Accueil Culture Au gré des cimaises: Nos artistes racontent le monde en mutation

Au gré des cimaises: Nos artistes racontent le monde en mutation

Dans un monde où l’être humain a disparu, les animaux ré-investissent les vestiges de la civilisation, transformant les outils humains en éléments de leur propre univers.

La Presse — De belles expositions sont à découvrir dans nos espaces d’art et autres galeries mettant en lumière sur de nouveaux faires d’ici et d’ailleurs. «Parlons sculptures»de l’artiste français Bernard Roth à la galerie Saladin à Sidi Bou Said.  L’artiste alsacien, installé à Tunis, a trouvé dans la sculpture une forme d’expression pure et essentielle. Ses figures, souvent réduites à leur plus simple expression, ne sont pas des portraits. Ce sont des archétypes, des silhouettes qui portent en elles les échos de l’expérience humaine. Il y a chez lui une économie de moyens qui n’est pas sans rappeler Giacometti. Mais là où le sculpteur suisse cherchait à saisir l’essence de l’être humain dans sa solitude, Roth semble plus préoccupé par la relation au monde, par la manière dont le corps s’inscrit dans l’espace.

«Récit d’un tréfle» de Rachida Amara à Kalysté (La Soukra). Après trois ans depuis sa dernière exposition personnelle en gravure, l’artiste revient avec  des dessins en sanguine, des gravures en linoléum et du bas-relief en cuivre. «Trois techniques qui se réunissent autour d’une mise en scène où chaque pétale de ce trèfle pictural poétique ne ressemble pas à l’autre, étant donné que ce travail était élaboré en trois temps différents et des états d’âmes différents aussi.», peut-on lire dans le texte présentateur de l’exposition.

«Absence Habitée» de Aya Ben Amor à la galerie A. Gorgi à Sidi Bou Said, une exposition où peinture et tapisserie dialoguent pour révéler un monde en transformation. Dans un monde où l’être humain a disparu, les animaux ré-investissent les vestiges de la civilisation, transformant les outils humains en éléments de leur propre univers. Aya Ben Amor travaille sur un support inattendu : la serpillière. Ce tissu, choisi pour sa porosité et son absorption, devient à la fois toile et matière première, brouillant les frontières entre tapisserie et peinture. Ce choix témoigne d’une démarche à la fois écologique et artistique, où le matériau récupéré porte en lui une histoire et une texture uniques. Ses œuvres, empreintes d’une esthétique pop-art et d’une touche d’humour, réinventent le rôle des animaux, qui deviennent les véritables acteurs d’un monde rééquilibré. Par ailleurs, l’exposition personnelle de Béchir Boussandel «Tenté par d’autres soleils» se poursuit jusqu’au 30 mars 2025 au B7L9 (Bhar Lazreg). Fondées sur des réflexions sur la résilience et l’adaptation, ses œuvres présentent une exploration poétique de la condition humaine, où chaque mouvement devient une invitation à la transformation. L’exposition qui est itinérante se rendra ensuite au Tabari Art Space à Dubaï au printemps.

L’artiste sera en conversation avec Mohamed Ali Berhouma (Conversation en français) le dimanche 9 février à 11h00, pour une immersion dans sa poïétique et son approche derrière «Tenté par d’autres soleils». Le processus créatif de Béchir commence par l’immersion des toiles dans l’eau et la couleur sur le toit de la maison parentale à Bizerte, symbolisant à la fois fluidité et mouvement. Suivant un protocole rigoureux, il laisse l’eau, dans un mouvement aléatoire, esquisser les prémices de sa toile posée à plat sur le sol. Ce geste initial, imprévisible et poétique, forme une base chromatique sur laquelle il viendra, de retour à l’atelier à Bhar Lazreg, superposer des couches de peinture à l’huile, donnant naissance à des paysages aériens où ciel et terre se rencontrent. À partir de cette pratique propre de l’artiste, Mohamed Ali Berhouma invitera à une exploration des « fluences chromatiques » qui traversent l’œuvre de Béchir. En décryptant sa démarche artistique et ses choix esthétiques, cette conversation révélera les horizons poétiques et les dynamiques créatives qui émanent de son geste. Elle ouvrira également une réflexion sur les liens profonds entre la pensée en mouvement et la transformation de la matière, questionnant ainsi les rapports entre intuition et maîtrise, hasard et intention.

Pas loin, toujours à Bhar Lazreg, on peut encore profiter de l’exposition de groupe organisée par Yosr Ben Ammar Gallery, «Universalism», qui est prolongée jusqu’au 15 février prochain. Cette exposition explore la thématique profonde de l’universalisme à travers les œuvres de Abdesslem Ayed, Ahmed Tayaa, Amira Lamti, Bader Klidi, Collectif 7000, Fares Dhifi, Ghad Almajid, Kais Dhifi, Marlo Kara, Mehdi Ben Temessek, Nabil Saouabi, 3.Odwan, Selim Ben Cheikh, Soulaimen Aboubacar, Tom Egoumenides, Walid Ardhaoui, Yahya Bchir, Yasmine Ben Ghachem et Ymen Berhouma. À travers la peinture, la sculpture, la photographie et d’autres médias, les artistes transcendent les frontières culturelles et linguistiques pour évoquer des émotions et des idées qui résonnent auprès de chaque spectateur. Leurs œuvres témoignent de la beauté et de la complexité de notre monde interconnecté. L’exposition personnelle «En suspens…» de Mohamed Amine Inoubli est à découvrir jusqu’au 28 février 2025. «Amine Inoubli construit son univers pictural au fur et à mesure qu’il peint. Son point de départ est constitué par un ensemble de coups de cœur visuels, sorte de promenade au gré de l’œil, qui se pose sur des choses anodines de l’environnement immédiat. De celles qui passent inaperçues pour le commun des mortels», note l’artiste Aïcha Filali à propos de son œuvre.

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