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Le manque d’excursions et d’activités extrascolaires dans certaines écoles, notamment pendant les vacances, devient chronique et interpelle à plus d’un titre. Les autorités concernées dans les institutions étatiques doivent en faire davantage, consacrer plus de temps et d’énergie et meubler intelligemment le temps des élèves une fois les cours suspendus.
La Presse — Durant les périodes de vacances scolaires, nombreux sont les enfants qui se rendent dans les salles de jeux, devenus infréquentables par la force des choses, là où se mélangent certains vices alliés à la consommation de tabac et autres substances douteuses. La tranche d’âge 12-16 ans est particulièrement concernée par cette réalité faite de nonchalance et de longues heures passées à la maison entre plusieurs écrans, sans mettre au goût du jour leur esprit créatif et inventif. Ils sont bons à consommer et à gober tout ce qu’on leur propose et raconte, au lieu de changer leurs programmes de la semaine avec plus de culture et de sport. Pourquoi les responsables de la vie scolaire ne mettent pas les moyens et l’énergie qu’il faut pour les occuper de façon utile, agréable et intelligente ? La seule structure de qualité en dehors de l’école, la maison des jeunes d’El Menzah VI ne peut continuer «à faire la pluie et le beau temps», si d’autres structures ne lui emboîtent pas le pas et s’inspirent de ce qui se fait de son côté, à savoir un programme riche et varié qui attire du monde en permanence. Cerise sur le gâteau, des banderoles avec des messages qui expriment beaucoup d’idées, accompagnées d’images et d’illustrations, ont été affichées sur les murs de cet établissement rénové il y a quelques années, financé en partie grâce à un don chinois. Couleurs, expressions et citations fortes pour nourrir l’esprit des jeunes et les guider vers de nombreuses disciplines comme la musique, la danse, le théâtre ou le sport pratiqués avec énergie, vigueur et passion. Mais alors que font les communes et les municipalités des autres villes pour dynamiser la vie culturelle dans les maisons des jeunes des différents quartiers, une fois les vacances arrivées ? Hormis quelques-unes qui rayonnent dans leur quartier, la plupart végètent et attendent que des instructions leur soient données pour bouger davantage. Pourquoi les centres culturels sont désertés au profit d’endroits sans aucun intérêt et sans valeur ajoutée pour l’enfant ?
On ne sait pas si c’est réellement un manque de moyens financiers, humains ou matériels qui accule de nombreuses maisons des jeunes à ne proposer qu’un programme inconsistant, réduit et maigre, ou plutôt dû au manque de créativité et d’imagination des organisateurs et membres. En attendant, les parents, déjà sur de nombreux fronts, sont appelés à se mobiliser davantage pour leur progéniture. Les activités extrascolaires, même pendant les vacances, deviennent indispensables.
Une activité par enfant à minima
Une activité extrascolaire est une activité programmée, régulière et encadrée avec une dimension pédagogique. Danse, judo, natation, piano… La liste peut s’allonger rapidement, au risque de surcharger l’emploi du temps des enfants ou de les épuiser physiquement. Pratiquer une activité scolaire permet de développer des compétences dans un domaine : la créativité, la santé physique, la sociabilité et la confiance en soi. Certains enfants ont du mal à créer des liens à l’école, alors que dans une activité sportive où ils sont plus performants et plus sûrs d’eux, ils vont développer des liens amicaux plus facilement. Ils trouvent des enfants qui ont les mêmes centres d’intérêt qu’eux. Cela favorise également le développement cognitif et affectif. A l’inverse, trop peu d’activités extrascolaires peut être le signe d’un défaut de stimulation de la part de l’environnement familial. En revanche, le fait de ne proposer aucune activité extrascolaire à un enfant qui a des difficultés à l’école est une erreur, surtout parce que l’élève pourrait y gagner en confiance, en réussissant ailleurs qu’à l’école. Toutefois, les activités extrascolaires ne doivent pas empêcher les activités informelles comme aller se balader, aller jouer dehors… Ces dernières ne doivent pas forcément tout le temps être encadrées.
Bien que l’on déplore souvent le manque d’activités extrascolaires structurées en Tunisie pendant les vacances, il est important de nuancer cette affirmation et de considérer certains éléments.
Initiatives existantes
Le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées propose ponctuellement des programmes d’animation et de divertissement pour les enfants et les familles durant les vacances scolaires. Ces initiatives, bien que ponctuelles, témoignent d’une volonté de répondre aux besoins des jeunes. Des associations et organisations de la société civile proposent également des activités variées (stages sportifs, ateliers artistiques, sorties culturelles, etc.) pendant les vacances. Cependant, ces offres peuvent être méconnues ou limitées géographiquement. Certaines écoles privées organisent des activités pour leurs élèves pendant les vacances, mais cela reste une option payante et donc inaccessible pour tous. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le manque de programmation d’activités extrascolaires à grande échelle pendant les vacances en Tunisie.
Tout d’abord, le manque de moyens financiers, car l’organisation d’activités extrascolaires nécessite des ressources humaines et financières importantes, ce qui peut être un frein pour les structures publiques et associatives, le manque d’infrastructures adaptées dans certaines régions qui ne disposent pas d’espaces aménagés pour accueillir des activités extrascolaires (terrains de sport, salles d’activités, etc.), le manque d’une coordination efficace entre les différents acteurs (ministères, collectivités locales, associations, etc.) pour mutualiser les moyens et proposer une offre d’activités cohérente. Cela étant, les pouvoirs publics peuvent avoir d’autres priorités en matière de dépenses, ce qui peut reléguer les activités extrascolaires au second plan. Dans certaines régions, le manque d’intérêt ou de demande pour les activités extrascolaires peut également expliquer leur faible développement.
Pour améliorer l’offre d’activités extrascolaires pendant les vacances en Tunisie, plusieurs pistes peuvent être explorées, renforcer le soutien financier aux structures qui proposent des activités extrascolaires, établir des partenariats et des conventions avec les centres culturels, les académies et bien plus encore (de ce point de vue, les institutions éducatives sont appelées à fournir plus d’effort et à faire preuve de dynamisme dans ces orientations), développer les infrastructures adaptées dans les différentes régions…
Il y a également lieu de sensibiliser les familles à l’importance des activités extrascolaires pour le développement de l’enfant, impliquer davantage les jeunes dans la conception et la mise en place des activités. Il est important de noter que l’amélioration de l’offre d’activités extrascolaires pendant les vacances est un enjeu important pour l’épanouissement et le développement des jeunes en Tunisie. Cela nécessite un engagement de tous les acteurs concernés et une volonté politique de faire de cette question une priorité.