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Chroniques de la Byrsa Un marché à quitte ou double ?

La Presse — Au marché en-Nour, au Kram-ouest, voisin de ma Byrsa résidentielle, la police municipale et les marchands s’amusent, depuis le début de ce mois, à jouer au chat et à la souris. De quoi s’agit-il ?

Ce marché, très ancien, avait atteint un état de délabrement et d’insalubrité tel que la mairie a décidé de le raser et de le remplacer par un espace plus conforme à la rationalité de l’exercice  de ses fonctions naturelles et aux impératifs de confort et d’hygiène devant régir de tels endroits. En attendant, les commerçants avaient été transférés pour un temps dans le vaste parc municipal contigu à la mairie. Plus d’un an plus tard, les autorités municipales livraient à ces mêmes commerçants un marché impeccable, doté de toutes les commodités, compartimenté en trois ailes pour accueillir fruits et légumes frais, légumes secs et épices et, enfin, poissons, les viandes étant proposées dans le voisinage du marché.

Impeccable, diriez-vous. C’est sans tenir compte d’une nature humaine prompte à adopter les mauvais plis et à s’accommoder du désordre lorsqu’il favorise la confusion et les mauvais coups. Pour revenir à notre sujet, il ne s’est pas écoulé longtemps avant de voir, les uns après les autres, des étals surgir sur les trottoirs longeant le marché et celui-ci, progressivement, se dégarnir de ses éventaires. Au point que, sur plus de 200 stands, moins d’une dizaine d’irréductibles étaient restés sur place ! Tous les autres, poissonniers compris, ont colonisé non seulement les trottoirs mais également une grande partie de la chaussée, interdisant toute circulation automobile dans ce périmètre et allant même jusqu’à embouteiller la circulation piétonne ! Comment expliquer de tels débordements ?

Dans un premier temps, on était encore trop proche du soulèvement populaire de 2011 et les administrateurs redoutaient toute confrontation avec les faits accomplis imposés par la rue (jusqu’à ce jour, le poste de police du Kram-ouest est implanté à Carthage-Bysra, contigu à son homologue de l’endroit parce que des voyous avaient décrété il y a une douzaine d’années qu’ils ne toléreraient plus la présence de la police dans leur quartier, avenue 5-Décembre !). Donc, pas touche à ce « droit acquis » ! Par la suite, quand la tempête « révolutionnaire » s’est apaisée, on ne peut plus exclure toutes sortes de magouilles.

Maintenant, il se trouve que les autorités municipales ont décidé de reprendre la situation en main.

Elles ont intimé aux réfractaires l’ordre de regagner leurs pénates et aux resquilleurs de déguerpir. Du jour au lendemain, les rues se sont retrouvées débarrassées de leurs envahisseurs et rendues à leur fonction naturelle de voies de communication. Le marché, lui, a retrouvé sa fonction et sa vitalité. Ceux qui avaient pris leurs aises sur la voie publique, eux, ruminaient leur rancune en se promettant de ne pas se laisser faire. Et, de fait, pour ainsi dire subrepticement, ils se sont risqués, les uns après les autres, à mettre le nez dehors. De petits tas de marchandises d’abord avant la réapparition d’étals en bonne et due forme. A leurs mouvements d’avancées et de reculs, on devine, depuis le début de ce mois, qu’ils se livraient à une guérilla avec la police municipale.

Aux dernières nouvelles, les autorités semblent décidées à ne plus subir la loi des hors-la-loi. Bonne continuation.

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