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Tunisie–Afrique : Réveiller le potentiel des services exportables

Forte de son positionnement géographique stratégique, de ses ressources humaines qualifiées et d’une longue tradition de coopération régionale, la Tunisie affirme son ambition de devenir un hub de services compétitifs à destination du continent africain. Malgré des performances déjà notables — 1.528 millions de dinars d’exportations vers l’Afrique subsaharienne en 2023 et un potentiel non exploité estimé à plus de 1.300 millions de dinars selon la Banque mondiale —, le pays entend tirer pleinement parti de la Zone de libre‑échange continentale africaine et de son adhésion au Comesa pour accélérer sa croissance régionale.

La Presse — En 2023, les exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne ont atteint 1.528 millions de dinars (490 millions de dollars), soit 3,5 % des exportations totales du pays, selon des données officielles. Le potentiel non exploité sur ce marché dépasse 1.300 millions de dinars (472 millions de dollars), avec des opportunités ciblées au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Ethiopie, en Guinée et au Burkina Faso, d’après la Banque mondiale.

Le commerce intra-africain s’inscrit aujourd’hui dans un cadre de plus en plus favorable : la Tunisie a ratifié l’Afcfta et a rejoint le Comesa, facilitant la délivrance des certificats d’origine et les échanges. Depuis 2023, plus de 700 entreprises tunisiennes ont été accompagnées vers les marchés africains.

Une main-d’œuvre qualifiée…

Les entreprises tunisiennes d’ingénierie, d’architecture et de BTP ont su acquérir une expertise reconnue dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.

Elles interviennent dans des projets d’infrastructures routières, de bâtiments publics, d’aménagement urbain et d’énergie. Grâce à une main-d’œuvre qualifiée et à des coûts compétitifs, les bureaux d’études tunisiens trouvent des débouchés, notamment en Afrique francophone, où la proximité linguistique facilite les échanges.

La Tunisie a investi depuis des années dans la formation en technologies de l’information.

Elle dispose aujourd’hui d’un vivier important de développeurs, d’experts en cybersécurité et de spécialistes en intelligence artificielle. Plusieurs start-up tunisiennes exportent déjà leurs services (développement web, applications mobiles, services cloud, etc.) vers des marchés comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Rwanda. Le numérique constitue un levier puissant de pénétration du marché africain.

Expertise délocalisée…

Le secteur de l’enseignement supérieur privé tunisien attire de plus en plus d’étudiants africains. Chaque année, des milliers de jeunes issus d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale choisissent la Tunisie pour la qualité de ses institutions et l’accessibilité des frais de scolarité.

Des initiatives publiques et privées visent également à exporter l’expertise tunisienne en matière de formation professionnelle (dans l’agriculture, les TIC, la santé, etc.), notamment via des centres de formation délocalisés.
Les cliniques tunisiennes bénéficient d’une solide réputation en Afrique, notamment dans des spécialités comme la chirurgie, la gynécologie ou l’ophtalmologie. Le tourisme médical est en plein essor, avec des patients venant du Mali, du Tchad, du Niger ou encore de Libye.

En parallèle, des partenariats sont en cours pour la formation de personnels de santé africains en Tunisie, ainsi que pour l’ouverture d’établissements tunisiens dans des pays partenaires.

…Et un savoir-faire reconnu

Le secteur bancaire tunisien commence à s’implanter sur le continent, porté par une réglementation plus souple et des ambitions régionales. Certaines banques tunisiennes ont ouvert des filiales en Afrique subsaharienne, offrant des services financiers adaptés aux PME. Les compagnies d’assurance tunisiennes, elles aussi, explorent les marchés africains où les besoins en couverture (santé, agriculture, catastrophes naturelles) sont croissants.
Le développement des services exportables vers l’Afrique s’inscrit dans la stratégie globale de repositionnement économique de la Tunisie sur son continent. L’Etat tunisien mise sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour accélérer les échanges, réduire les barrières tarifaires et faciliter la mobilité des professionnels. Pour cela, une meilleure coordination entre institutions publiques, secteur privé et diaspora africaine formée en Tunisie est essentielle.
Le potentiel de la Tunisie en matière d’exportation de services vers l’Afrique est réel, mais nécessite un cadre structuré, des incitations ciblées et une vision stratégique. En misant sur l’économie du savoir et les complémentarités avec les marchés africains, la Tunisie peut consolider sa place en tant qu’acteur clé du développement du continent.

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