On attend avec impatience des nouvelles sur l’avancement du projet de réforme du système éducatif. Il semble que les choses sérieuses vont s’enclencher avec la mise sur pied du Conseil supérieur de l’éducation.
La Presse — Comme tout le monde sait, il y a eu de nombreux travaux portant sur les solutions à trouver pour donner plus d’efficience et améliorer le rendement de l’école tunisienne.
Les grands axes de la consultation
La dernière initiative en date est celle de l’organisation de la consultation électronique ordonnée par le Chef de l’Etat. Cette consultation, faut-il le préciser, s’est déroulée au cours de la période du 15 septembre au 15 décembre 2023.
Y ont pris part plus de 580 000 personnes.Les résultats de l’analyse des informations collectées ont été présentés au Chef de l’État en février dernier. C’est un comité présidé par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui s’était attelé à la tâche. Pour l’heure, on attend la mise en œuvre de ces recommandations.
Rappelons les grands axes de cette consultation. Celle-ci voulait sonder l’opinion des Tunisiens sur des points essentiels. A savoir l’éducation de la petite enfance et la protection de la famille, les programmes d’enseignement et le système d’évaluation, le temps scolaire, la coordination et la complémentarité entre l’éducation, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur, la qualité de l’enseignement, la technologie numérique et, enfin, l’égalité des chances et l’apprentissage à vie.
Contribution de toutes les compétences nationales
Actuellement, on attend le démarrage des travaux du Conseil supérieur de l’éducation. Des commissions seront chargées de faire un diagnostic en se référant à la banque de données constituée par les études, les analyses et les recommandations faites par les experts durant les dernières années.
Le ministre de l’Education a bien souligné dans son intervention le 19 novembre dernier (lors des débats parlementaires) que le projet en question n’est pas l’affaire du seul ministère de l’Education.
C’est pourquoi on s’attend à la contribution de toutes les compétences nationales. Y compris des compétences expatriées. Le ministère de l’Education reconnaît des insuffisances dans de nombreux domaines. C’est aux commissions qui seront mises en place par le Conseil supérieur de l’éducation de définir les tâches respectives de chacune d’elles.
Il faut dire que ce Conseil (principalement constitué d’un aréopage de nos plus brillants spécialistes) aura une mission des plus ardues.
Les travaux de ces commissions ainsi que leurs recommandations seront présentés au Chef de l’Etat qui devrait donner le signal de la mise en œuvre des outputs.
Financement
Il reste, néanmoins, l’épineuse question du financement de l’ambitieux projet de réforme.
Déjà le ministère de l’Education avait publié un “Livre blanc” en 2015 dans lequel il avait détaillé le coût de l’opération. Les montants avancés (environ 4.000 milliards de nos millimes) sont à réactualiser si on veut comprendre l’ampleur du projet et les difficultés qui se dressent devant sa concrétisation.
Quand on sait que le budget alloué au ministère de l’Education pour 2025 se situe aux alentours de 8.000 milliards de millimes, on voit aisément le défi à relever par notre pays et, aussi, les sacrifices éventuels à consentir.
Miled
3 décembre 2024 à 18:35
Il était temps. Ça bouillonne depuis des années. Mais ça n’avance pas. Il n’y a pas de grandes divergences sur le constat. Là où ça coince vraiment, en plus des fonds à allouer pour mettre en place une réforme d’envergure, ce sont les propositions non-concordantes sur le fond. Il y a toujours des clivages sur la ou les langues d’enseignrment et leur statut, les questions épineuses de l’identité et son incidence sur le contenu des sciences humaines et leur poids relatif. Il faudrait donc faire preuve de pédagogie de patience et de réel leadership pour conduire des débats difficiles vu que la société est fortement divisée sur la question. Le plus important reste pour moi les démarches pédagogiques en classe, la transformation de la vie scolaire et son ouverture sur son environnement, des approches modernes et dynamique avec des équipements adéquats centrées sur l’apprentissage, le plaisir d ‘apprendre et de partager en réduisant le poids du contrôle continu qui a tué l’apprentissage des compétence d’appropriation du savoir, d’analyse et de synthèse, de lecture et de débat. L’examen, une forme de compétitivité souvent malsaine est devenue la finalité de l’exercice de l’enseignement et de l’apprentissage, une véritable gangrène de la société entière. Avoir des enfants à l’école est une véritable épreuve. Je le dis en connaissance de cause en tant que parents, enseignant et inspecteur. Heureusement, que je n’ai pas succombé dans l’exercice de mes fonctions et que mes enfants s’en sont bien tirés.
Pour savoir plus sur mon témoignage et mes reflexions sur l’éducation en Tunisie, lisez Carnet d’Ecoles de Miled Hassini, publié aux Editions Arabesques.