«L’urgence climatique est une course que nous sommes en train de perdre, mais c’est une course que l’on peut encore gagner», déclare, texto, le Secrétaire général de l’ONU. Ceci est vrai dans la mesure où l’on sait où mettre les pieds. Tout dépend de la volonté des uns et des autres à s’engager dans l’action pour réussir la transition énergétique, perçue, aujourd’hui, comme un passage obligé vers le développement durable.
A l’aune de cette crise climatique, impactant gravement notre potentiel de ressources hydriques et énergétiques et l’ensemble des écosystèmes productifs dont dispose la Tunisie, toute la communauté nationale doit s’aligner sur l’objectif « Zéro émission nette ». Ainsi, les 350 communes, réparties sur les 24 gouvernorats du pays, sont-elles capables de s’accorder sur la réduction de leur empreinte carbone et énergétique? D’autant plus qu’un tel processus demeure une solution incontournable. Toutefois, ces communes, qui ont du mal à gérer leurs affaires locales, sans pouvoir répondre aux moindres réclamations de leurs cités tant sur le plan environnemental qu’infrastructurel, ont-elles la capacité de passer la vitesse supérieure et mettre le cap sur l’économie d’énergie et la génération des projets verts ? Soit des projets viables et durables, encore moins coûteux et beaucoup plus rentables. Mais comment peut-on agir sur les résultats de ces actions si on manque d’outils d’évaluation et de contrôle régulier ? Impuissantes qu’elles sont à s’autogérer, elles se sont, déjà, organisées en Alliance des communes pour la transition énergétique (Acte), dont le programme, mis en œuvre par l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme), consiste essentiellement à procéder à l’audit énergétique particulièrement destiné aux communes tunisiennes.
Réduire de 47% la consommation d’énergie
Audit énergétique, qu’en est-il au juste? Entamé il y a cinq ans, cela a permis d’identifier le patrimoine communal, sa consommation d’énergie et de mettre en place un plan d’action de transition énergétique pour chaque commune. L’objectif primordial étant de réduire de 47% la consommation d’énergie. Tout d’abord, l’on a commencé par lancer l’audit énergétique au profit de 11 communes comme initiative pilote, avant de la généraliser, en 2019, au reste des 350 communes du pays. Inscrit dans le cadre du programme Acte, ce projet pilote a permis le suivi et l’accompagnement de ces communes dans la gestion et le contrôle de l’éclairage public à distance, de façon à ce qu’il leur permette, en cas de faille ou de dysfonctionnement, une intervention à temps. «L’éclairage public est considéré comme l’une des activités des plus énergivores, soit près de 70% du total de l’énergie consommée, exigeant ainsi de grandes dépenses supplémentaires qui pèsent lourd sur nos budgets respectifs», témoigne M. Fethi Mejri, président de la Fédération nationale des communes tunisiennes (Fnct). Ceci étant, nous indique-t-il, il a été procédé à divers diagnostics pour identifier les besoins nécessaires et décider des travaux qu’il faut engager, afin de rationaliser l’utilisation du réseau d’éclairage public, à même de réduire la consommation d’énergie dans les deux autres domaines d’interventions communales, à savoir les bâtiments communaux et tous les matériels roulants. «A la lumière de quoi, l’on pourrait, en effet, estimer la valeur des investissements possibles pour parvenir à préserver nos ressources énergétiques en général et alléger les charges financières annuelles pour chaque commune», a-t-il encore expliqué.
L’appui témoigné de l’Anme
D’après lui, ce que l’Anme est en train de faire paraît très intéressant, pouvant aboutir à des résultats fort encourageants. Dans ce droit fil, ladite agence n’a cessé d’apporter son soutien à toutes les communes, en s’y rendant pour parachever leur diagnostic énergétique. Pas plus tard que la semaine dernière, les communes relevant de Ben Arous ont exposé leur bilan. Et le président de la Fnct d’enchaîner que l’Anme a, également, mis en place une plateforme de comptabilité énergétique pour le suivi de la consommation d’énergie et l’évolution du patrimoine communal accessible à travers le lien : energiecommunes.tn
Autre volet, la gestion du parc auto et tous les matériels roulants à la disposition des communes. Cela dit, pour diminuer leur consommation d’énergie, l’idée va dans le sens de les doter d’un système Gprs, tout en veillant à leur entretien et maintenance, de manière périodique. Ce qui est de nature à faciliter la mobilité urbaine dans tout le territoire communal. L’audit énergétique a, également, touché les éco- bâtiments communaux, en les équipant d’installations photovoltaïques. Somme toute, réduire de 47% la consommation d’énergie, dans les différentes communes bénéficiaires de ce programme Acte, ne serait plus une sinécure. « Certes, on aura la possibilité de baisser de un tiers (1/3) la consommation d’énergie dans nos communes », affirme-t-il, confiant. Pour parvenir à cet objectif, ladite Fédération prévoit, avec le concours de l’Anme, des ateliers de formation technique pour le renforcement des compétences des agents municipaux dans tout ce qui a trait à la gestion communale.
Certes, l’ambition est légitime, mais la réalité en dit long sur l’état des lieux de nos quartiers, leur infrastructure routière, éclairage public, la qualité de l’air et de l’environnement. D’où, il y a lieu d’adhérer à ce choix, à même d’opter pour des projets bas carbone et moins énergivores. Ce qui à favorisera, en retour, des économies en termes de coûts et de production d’énergies renouvelables. Le citoyen, lui aussi, pourrait en tirer le meilleur parti.