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Une justice souveraine et libre

Editorial La Presse

FAUT-il attendre que certains médecins ou auxiliaires de la santé opérant dans le secteur public soient condamnés par la justice pour des crimes qu’ils ont commis lors de l’exercice de leurs fonctions pour que les professionnels de la santé, en premier lieu les syndicalistes, dénoncent ce qu’ils appellent «la déliquescence» de l’hôpital public ? Ce qui revient à dire que nos médecins se sont rappelés à la suite des condamnations prononcées, ces derniers jours, que nos institutions hospitalières publiques sont sur la voie de la déroute et de l’inconnu.

Certes, il n’est pas acceptable de reprocher aux professionnels de la santé le fait de dénoncer les conditions difficiles dans lesquelles ils accomplissent leurs fonctions alors qu’ils sont des milliers parmi leurs confrères (et pas uniquement les médecins, puisque les infirmiers quittent également la Tunisie pour l’Europe ou les pays du Golfe arabe) qui choisissent de changer d’air. Sauf que ces mêmes médecins et auxiliaires de la santé ne doivent pas tomber dans le piège que leur tendent les professionnels de la manipulation politicienne pour créer un lien entre la condamnation juridique des contrevenants à l’éthique médicale dans l’affaire des bébés d’une part et entre, d’autre part, la situation dite catastrophique des hôpitaux publics.

L’objectivité et l’honnêteté intellectuelle et aussi syndicale exigent que l’on fustige ou stigmatise les insuffisances, les dépassements et les erreurs commises intentionnellement ou par manque de professionnalisme, et aussi on a l’obligation de saluer les réalisations accomplies au niveau des hôpitaux, notamment ceux des régions intérieures, où l’on manquait, jusqu’à une époque récente, même d’infirmiers, de sages-femmes, voire de veilleurs de nuit.

Les jugements rendus par la Cour d’appel, près de plus de cinq ans après l’avènement de l’affaire des 14 bébés prématurés, montrent que l’affaire n’a pas été étouffée par la justice et que les fautifs ont été sanctionnés, eu égard aux erreurs qu’ils ont commises.

Il reste, toutefois, à préciser que ces mêmes contrevenants disposent toujours du droit d’ester devant la Cour de cassation qui pourra casser le jugement en appel, aggraver la peine prononcée ou finalement déclarer l’acquittement des demandeurs.

Il demeure également que les tentatives de pressions exercées médiatiquement sur les juges n’ont plus de raison d’être dans un pays où la justice est souveraine et ses décisions sont prises librement.

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