Accueil A la une Le Chef de l’État insiste sur la corrélation entre les réformes législatives et celles inhérentes à l’administration publique : «La révolution législative ne peut réussir que si elle est accompagnée d’une révolution administrative»

Le Chef de l’État insiste sur la corrélation entre les réformes législatives et celles inhérentes à l’administration publique : «La révolution législative ne peut réussir que si elle est accompagnée d’une révolution administrative»

Lors de sa rencontre avec la Cheffe du gouvernement au début de cette semaine, le Président Kaïs Saïed a affirmé que la Tunisie a besoin non seulement de nouvelles législations, mais également de personnes sincères et dévouées pour les mettre en œuvre, soulignant par la même occasion que «la révolution législative ne peut se réaliser qu’à travers une révolution dans la gestion des services publics».

La Presse — C’est que, dans le contexte de la situation actuelle du pays, et après la décennie noire, marquée notamment par la montée de la corruption et la déliquescence des institutions, la dynamique d’une mutation législative s’impose comme une priorité, un jalon incontournable dans le processus de consolidation de l’État de droit et de modernisation institutionnelle. Cette «métamorphose juridique» sur laquelle insiste le Chef de l’État pourrait toutefois rester lettre morte si elle n’est pas accompagnée d’une reconfiguration profonde de l’appareil administratif.

En effet, les structures administratives, en tant qu’instruments opérationnels du pouvoir exécutif, incarnent le vecteur essentiel de l’application du droit. Nonobstant, dans de nombreux contextes, ces administrations sont souvent gangrenées par l’inertie institutionnelle, les déficits en ressources humaines et matérielles, les pratiques de corruption endémiques, et surtout l’ordre bureaucratique et les tentatives dissimulées de faire échouer le processus du changement. De telles insuffisances compromettent la mise en œuvre effective des textes juridiques, même lorsqu’elles revêtent une portée novatrice. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Chef de l’État a toujours mis en garde contre ceux qui rêvent d’un retour en arrière, guidés en cela par des lobbies destructeurs.

Il va sans dire que l’absence de réformes inhérentes à l’administration et aux agents publics, ne fait qu’endiguer les efforts de toute entreprise de refondation législative dans la Tunisie post-25 juillet 2021. L’acceptabilité des mutations législatives est étroitement corrélée à l’expérience concrète que les citoyens font des services publics. Ainsi, une administration défaillante ne peut qu’alimenter la défiance et, par conséquent, rendre illégitimes les réformes juridiques. Alors qu’une administration réorganisée et accessible aux citoyens, facilite l’appropriation citoyenne des lois promulguées.

Dans ce contexte, le Président de la République a indiqué, à plusieurs reprises, que de nombreux services publics ne sont pas gérés comme il se doit. Il a précisé que la Constitution tunisienne stipule que l’administration publique et l’ensemble des services de l’État sont au service du citoyen, sur la base de la neutralité et de l’égalité.

Au demeurant, les deux processus doivent être pensés de manière synergique pour produire un seul État. Un État crédible et capable de satisfaire les aspirations du peuple. À défaut, les réformes juridiques, aussi ambitieuses soient-elles, resteront déconnectées de la réalité et du vécu des citoyens.  

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