Accueil A la une Maître nageur sauveteur : Un métier à part entière !

Maître nageur sauveteur : Un métier à part entière !

La Presse — Ainsi donc, sur les  2.335 sauveteurs nécessaires pour assurer la surveillance des plages, seuls 734 ont été effectivement déployés, soit seulement 31% du total nécessaire pour assurer une « surveillance » acceptable, sur les plages.

A titre d’information, le littoral tunisien jusqu’à ce jour, tout un chacun aurait affirmé qu’il est de 1300 kilomètres. Une nouvelle étude toute récente indique qu’il n’en est rien, mais qu’il compte une longueur totale de 2290 kilomètres, soit mille de plus ! La responsabilité n’en est que plus lourde.

Le problème des maîtres nageurs sauveteurs n’est pas nouveau. On a toujours enregistré ce décalage et on n’a jamais agi pour combler ce déficit.

Il est vrai que la volonté manifestée tout dernièrement par le ministre de l’Intérieur qui a donné des instructions pour que les crédits soient alloués et que les sauveteurs soient rémunérés dans les délais est un motif d’espoir.

Le pourquoi de la question

Indépendamment des maîtres nageurs sauveteurs qui exercent dans les piscines, la majorité écrasante de ceux qui sont affectés dans les plages sont recrutés pour la saison estivale. Il y avait des candidats, mais jamais en nombre suffisant.

Le désintérêt des jeunes et des moins jeunes  pour ce travail, est dû principalement aux horaires de travail contraignants (de 9h à 18h) aux  conditions difficiles et à la maigre rémunération perçue.

La situation est particulièrement préoccupante dans certaines régions.  Le gouvernorat de Médenine, incluant les côtes de Zarzis et Djerba, n’a atteint qu’un taux de disponibilité des sauveteurs de 9%. On a  prévu 273 sauveteurs pour le gouvernorat de Nabeul, mais seulement 72 ont été fournis pour sécuriser 19 points de surveillance !

Le recrutement et le paiement des sauveteurs relèvent de la responsabilité des municipalités. Leur formation est assurée par l’Office national de la protection civile. Certaines municipalités n’ont pas alloué les fonds nécessaires.

Elles ne le font pas, parce qu’elles n’ont certainement pas les moyens et que ce poste ne figure pas dans leurs organigrammes en tant qu’employés titulaires.

On avait décidé

A la suite d’une grande alerte comme celle qui a secoué l’opinion publique à la fin de la semaine dernière, on a décidé la création de ce poste au sein des municipalités côtières surtout.

On doit recruter ces spécialistes, les utiliser en tant que maîtres nageurs sauveteurs lors de la saison estivale et les intégrer à des services divers, au sein des municipalités. Mais de plus, ils doivent s’entraîner régulièrement et surtout participer à des séances de formation pour ceux qui sont volontaires.

En procédant de cette manière, on garantit l’emploi et surtout, on transforme ce poste précaire, en emploi fixe où la personne recrutée est   responsable. Pleinement responsable et non venue pour gagner quelques sous en été.

Et c’est là que se situe la différence. A moins d’être d’un courage surhumain et nanti d’une conscience à toute épreuve, ces recrutés de manière ponctuelle remplissent mal leur travail. Dans ce cas « c’est la faute des autres » si un baigneur perd la vie. Toute la responsabilité est rejetée sur la Protection civile.

Des enseignants pédagogues

Voyons ce que font des pays plus avancés que nous qui ont compris que le maître nageur sauveteur, ce n’est point un employé recruté à titre précaire et révocable. Ils le considèrent tout simplement comme un enseignant. La mission des maîtres nageurs sauveteurs (MNS) est d’assurer la sécurité des baigneurs et de dispenser des cours de natation. Ils veillent à la sécurité dans les zones de baignade (piscines, plages) et interviennent en cas d’urgence pour porter secours en cas d’accident, de noyade ou de malaise.

Ils   animent des activités aquatiques et participent à la prévention des noyades.  Ils enseignent la natation aux  enfants ou aux adultes.  Ils animent des séances d’aquagym, de bébés nageurs et d’autres activités aquatiques.

Ils participent à l’élaboration de projets et d’événements liés à la natation et à la sécurité aquatique.

C’est donc un véritable métier qui se respecte et qui forcément attire les jeunes. Ce métier exige une formation et des bases solides au niveau pédagogique et psychologique, du sang-froid, du calme dans les gestes et du savoir-faire pour prendre en charge un individu qui se sent perdu, parce que n’ayant plus pied.

Le maître nageur sauveteur est donc un professionnel polyvalent, garant de la sécurité des baigneurs, animateur d’activités aquatiques et pédagogue dans le domaine de la natation.

Un véritable métier

C’est la raison pour laquelle on l’appelle « l’éducateur sportif des activités de la natation ».

Au  bord de la piscine ou juché sur une tour, en bord de mer, il ne relâche pas son attention  En cas de malaise, d’hydrocution ou de noyade, c’est lui qui dispense les soins d’urgence, Il a été, bien sûr, formé pour cela. Il donne l’alerte et contacte corps médical et ambulance s’il le juge nécessaire.

Le maître nageur sauveteur doit passer le Caepmns (certificat d’aptitude à l’exercice de la profession) tous les 5 ans et la formation PSE1 (Premiers secours en Equipe de niveau 1) tous les ans.

Les spécialistes de la natation

Nous sommes loin du compte. Ce n’est pas du tout l’idée  que l’on a de ce métier. Considérant qu’il faudrait agir rapidement après ces drames vécus, nous pourrions en première réaction et pour combler   les postes manquants, appeler les professeurs  d’éducation  physique  et sportive spécialistes de natation, actuellement en  chômage.

Le fait de les intégrer rehaussera la valeur de ce métier, que l’on a délibérément négligé et considéré comme occasionnel, alors qu’il est extrêmement important pour un pays comme le nôtre.

Faire de la natation une activité obligatoire pour les enfants des villes côtières et de celles qui disposent d’une piscine. On l’a fait aux Pays-Bas. Pourquoi pas chez nous alors que nous possédons tous les atouts ? Ces drames à répétition que nous subissons de manière cyclique doivent cesser. 

C’est toute une politique que l’on doit mettre en place.

Il ne s’agit donc pas de poser une attelle sur une jambe de bois, le temps que l’orage passe, mais bien de résoudre cette question à la base. Nous avons les moyens de le faire.

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