteurs du Djebel Haddada où se font face les postes frontaliers algérien et tunisien. Il s’agit de la plus importante zone de passage terrestre d’Afrique avec un demi-million de passagers par an, soit près du quart des Algériens qui choisissent la Tunisie pour destination de vacances.
Si certains vacanciers algériens ont préféré rentrer en Algérie pour passer la fête de l’Aïd Al Idha, beaucoup d’autres ont opté pour les hôtels tunisiens qui leur ont offert des tarifs très avantageux. Selon certaines sources, entre le 15 juillet et la veille de la fête religieuse, les postes frontaliers se sont vidés et la moyenne des passages se situait autour de 10.000 personnes dans les deux sens. Mais dans la matinée du jeudi 15 août, la police des frontières algérienne a enregistré 25.000 Algériens qui se rendaient en Tunisie depuis le poste d’Om Teboul. De mémoire d’homme, jamais ce chiffre n’a été atteint. Une journée auparavant, ce sont seulement 10.000 passages d’Algériens dans un seul sens qui ont été enregistrés contre 3.000 Tunisiens.
Les lacunes, il y en a !
Les voisins algériens se sont bien préparés pour faire face à cette exceptionnelle migration annuelle. 13 box de la police des frontières et des Douanes ont été mis en service au lieu des 4 habituels. Et même si quelques petites contraintes sont venues perturber l’organisation et la fluidité des flux, elles ont été vite solutionnées. Une panne de quelques heures du transformateur électrique, vite suppléé par des groupes électrogènes, n’a pas affecté la cadence des formalités. Les vacanciers algériens se plaignent d’un tout autre genre de problème. Il s’agit de la lenteur des formalités tunisiennes. Les touristes franchissent rapidement le poste algérien, mais sont bloqués au poste tunisien qui devient un goulot d’étranglement avec tous les désagréments que cela provoque, notamment les passe-droits, voire les petites tentatives de corruption. Les attentes sont également très pénibles pour les vacanciers, en famille pour la plupart, qui doivent attendre dans des locaux exigus ou sous le soleil. Et lorsque ces espaces sont pleinement occupés, les Algériens sont alors stoppés à l’entrée du poste tunisien, ce qui provoque un second goulot avec cette fois les véhicules. Selon les témoins, l’Algérie a considérablement amélioré le passage au poste frontalier d’El Kala. « Rien de comparable avec le passage il y a seulement quelques années, où on se présentait aux guichets la gorge nouée de peur d’y passer la journée et la nuit » font remarquer certains. Du côté algérien, plusieurs dispositions ont été prises pour faciliter le passage des touristes, notamment avec ce que l’on appelle «l’autopassage». Cette technique permet aux Algériens d’effectuer les formalités en quelques minutes sans descendre de leurs véhicules. Mais, les Algériens, qui sont près de 2 millions à visiter la Tunisie, ne comprennent pas pourquoi les autorités tunisiennes ne prennent pas plus de dispositions pour éviter ces goulots d’étranglement. « Des guichets supplémentaires même à l’extérieur et suffisamment de personnel pour accueillir le flux de vacanciers peuvent faire l’affaire en attendant la fin des travaux de modernisation et d’agrandissement du poste », proposent les vacanciers algériens. Et comme l’a déclaré le chef du gouvernement Youssef Chahed lors de sa visite sur les lieux, le 17 juillet dernier, pour inaugurer le centre commercial de Melloula, la Tunisie doit mettre en place des structures qui pourront accueillir 2,5 millions de touristes algériens.
