Accueil A la une Consommation et dépenses alimentaires élevées durant Ramadan pour la famille tunisienne : Entre 40 et 80 dinars/jour en aliments

Consommation et dépenses alimentaires élevées durant Ramadan pour la famille tunisienne : Entre 40 et 80 dinars/jour en aliments

Lotfi Riahi, président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur, a rappelé que le ménage tunisien moyen peut dépenser jusqu’à 80 D quotidiennement pour un panier alimentaire composé de fruits et légumes, viandes blanches et rouges.

Les dépenses du chef de famille touchent leur pic durant les périodes de forte consommation comme le mois de Ramadan et les fêtes religieuses. Alors quand on vient d’apprendre de la bouche de l’expert financier Mourad Hattab que le coût par famille a atteint 3.000 dinars durant le mois de Ramadan, plus précisément 1.770 dinars en excluant les viandes, poissons et volailles, le fossé se creuse au fil des ans à mesure que le pouvoir d’achat du chef de famille s’amenuise. L’expert a précisé que le panier alimentaire hebdomadaire moyen est de 140 dinars, sans compter les viandes rouges, blanches et les poissons. Un ensemble d’indicateurs qui alertent sur la situation du chef de famille qui doit trouver la parade surtout en fin du mois de carême musulman. 

On a demandé au spécialiste en consommation Lotfi Riahi, Président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur, d’éclairer notre lanterne. Il est revenu dernièrement pour affirmer que «les prix moyens sont raisonnables, mais par rapport aux revenus moyens, ils demeurent élevés». Il a insisté sur la nette détérioration du pouvoir d’achat des consommateurs tunisiens, au point qu’ils se contentent d’acheter les produits essentiels, souvent subventionnés et évitent les produits non indispensables ou de luxe. Un phénomène qui s’amplifie lors de Ramadan.

Il a développé par la suite sa vision en invoquant d’autres arguments en faveur du consommateur, grâce à une campagne qu’il a lancée au cours de Ramadan sous le slogan «inti tghalli ena menechrich» donc «je n’achète pas si tu augmentes les prix». Lotfi Riahi de préciser: «Le Tunisien ne peut plus  supporter la cherté, comme on l’a vu avec le prix des viandes rouges qui ont atteint dernièrement 50 et 55 D le kilo et du coup il est plus regardant au niveau du prix et dans les marchés il est à la recherche d’une opportunité, là où elle se trouve».

Pour revenir en détail sur les chiffres qu’il a avancés à La Presse, il a donné d’autres précisions : «La dépense quotidienne par ménage tunisien est estimée à 40 Dinars au niveau des fruits et légumes, 60 D avec les viandes blanches, et on monte à un total de 80 D si on y ajoute les viandes rouges avec la multiplication des repas entre l’Iftar et le s’hour». En effet, la conclusion à laquelle est parvenu l’expert en risques financiers Mourad Hattab à raison de 100 D tient la route, puisque si l’on veut se nourrir de viandes rouges quotidiennement, cela peut se chiffrer très vite. «Il faut savoir qu’il y a une forte consommation de viande ovine les 4 premiers jours de Ramadan, lillet noss et lors de la nuit du destin, soit la veille du 27e jour de Ramadan, et ce, quel que soit le niveau social de la famille», précise M. Riahi. Certains préconisent de rallonger la consommation de viandes rouges durant 7 jours supplémentaires, d’autres lui substituent les volailles. 

Au sujet des efforts pour ramener le prix de la viande ovine à 38 D dans certains points de vente agrémentés et aménagés à cet effet de la société «ellouhoum», par rapport à la cherté de la viande chez les autres bouchers, il estime qu’il faudrait généraliser ce prix puisque cela ne concerne qu’une centaine de points de vente à l’échelle de la République, qui compterait plus de 3.000 bouchers.

On lui a également demandé comment le Tunisien peut rationaliser la consommation durant Ramadan, pour ne pas s’engouffrer dans les dépenses avec l’avènement de l’Aïd el fitr juste derrière. Notre interlocuteur estime à juste titre que les personnes les plus démunies ne peuvent plus racler les fonds de tiroir indéfiniment. «Quand on veut réduire le taux de profit qui est la principale raison des prix élevés, on avance dans l’intérêt des personnes de souche pauvre. Il faut savoir que le prix de la viande rouge est le repère du salaire du pauvre. Si on estime que le revenu quotidien du pauvre est de 20 D, et que tu lui donnes un prix de la vie quotidienne de 30, 35 et 55 D chaque jour, le fossé se creuse considérablement. Même quand il se rend chez le vendeur de pommes qui les écoule à 8 D le kilo, il va lui rétorquer qu’en cas de mécontentement que le prix de la viande ovine est de 50 D le kilo, qu’il n’aurait trouvé à redire que sur les pommes ?»

Contrôler la hausse des prix, contrer la spéculation et rationaliser la consommation sont les 3 facteurs pour réussir le Ramadan de façon collective. 

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