L’enseigne française fondée en 1981 et célèbre pour ses produits à petits prix « GiFi » se prépare à changer de main. « Lazard », la banque d’affaires mandatée, commence sa recherche de repreneurs. En fait, le déclin de « GiFi » est un cas d’école. Tout a commencé en 2023, par un problème informatique majeur, déclenché lors de la mise en place d’un nouveau logiciel interne. Un changement, mal maîtrisé, qui a bloqué la remontée des données de vente en magasin vers le siège.
S’ensuivit alors une réaction : des réapprovisionnements chaotiques, des stocks insuffisants, une perte de chiffre d’affaires, des fournisseurs non payés à temps et, in fine, des procédures judiciaires en cascades. Même si l’incident a, depuis, été corrigé et les stocks réapprovisionnés pour les fêtes de fin d’année 2024, le mal était fait. La confiance des partenaires, comme celle des collaborateurs, en a été profondément ébranlée.
Au-delà du drame social pour les 6.500 salariés de l’enseigne, ce fiasco nous met devant un paradoxe. Dans un monde où les entreprises sont de plus en plus dépendantes de leurs systèmes informatiques, une technologie mal intégrée peut se transformer en un véritable cauchemar. Le cas « GiFi » nous indique que la transformation numérique ne se résume pas à déployer un logiciel ou à adopter une nouvelle technologie. Elle implique une révision profonde des processus, une montée en compétence des équipes et une gestion proactive des risques. Les entreprises qui décident de se doter d’un nouveau logiciel ou envisagent une transformation numérique d’envergure, doivent anticiper les impacts de tout changement technologique sur leurs opérations, quitte à ralentir le rythme pour garantir une transition sans accroc. Heureusement, dans la vie managériale, il n’y a pas que cette expérience malheureuse de « GiFi ». Certaines entreprises réussissent très bien leur migration logicielle, comme le géant du transport maritime « Maersk » qui a récemment migré vers un système « Systemanalyse Programmentwicklung » (développement de programmes d’analyse de système (SAP) qui aide les entreprises et organisations de toute taille et de tout secteur d’activité à optimiser leur rentabilité, à s’adapter continuellement…) pour moderniser la gestion de sa logistique et de sa chaîne d’approvisionnement. Cette transition a été réalisée en plusieurs étapes, avec une planification minutieuse pour minimiser les perturbations opérationnelles. Avant le déploiement complet, l’entreprise a mis en place des tests approfondis et des simulations pour s’assurer que la transition se fasse en douceur. Parallèlement, Maersk n’a pas lésiné sur les moyens dans la formation de ses employés qui devraient s’adapter convenablement au nouveau système. « Nous sommes ravis d’annoncer une mise à niveau significative de notre système financier en adoptant SAP S/4HANA en novembre 2024 (le SAP S/4HANA est le dernier système ERP de la gamme de logiciels ERP de SAP). Cette amélioration apportera de nombreux avantages à nos opérations, nous permettant de mieux vous servir », avait annoncé le géant danois dans un communiqué public. Outre la communication interne donc, nécessaire à la transition, « Maersk » a tenu à informer ses partenaires.