Cette piètre participation devra être le point de départ d’une réflexion générale pour sauver le hand tunisien et revenir au premier plan continental et mondial. Tout est à refaire presque.
La Presse — Ainsi donc, l’équipe nationale a plié bagage terminant à la vingt-deuxième place de cette 29e édition du Mondial 2025.
Lors de cette édition, nous avons vu un handball qui a beaucoup gagné en rapidité et en puissance. Toutes les fautes se payent comptant. Les joueurs, de véritables athlètes, mettent leur puissance physique au service d’une rapidité payante et soutenue, l’heure de jeu durant.
La Tunisie précède un bon nombre de nations qui ne constituent pas des références très sérieuses (certaines nous ont été supérieures).
L’Algérie, que nous avions battue par le minimum d’écart pour passer au tour principal, connaît les mêmes problèmes que nous.
Cet élan et cet engouement, qui poussaient ces deux pays maghrébins et les incitaient à se dépasser, ne sont plus là.
Pourtant, un Mondial organisé par la Tunisie et l’Algérie, comme ce fut le cas pour cette 29e édition qui a été confiée à la Croatie, la Norvège et au Danemark, pourrait faire revenir cette compétition dans notre contrée. En tout état de cause, pour que cela aille vite, il nous faut un objectif pour débloquer la situation. Mais il faudrait travailler pour le mériter. Notre équipe, actuellement, vivote. Elle est, certes, au rendez-vous des principales compétitions du continent, mais nous ne ressentons plus cette assurance qu’elle avait jadis. Les raisons sont multiples. Elles sont endogènes et exogènes. Commençons par ce qui nous intéresse directement.
Où jouent nos internationaux ?
Le fait que nos meilleurs joueurs aient choisi de donner la priorité à leur situation financière et opté pour des pays où le handball est encore en pleine gestation, et où les grandes rencontres se comptent sur les doigts d’une main, a énormément influencé leur progression. Nous avons bien vu comment ils donnaient l’impression d’être asphyxiés par le rythme imposé par leurs adversaires successifs avec les fautes de débutants qu’ils ont commises lors de ce Mondial et leur manière de se défendre et de réagir, leur lecture du jeu, leur fébrilité. Nous avons alors compris que leur choix leur a coûté des carrières florissantes. Nos joueurs ne sont pas protégés et on doit trouver le moyen de le faire.
Côté compétitivité, le faible niveau d’adversité dans notre championnat limite la marge de progression. C’est à la fédération de trouver la formule qui convient et de se battre pour relancer le palais des sports d’El Menzah, qui a sans doute laissé une place béante, tant auprès des fans de ce sport qu’au niveau des équipes. Ces fans se comptent par milliers, mais ne sont plus tentés par les rencontres programmées à Radès ou dans des salles exiguës où règne une ambiance étouffante.
Le dossier de la formation
Soulever le cas de la formation des jeunes, le niveau de leurs compétitions, la morphologie des joueurs, le mordant de ceux qui évoluent au sein de nos différentes sélections jeunes, nous semble superflu. Les profils de nos joueurs d’élite actuels, leurs résultats, sont assez éloquents pour expliquer une bonne partie des raisons de la régression de notre handball.
Il faut dorénavant se fixer des objectifs. Changer notre façon de prospecter pour pouvoir espérer revenir au premier plan. Le handball, nous l’avons vu, n’est plus, il ne l’a jamais été, pour des joueurs de poche.
Question de moyens, nous avons déjà soulevé cette question et il faudrait savoir ce qu’on veut. Participer pour participer ou revenir au premier plan. C’est à la Fthb et au ministère des Sports de choisir. Et c’est au DTN, responsabilisé et ayant les coudées franches, de mettre en place la stratégie à adopter.
Au niveau exogène, la présence de représentants tunisiens efficaces, qui défendent les intérêts du handball tunisien auprès des instances internationales, à l’image de ce que font les Egyptiens (qui raflent toutes les compétitions continentales, avec la bénédiction de la Cahb et de l’IHF), est incontournable.
Le président de cette instance est là depuis vingt-cinq ans. Nous voyons mal ce qu’il a fait pour aider à la progression du handball sur le continent.
Il semble ne savoir regarder que dans une seule direction. Le retard que nous avons contribué à accumuler l’a débarrassé du seul obstacle qui le tourmentait.Il ne tient qu’à nous de travailler, mais pas au rythme actuel, avec une politique autre que celle déployée en ces années de vaches maigres, en tournant le dos à cette discrétion qui biaise tout à la base pour revenir et brouiller les cartes des meilleurs. Aujourd’hui n’est pas demain. Il nous faut des moyens, des hommes et femmes capables de tailler les roches en diamants, et une volonté politique pour le faire.