
Placée sous le thème «L’espace de convergence et de créativité», cette édition a été marquée par une riche programmation alliant compétitions, séminaires et débats de fond sur l’avenir des médias arabes.
La 25e édition du Festival arabe de la radio et de la télévision, organisée par l’Union des radios et télévisions arabes (Asbu), s’est tenue du 23 au 26 juin 2025 entre Tunis et Yasmine Hammamet. Placée sous le thème «L’espace de convergence et de créativité», cette édition a été marquée par une riche programmation alliant compétitions, séminaires et débats de fond sur l’avenir des médias arabes.
Moment fort du festival, la cérémonie de remise des prix a récompensé les meilleures productions radiophoniques et télévisuelles de l’année 2025, ainsi que les lauréats du concours arabe de musique et de chant. Dans la catégorie dédiée aux musées arabes, la Radio tunisienne s’est distinguée avec le programme «Icône de la Méditerranée : «Le musée du Bardo», qui a remporté le premier prix. Elle a été suivie par la Radio égyptienne, grâce à son émission «Le grand musée égyptien : histoire d’une nation».
En matière de médias et action caritative, deux productions ont décroché ex aequo le premier prix : «Dhilal Errahma», de la Radio omanaise, et «Aalam al Arab Khayr al Ataa», de la Radio libanaise. Le deuxième prix a été attribué à la Radio qatarie pour «Icône de l’humanité».
Côté télévision, la Saudi Broadcasting Authority a remporté le premier prix dans la catégorie «Métiers et savoir-faire» avec un programme consacré au métier d’archéologue. La Télévision tunisienne a, quant à elle, obtenu le deuxième prix pour son documentaire sur le tissage traditionnel de Kairouan.
Les documentaires ont également été à l’honneur : le programme «Le voyageur : le poète Karim Al-Iraqi», produit par la Télévision irakienne, a remporté la première place. Deux autres documentaires — tunisien et qatari — ont été distingués ex aequo pour la deuxième place.
Les échanges radiophoniques et télévisuels ont aussi été salués : la Radio tunisienne a été primée pour ses échanges de programmes, tandis que «La Voix de la Palestine» a remporté la palme des échanges d’informations. En télévision, la Télévision irakienne s’est distinguée à deux reprises, devant la Télévision du Koweït.
En musique, le concours organisé fin mai a récompensé une chanson patriotique de la Radio jordanienne (1er prix) et une production omanaise (2e prix). Les premières places dans la composition musicale sont revenues respectivement aux radios égyptienne et jordanienne.
Réflexions stratégiques sur l’avenir du secteur
Le festival a également été le théâtre de réflexions stratégiques sur l’avenir du secteur. Un séminaire intitulé «Médias alimentés par l’intelligence artificielle générative» a rassemblé experts et professionnels pour discuter des apports de l’IA dans la production de contenus médiatiques.
Les intervenants ont unanimement souligné l’urgence, pour les médias arabes, d’intégrer cette technologie afin de rester compétitifs. Toutefois, ils ont appelé à une utilisation responsable, fondée sur les principes de déontologie journalistique et de rigueur éthique. L’expérience de l’agence multimédia russe Sputnik a montré que l’IA peut enrichir le travail du journaliste sans le remplacer.
Mais des obstacles persistent: selon l’ingénieur Amine Hafnaoui, l’absence d’infrastructures locales freine le développement de compétences en IA dans la région. Il a plaidé pour la création de bases de données régionales et l’investissement dans une IA arabe souveraine. Un autre séminaire, intitulé «Médias pour enfants : crise de production ou manque de stratégies?», a mis en lumière les défis auxquels fait face la production de contenus destinés à la jeunesse arabe.
L’expert libyen Basem Icha a déploré l’absence d’une stratégie arabe unifiée en la matière, appelant à une approche inclusive qui tienne compte des enfants à besoins spécifiques, y compris les réfugiés et les personnes en situation de handicap. Il a également recommandé d’impliquer les enfants dans la création des programmes qui leur sont destinés.
Pour sa part, la réalisatrice bahreïnie Inas Yaqub a insisté sur la nécessité de préserver le patrimoine culturel arabe et de renforcer l’accompagnement parental. L’expérience de la RAI italienne a été présentée comme un modèle d’éducation aux médias pour les enfants, alliant divertissement et responsabilité éducative.
Entre remises de prix, débats sur l’IA, enjeux éducatifs et innovations technologiques présentées au Salon professionnel, l’édition 2025 a tenté d’être un laboratoire de réflexion et de création pour les médias arabes, en phase avec les défis du présent et les aspirations de demain.