Accueil A la une Don d’organes en Tunisie : Pourquoi les Tunisiens sont-ils encore réticents ?

Don d’organes en Tunisie : Pourquoi les Tunisiens sont-ils encore réticents ?

 

Greffe du cœur: la liste d’attente comprend 40 patients et 1.600 personnes sont en attente d’une transplantation rénale.

Tout comme le reste du monde, la Tunisie a célébré le 17 octobre la Journée mondiale du don d’organes. Dans une interview accordée à la TAP, Jalel Zayadi, directeur général du Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes, a indiqué que la Tunisie compte, aujourd’hui, 15 mille donneurs. Ce chiffre ne répond pas aux besoins au vu des longues listes d’attente pour la transplantation d’organes, selon lui.

Ledit Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes aspire, au cours des prochaines années, à atteindre un million de Tunisiens inscrits comme donneurs sur leur carte d’identité nationale, de manière à répondre aux besoins croissants en matière de transplantation d’organes. Sauf que la réticence semble persister auprès d’une majorité souvent en proie à l’amalgame.

En comparant la Tunisie aux pays voisins ou aux autres pays africains, le pays occupe une position relativement favorable. Mais le taux de donneurs demeure faible, n’atteignant que deux donneurs pour un million d’habitants, en comparaison des pays développés tels que l’Espagne où le nombre de donneurs dépasse 50 par million d’habitants et la France qui en compte 25 pour un million d’habitants, d’après la même source.

Pour la greffe du cœur, depuis la première opération faite en 1993, 50 greffes du cœur ont été effectuées réparties entre l’Hôpital militaire (17), l’hôpital universitaire La Rabta (31) et l’hôpital universitaire Sahloul à Sousse (2).

La liste d’attente pour la greffe de cœur comprend 40 patients, dont le plus jeune est âgé de 4 ans et le plus âgé 69 ans. Pour la greffe du foie, 74 opérations ont été effectuées depuis 1998. Cinquante personnes sont sur la liste d’attente.

Pour la transplantation rénale, 3.000 interventions chirurgicales ont été réalisées en Tunisie depuis 1986. Environ 1.600 personnes sont sur la liste d’attente. Pour la greffe de la cornée, la liste d’attente est longue. Environ 1.900 personnes sont en attente d’une greffe.

Quel plan pour rectifier le tir ?

S’attardant sur les moyens requis pour mieux atteindre les objectifs tracés par la Tunisie concernant le don d’organes, le sociologue Nouri Jabnoun insiste sur la sensibilisation afin de démontrer comme il se doit l’importance du don d’organes, du fait qu’il contribue à sauver des vies.

«C’est un projet de société auquel doivent participer toutes les parties prenantes. Les structures publiques comme les ministères de la Santé, de l’Intérieur, des Affaires religieuses, ainsi que le ministère de l’Éducation, qui devrait inclure des matières éducatives favorisant la culture du don, sont directement concernées, sans toutefois omettre la société civile et l’ensemble des citoyens», prône-t-il.

Toujours selon le même interlocuteur, les attitudes et les connaissances relatives au don d’organes peuvent influencer la volonté d’une personne de faire un don.

Puis, une meilleure compréhension de la perception du don d’organes par le public est essentielle pour orienter les stratégies de promotion du don d’organes, note le sociologue.

«La raison la plus fréquemment invoquée par les répondants à une enquête récente pour refuser le don de leurs organes après la mort est d’ordre religieux (55,4 %). La peur du trafic illégal d’organes et les doutes sur la destination des greffons représentent 10,2% des réponses. Le manque de confiance dans les compétences médicales a été signalé par 5,1% des personnes interrogées», explique-t-il.

Pour promouvoir le don d’organes, 45,3% des participants à ladite enquête suggèrent d’améliorer la sensibilisation par le biais d’associations ou des médias (20,3%), 19,8% demandent à être régulièrement informés du nombre de patients en attente de greffe, 5,4% suggèrent de diffuser des arguments religieux et 4,5% recommandent que le médecin traitant aborde le sujet avec le patient et sa famille.

Reste à dire que le rôle des médias et la manière d’aborder le sujet demeurent déterminants et décisifs pour un progrès tangible en matière de don d’organes en Tunisie.

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