Accueil A la une Projets à domicile et commerce en ligne : L’alternative des débrouillard(e)s !

Projets à domicile et commerce en ligne : L’alternative des débrouillard(e)s !

Gagner sa vie ne dépend aucunement des opportunités professionnelles conventionnelles ni de la corrélation intrinsèque entre la formation académique et sa conformité aux exigences du marché de l’emploi.

C’est que se plier à cette logique dépassée de mode barre la route à moult perspectives, dont certaines relèvent de la passion, de l’utilité requise et du gain.

Et seules les personnes qui ont déjà enduré de mauvaises expériences professionnelles et d’autres qui ont été aigries par l’attente d’une embauche pourtant légitime, se sont adonnées à des projets, petits certes, mais salutaires et rentables. 

La Presse — De nos jours, les petits projets à domicile poussent comme des champignons ; des projets qui ne nécessitent ni patente ni contrôle, n’ayant de garantie que la volonté confirmée des petites et petits entrepreneurs de résister à la concurrence, conscience professionnelle, savoir-faire et qualité irréprochable à l’appui.

Et face à la cherté de la vie et au chômage, certaines femmes au foyer ont converti une partie de leurs foyers en un lieu de travail. Ce dernier puise toute son essence dans une détermination inébranlable de vouloir aller de l’avant sans devoir attendre des concours, des entretiens et encore moins un salaire soumis à l’érosion.

C’est le cas de Hiba Salem, une jeune femme au foyer qui, en dépit de quelques expériences professionnelles éphémères dans le bureau d’un notaire et en tant qu’aide-comptable, a préféré changer de créneau. Elle se concentre, depuis un an, sur une passion dans laquelle elle excelle : la pâtisserie et la préparation des amuse-gueules salés.

«C’est mon mari qui m’a encouragée à me lancer dans cette expérience. J’ai entamé mon projet en préparant des gâteaux et des salés simples. Puis, petit à petit, les bons échos m’ont motivée pour améliorer la qualité et diversifier l’offre. Mon compte facebook professionnel compte actuellement pas moins de dix mille followers qui apprécient mes produits à l’unanimité», indique Hiba.

Miser sur la qualité

En effet, comme la majorité des petits et petites entrepreneurs à domicile, Hiba utilise les réseaux sociaux pour commercialiser ses produits, soutenue, qu’elle est, par des sponsors. Des photos actualisées, des produits alléchants, préparés à partir d’ingrédients de qualité et livrés une fois prêts; voilà en gros le point de force de cette jeune femme.

«Les produits comestibles sont très délicats. Il faut toujours les préparer au bon moment et les livrer dans l’immédiat. Pour ce, je compte non pas sur une société de livraison, qui risquerait fort bien de les abîmer ou encore de les laisser pourrir dans le véhicule avant de garantir leur livraison, mais plutôt sur mon mari ainsi que sur deux motocyclistes au chômage, contre la modique somme de huit dinars par colis», ajoute-t-elle. 

Au bout d’une année d’activité, Hiba a su se frayer un chemin dans le monde de la pâtisserie en ligne tout en gagnant de l’argent au fur et à mesure des jours. «C’est mieux que de recevoir un salaire une fois par mois et de le voir s’évaporer au bout de quelques jours», renchérit-elle.

Dans l’attente d’une patente adaptée au commerce en ligne

En dépit d’un projet individuel, voire familial, Hiba tend la main à d’autres personnes pour gagner de l’argent, notamment deux débarrasseuses qui lui prêtent main-forte lors des grandes commandes ainsi que deux motocyclistes. Aujourd’hui, cette jeune femme réfléchit sur l’éventuel agrandissement de son projet ou plus exactement sur sa conversion en un projet conventionnel et non à domicile.

«Mais à bien réfléchir, je pense, poursuit-elle, que je m’éviterai beaucoup de dépenses en préservant mon projet tel qu’il est. En fait, selon mon étude de faisabilité, le changement me coûterait 150 mille dinars, soit un crédit de la BTS, un local dans une zone intéressante contre un loyer allant de mille à 1.500dt par mois, un packaging qui me coûterait sept dinars l’unité, sans oublier les frais de la patente, les factures et l’indispensable augmentation des prix qui jouerait certainement à mon détriment».

