Accueil Economie Réforme du modèle de développement tunisien : Se baser sur l’investissement, le financement et le facteur travail

Réforme du modèle de développement tunisien : Se baser sur l’investissement, le financement et le facteur travail

Pour renforcer la crédibilité et l’efficacité des politiques publiques en faveur de l’économie tunisienne, Mondher Bellalah, expert international dans le domaine économique et financier et consultant international, préconise la mise en place d’un observatoire indépendant. Ce dernier permet de faire le suivi de l’évolution des entreprises et améliorer le cadre réglementaire et le soutien financier.

Un modèle de développement économique vise à stimuler la croissance du pays. Celle-ci dépend de nombreux facteurs internes et externes, et elle est influencée par les décisions et les actions des différents agents économiques. Trois facteurs clés soutiennent la croissance : l’investissement, le financement, et le facteur travail. L’investissement repose sur des opportunités rentables, particulièrement dans le secteur privé, où la règle est qu’un dinar investi doit rapporter plus qu’il ne coûte.

Dans ce cadre, Mondher Bellalah, expert international dans le domaine économique et financier et consultant international, a déclaré que ce principe illustre la création de valeur au sein de l’économie. Dans le secteur public, l’investissement prend également en compte des objectifs sociaux et environnementaux, respectant les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance).

Les entreprises communautaires représentent un modèle alternatif qui a fait ses preuves en Chine et en Europe, et qui peut contribuer efficacement à la croissance économique lorsque le marché est en phase de maturité. Le financement est essentiel à la réussite de tout modèle de développement. Un financement à faible coût ou un accès facilité aux marchés de capitaux avec des taux d’intérêt bas peut créer de la valeur en générant un effet de levier. A l’inverse, un financement coûteux peut mener à une destruction de valeur et à un effet de massue, freinant la rentabilité.

Améliorer le cadre réglementaire

Le facteur travail englobe les compétences et l’efficacité des ressources humaines. Un management performant et une bonne implication des salariés, accompagnés de mesures d’incitation, sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement économique.

Pour renforcer la crédibilité et l’efficacité des politiques publiques, Mondher Bellalah, préconise la mise en place d’un observatoire indépendant. Ce dernier permet de faire le suivi de l’évolution de ces sociétés pour améliorer le cadre réglementaire et le soutien financier.

Les restrictions budgétaires sont devenues mondiales en raison de la conjoncture économique internationale, des échanges commerciaux, et des besoins de financement de l’Etat. Souvent, un déficit budgétaire découle d’un écart entre les recettes et les dépenses. Il est donc essentiel de déterminer quelles dépenses réduire et quelles recettes augmenter en fonction des priorités et des contraintes nationales. «La gestion de la dette doit reposer sur une connaissance approfondie de ses origines. Une analyse approfondie permettrait ensuite d’optimiser cette dette, en rationnalisant les dépenses et en exploitant les opportunités de refinancement à des taux plus favorables. Une gestion efficace de la dette publique pourrait libérer des ressources pour l’investissement, soutenant ainsi la croissance économique», assure Bellalah. Les PME, dont la taille varie selon le capital et le nombre de salariés, jouent un rôle fondamental dans le tissu économique tunisien. Leur diversité sectorielle et leurs caractéristiques spécifiques influencent leurs performances et leur impact sur l’économie nationale. Le modèle de développement actuel vise à encourager toutes les formes d’entreprises, y compris les PME, mais la rentabilité et la croissance des PME restent spécifiques à chaque secteur.

Meilleure formation en gouvernance

L’inflation mondiale, exacerbée par la pandémie et les conflits géopolitiques, pèse sur le pouvoir d’achat. Celui-ci peut être préservé en favorisant le travail, la production, la productivité et la création de valeur ajoutée, dont une partie doit être répercutée sur les salaires. Le contrôle des prix, la régulation de produits essentiels, et des mesures contre la spéculation sont également nécessaires pour limiter l’impact de l’inflation sur les ménages. Les sociétés communautaires agricoles et de services peuvent contribuer à long terme en renforçant l’autosuffisance alimentaire, avec un accès sûr à des ressources essentielles, telles que l’eau et les terres agricoles.

Le modèle de développement tunisien doit reposer sur une politique d’investissement claire, des incitations fiscales, une digitalisation accrue des processus économiques et financiers et une meilleure attractivité pour les investisseurs internationaux. Une amnistie fiscale pourrait aussi aider à mobiliser les capitaux et relancer l’investissement. La création de zones franches et la simplification des démarches pour les investisseurs, assorties de taux d’imposition réduits, pourraient stimuler le développement économique.

Les sociétés communautaires offrent un modèle de développement alternatif, basé sur un partenariat entre l’Etat et les citoyens pour créer des entreprises socialement bénéfiques. Ce modèle se distingue par une répartition équitable des bénéfices, un financement bonifié et une contribution au renforcement de la cohésion sociale. Toutefois, des défis subsistent, notamment en matière de financement, de gouvernance et de flexibilité juridique. Pour améliorer leur fonctionnement, il serait judicieux d’ouvrir le capital des sociétés communautaires aux PME et autres investisseurs, de dissocier les organes de gestion et de détention du capital, et d’offrir une meilleure formation en gouvernance. Il serait également essentiel d’étendre les activités à des secteurs stratégiques, tels que les énergies renouvelables et la recherche.

«Le développement des PME, des sociétés communautaires et d’autres structures entrepreneuriales nécessite l’implication d’experts capables d’assurer un suivi rigoureux, une évaluation qualitative et quantitative, et de proposer des solutions adaptées», a conclu Bellalah.

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