Sur les routes à Kairouan : «Ennabch», une localité qui s’accroche à sa terre…

 

Dans le gouvernorat de Kairouan, un large pan de la Tunisie en lutte contre la pauvreté s’offre au regard pour peu qu’on prête l’attention nécessaire et qu’on emprunte les chemins escarpés des différentes délégations et imadas dont Ennabch, situé à une vingtaine de kilomètres de Kairouan et faisant partie de Kairouan-Sud. Reportage

Occupant une superficie de 12.000 ha, Ennabch compte plusieurs localités dont El Gwassem, Mzaougha, Hamaidya, Mnassrya, Soualhia et Aouled Bouzaiene. La principale activité économique demeure incontestablement l’agriculture avec pour principaux piliers l’olivier, l’amandier et les arbres fruitiers.     

Nouvelle dynamique

Et beaucoup de fellahs vivent de l’élevage surtout ovin. Certains élèvent des dromadaires, tels le cas d’Ahmed Ben Mbarek : «Lorsqu’il nous est impossible d’utiliser les gros tracteurs pour ensemencer nos parcelles de terre, souvent petites, nous faisons faire ce travail par des dromadaires tirés par des charrettes. En autre, nous utilisons ces camélidés pour le transport des produits agricoles…», nous confie-t-il.

Par ailleurs, des puits de surface et des puits profonds ont été creusés, ce qui a permis d’augmenter le nombre de périmètres irrigués. Ainsi, cet imadat a émergé au milieu d’une nature naguère austère et peu clémente avec son climat chaud et semi-aride.

Avec l’intervention de l’Etat et l’amélioration du niveau de vie des ruraux, la production agricole s’améliore d’année en année. Soit une nouvelle dynamique de développement qui a permis d’intégrer les habitants dans le circuit de production et de mettre un terme à leur situation d’éternels assistés. Néanmoins, les villageois souhaiteraient qu’on améliore l’état des pistes dans certaines localités telles que Mzaougha, Hmaidya, Soualhia, Aouled Bouzaïane et Mnassrya.

L’inconvénient, c’est que la plupart des fellahs qui s’adonnent au travail de la terre sont des sexagénaires : «Par contre, les jeunes, sitôt les études finies, voudraient trouver un emploi salarié, ne voulant pas prendre la relève dans le secteur agricole. Les autres, ceux qui n’ont pas eu la chance d’étudier, prennent le chemin de l’exode. Il serait souhaitable qu’on les encadre un peu plus…», constate Mokhtar Haddaji, fellah de son état, âgé de 72 ans

Une vie paysanne si paisible

Et ce qui a attiré notre attention, lors de la récente visite que nous avons effectuée à Ennabch, c’est la présence d’une bonne infrastructure sociale, dispensaire, une école primaire, un grand terrain de sport avec des aires de jeux, des haies de cactus qui délimitent les parcelles de terre, des boutiques, un café moderne, des logements ruraux sur lesquels on a mis des piments rouges à sécher… A perte de vue, dans les plaines verdoyantes, des troupeaux de moutons paissent. Ainsi va la vie paysanne au rythme lent et calme qui offre au promeneur détente et dépaysement. Ali Haddaji, 18 ans, nous parle de sa joie de pouvoir vivre enfin dans un village agréable où on peut jouer au foot ou au volley : «Ici, en milieu rural, les exercices physiques et les promenades sont un moyen de délassement. Avant la construction de ce terrain, tous mes moments de loisirs étaient occupés par le sommeil ou le jeu de cartes…».

D’un autre côté, tous les villageois que nous avons rencontrés trouvent que leur dispensaire manque de médicaments et de personnels, ce qui les oblige, en cas d’urgences, de louer un véhicule pour aller se faire soigner dans les hôpitaux de Kairouan-ville.

Une école accueillante

L’école primaire d’Ennabch-centre est fréquentée par 145 élèves répartis sur 6 salles de classe et encadrés par 9 instituteurs dont 7 femmes et un directeur. Dotée d’une clôture, d’eau potable, d’électricité, de blocs sanitaires, cette école offre un cadre propice au travail sérieux et à l’abnégation. Néanmoins, elle ne dispose ni de cantine, ni de gardien, et encore moins d’ouvrier. Alors, ce sont les enseignants et le directeur qui procèdent au nettoyage quotidien des salles de classe, comme nous l’affirme Mme Imen El Idi, institutrice: «Il est question de nommer dans notre institution éducative un ouvrier et un gardien, car travailler dans des locaux propres est primordial pour la santé de nos élèves et de nous-mêmes». Elle espère voir les travaux de construction d’une classe préparatoire jouxtant l’école, ayant déjà débuté il y a une année, s’achever dans les plus brefs délais.   

«D’ailleurs, explique-t-elle, on a été obligé de donner les cours aux élèves du préparatoire dans une salle de classe réservée à la première année primaire… Enfin, ce que j’apprécie dans notre école c’est le fait que les responsables ont opté pour la séance unique, puisqu’on a cours de 8h00 du matin à 13h00. Ainsi, les après-midi sont libres, ce qui permet aux élèves de s’entraîner au terrain de sport avant de rentrer chez eux pour réviser leurs cours et bien dormir pour être en forme le lendemain…».

Enfin, rappelons que des aides sociales sont accordées aux élèves nécessiteux, provenant aussi bien par le Omda d’Ennabch, que par des bénévoles. Ainsi, à titre d’exemple, une mère de 5 enfants, dont 2 élèves, est décédée, au mois d’août dernier au cours d’un accident où son mari est sorti handicapé à vie.

Tous les moyens humains, psychologiques et matériels ont été mis à la disposition surtout des deux élèves, Rawene et son frère Harroun Haddaji, afin qu’ils continuent leurs études en 2e année primaire, dans de bonnes conditions.

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