Et d’ajouter qu’elle s’impatiente de voir enfin les projets à domicile reconnus et autorisés via l’octroi de patentes adaptées au commerce en ligne. Entre-temps, Hiba mène à bien son petit projet. Elle reçoit même des commandes de la part de certains pâtissiers qui appliquent des prix bien plus gonflés sur ses délices !

Le hasard fait bien les choses !

Pour une raison ou une autre, un projet voit le jour et grandit, petit à petit. C’est le cas du projet de Monia (on l’appellera ainsi puisqu’elle préfère garder l’anonymat) qui, après dix-sept ans de chômage, cette diplômée du supérieur originaire de Sidi Bouzid, s’était lancée dans un projet à domicile, axé sur la valorisation des produits de terroir.

Monia n’a pas entamé son projet à des fins économiques mais la rentabilité était au rendez-vous. «Mon fils commençait à présenter des allergies alimentaires contre des colorants et des additifs utilisés dans les produits industrialisés. J’avais commencé, donc, à lui préparer des confitures bio fait main.

La «aoula» chez nous constitue une tradition perpétuée à travers les générations. L’objectif initial était de garantir à mon enfant des nutriments sains. Puis, poursuit-elle, mes amies et mes connaissances avaient pris connaissance de mes produits et commençaient à les solliciter. Du coup, mon activité, conçue au départ pour ma famille, avait pris un autre tournant.

Et voilà que depuis deux ans, je vends des produits naturels et autres, bio, notamment les confitures, les compotes, le couscous et ses dérivés dont le couscous d’orge fin, les tomates séchées, le piment séché, etc». Monia se réjouie de voir son projet fleurir.

Pour une alimentation saine

Il s’agit, pour elle, d’une précieuse contribution à la lutte contre les additifs chimiques qui enveniment les produits alimentaires. «Je suis rassurée de voir mes enfants manger sain, mais pas uniquement mes progénitures.

En commercialisant mes produits, que je prépare avec amour et vigilance, mais aussi les produits de certaines amies à travers les réseaux sociaux, je milite pour une alimentation salutaire et non nuisible à la santé à une époque où les maladies cancéreuses prolifèrent à un rythme inquiétant», souligne-t-elle.

Cette jeune femme aspire à développer son projet et à monter une entreprise en bonne et due forme.

Elle ambitionne même, un jour ou l’autre, d’exporter ses produits. «Il faut bien un début à tout ! L’essentiel c’est de ne pas lâcher prise. Notre pays regorge de richesses. Rien qu’en misant sur la valorisation des produits naturels nous pouvons créer moult entreprises rentables et produire des aliments sains et demandés à l’échelle nationale et internationale. Réussir est une question de volonté», ajoute-t-elle, motivée. 

Un projet pour vivre dans la dignité

Contrairement à Hiba et Monia, Sameh Ouanassi, elle, avait décidé de monter son petit projet à domicile pour nourrir sa famille. Etant au chômage, cette jeune maman ainsi que son mari, avaient du mal à avoir un revenu à même de subvenir aux besoins de leur petite famille. En 2019, elle avait puisé dans le savoir-faire ancestral et familial pour en créer un commerce en ligne.

«Nous avons commencé, mon mari et moi, par préparer et vendre la «bsissa». Puis, nous avons  introduit les épices, les produits à base de blé comme le couscous. Nous essayons à chaque fois d’élargir notre champ d’activité en diversifiant l’offre et en répondant favorablement aux exigences des clients», indique-t-elle. Sameh et son mari ont réussi à gagner leur vie grâce à un petit projet.

«Pour le moment, nous comptons nous contenter de son aspect de projet à domicile et d’un commerce en ligne. Pour avoir une petite entreprise, il faudrait un local, des équipements et beaucoup d’argent. Or, notre capital est limité et nous sommes réticents quant à l’idée de l’endettement. Du coup, nourrir notre famille et subvenir aux besoins de nos enfants nous suffit pour le moment», nous confie-t-elle sans pour autant délaisser son rêve d’avoir une petite entreprise locale. 

Manifestement, il suffit, parfois, de peu de moyens et de beaucoup d’ambitions pour améliorer ses conditions de vie et vivre dans la dignité. 

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