
Le philosophe André Gorz, dans le mensuel écologiste.
Le Sauvage, avait écrit que « 100 % de la population est à un moment piéton ».
La Presse — Effectivement, les décisions d’imposer des journées sans voiture se multiplient. Que ce soit pour des raisons d’environnement que pour d’autres raisons, le fait y est. Voitures, motos, vélos sont des engins qui menacent l’homme et sont des moyens de lui aménager une insécurité dans laquelle il est partie prenante.
La vitesse, les slaloms, les défis, très souvent idiots, que les conducteurs se lancent, risquent toujours de mal finir. Le nombre d’accidents est en hausse. Un plan est en voie d’être déclenché pour réduire ces drames. Mais il faut du temps et surtout un répondant en face, de la sensibilisation, une longue marche pédagogique qui prend ses marques à l’école. D’ailleurs, dans le cadre de la relance des programmes d’éducation, il y a lieu d’aborder tous ces thèmes et sujets, qui incitent, encouragent le vivre-ensemble, dans une société unie et solidaire.
A Sfax dernièrement, ceux qui ont assisté à la scène ont été véritablement choqués par le comportement d’un certain nombre de motards, qui n’ont pas trouvé mieux que de rouler à toute vitesse dans une zone piétonne.
Imaginez l’effroi de ceux qui ont été frôlés par ces engins et qui ont fini leur journée sur cette image peu reluisante. D’ailleurs, il n’y a pas que Sfax. La capitale et ses banlieues, Kairouan, Sousse, Mahdia, Monastir et autres sont dans le même cas.
Une zone piétonne est censée être un espace protégé dan lequel le citoyen, le piéton, se sent en sécurité. Cela n’empêche pas de nos jours, avec cet ensauvagement qui gagne la société, de voir des motos, des vélos simples ou électriques, envahir cette chasse gardée consacrée aux enfants, pour les personnes âgées, pour ceux qui sont sortis pour prendre l’air, devenir un danger public. C’est ainsi.
Il n’est pas rare de voir des motos transformées en moyen de transport en commun, rouler sur ces zones piétonnes. Dans l’indifférence générale, trois, parfois quatre personnes, y prennent place. C’est le papa qui conduit et la maman qui tient le couffin. Entre les deux, des enfants qui se cramponnent comme ils peuvent. Aucun des quatre ne porte un casque, ce moyen de protection qui, selon l’OMS, réduit de 40 % le risque de blessures mortelles.
Qui s’en soucie ? Personne. Le port du casque, la surcharge, la conduite dans une zone protégée, réservée aux piétons, n’inquiète que les automobilistes qui voient débouler un motard ou un cycliste au moment où ils s’attendent le moins.
Ces motos, vélos que l’on considère maintenant dans certains pays comme «un symbole d’agressivité et de chaos urbain» et autres moyens de locomotion modernes, sont devenus de véritables défis à l’autorité. Ils sont partout. Entrent là où ils veulent, sans précautions ni autorisation. Conduisent ou roulent en sens contraire à la circulation, discutent au téléphone et déversent des flots d’injures contre ceux qui osent leur demander des comptes.
Il faudrait y mettre fin en faisant prévaloir les lois en vigueur.
Des décisions énergiques, dissuasives (saisie et forte amende) devraient mettre un terme à ces dépassements d’un autre âge qui handicapent un pays qui double sa population avec des visiteurs avides de savoir de quelle manière nous vivons.
Il ne s’agit pas de mettre un agent à tous les coins de rue, mais de déclencher une prise de conscience qui pourrait être salutaire.
De toutes les manières, cette situation n’a que trop duré et les autorités régionales et nationales devraient agir et vite, pour mettre fin à ces rodéos où la raison du plus fort est la meilleure.