
En Tunisie, le secteur pharmaceutique constitue un pilier majeur de l’économie nationale. Bien qu’il soit confronté à plusieurs défis structurels, il bénéficie d’un écosystème technologique en pleine évolution.
La Presse —L’industrie pharmaceutique en Tunisie ambitionne de consolider sa compétitivité et de renforcer sa présence sur les marchés régionaux et internationaux.
Intervenant lors des assises du Forum du magazine de «L’Économiste maghrébin», Sami Zaoui, Senior Partner chez EY Tunisie, a présenté une analyse approfondie sur les enjeux auxquels ce secteur est confronté, en insistant sur le rôle primordial de l’intelligence artificielle et du capital humain dans le repositionnement stratégique de la filière pharmaceutique tunisienne.
Démarche globale, structurée
Il a indiqué, par ailleurs, que comme toutes les autres industries en Tunisie, le secteur pharmaceutique est confronté à des enjeux majeurs en terme de compétitivité. Ces défis concernent l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur : la recherche, la production et le contrôle qualité. Pour renforcer sa position sur ces différents plans, une démarche globale et structurée d’amélioration continue s’impose. Et cette dynamique repose, avant tout, sur l’exploitation efficiente des données. Pour ce qui est de la première condition, l’entreprise doit disposer de données fiables, précises et bien organisées, sur lesquelles elle peut fonder ses décisions et actions. Une fois cette base de données solidement structurée et intégrée au système d’information, la capacité de traitement devient un facteur décisif. C’est précisément à ce stade que l’intelligence artificielle entre en jeu.
Avant les avancées majeures de l’intelligence artificielle, les capacités d’analyse et de traitement de données restaient limitées, voire modestes. Aujourd’hui, l’IA offre un véritable saut qualitatif, en apportant une puissance de calcul et une capacité d’analyse prédictive qui transforment radicalement la gestion de l’information. Elle permet d’optimiser la prise de décision, de mieux anticiper les besoins et d’accélérer les processus à toutes les étapes, du développement à la commercialisation des produits pharmaceutiques. Dans ce contexte, les partenariats internationaux et les investissements directs étrangers (IDE) jouent un rôle central. Les investisseurs sont en quête de territoires offrant les meilleures conditions de développement. Et l’un des critères déterminants dans leur choix est le niveau des capacités technologiques du pays d’accueil. Parmi ces capacités, figurent en tête les infrastructures de type data centers, mais aussi, et surtout, l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus industriels et de recherche.
Deux niveaux d’intervention essentiels
Dès lors, la question se pose : comment activer ce levier technologique de manière efficace ? Deux niveaux d’intervention apparaissent essentiels. Le premier est celui de l’entreprise elle-même, qui doit être techniquement à jour, voire à la pointe, pour pouvoir initier ou rejoindre des partenariats solides.
Lorsqu’une entreprise tunisienne atteint un haut niveau de maturité en matière d’IA, elle devient un acteur crédible et attractif, capable de s’inscrire dans des collaborations stratégiques à forte valeur ajoutée. Le second niveau est celui de l’écosystème national de recherche et d’innovation. Cela inclut les dispositifs de recherche, en particulier dans le développement de médicaments qu’ils soient génériques ou personnalisés. Là encore, l’intelligence artificielle constitue un accélérateur clé, car elle permet d’exploiter des volumes massifs de données, de mener des analyses comparatives pointues, et de croiser des informations hétérogènes afin de faire émerger plus rapidement des solutions thérapeutiques innovantes.
Par ailleurs, l’intervenant a dû rappeler que les points forts identifiés du secteur se situent à deux niveaux. D’abord, la réalité d’un écosystème de start up pharmaceutiques particulièrement dynamique, avec des exemples concrets de collaborations fructueuses entre jeunes pousses, laboratoires pharmaceutiques et officines. Ces coopérations, loin d’être théoriques, sont déjà opérationnelles et montrent la vitalité de l’innovation locale.
Ensuite, la richesse du vivier de talents. La Tunisie, reconnue pour la qualité de ses profils technologiques, dispose d’un capital humain bien formé, notamment grâce à la présence d’universités spécialisées en intelligence artificielle. Ce réservoir de compétences facilite grandement le recrutement de profils pointus, ce qui constitue un avantage concurrentiel certain dans un secteur en mutation. En somme, si l’industrie pharmaceutique tunisienne parvient à consolider ces acquis et à combler ses lacunes structurelles, elle pourra non seulement renforcer sa compétitivité, mais aussi se positionner comme un acteur de référence dans l’intégration de l’IA à l’échelle régionale et internationale.