Accueil Culture Festival maghrébin des sports équestres de Sidi Amor Bouhajla : Comment passer d’un festival local à une référence dans le monde arabe ?

Festival maghrébin des sports équestres de Sidi Amor Bouhajla : Comment passer d’un festival local à une référence dans le monde arabe ?

La Presse — Niché au cœur du gouvernorat de Kairouan, le festival maghrébin des sports équestres de Sidi Amor Bouhajla (26-31 juillet), encore peu connu du grand public, recèle pourtant un immense potentiel. Alliant patrimoine, culture et passion pour le cheval arabe, cet événement annuel a tous les atouts pour devenir un rendez-vous international incontournable dans le monde arabe. Mais comment passer d’un festival local à une manifestation régionale de grande envergure ?

Un patrimoine vivant au cœur de la Tunisie

Chaque année, les habitants de cette région aux terres fertiles se rassemblent pour célébrer leur riche tradition équestre. Le festival met en lumière la fantasia, des démonstrations de cavalerie traditionnelle, ainsi que des compétitions de courses, de dressage, de tirs et des expositions de chevaux de race arabe et arabe-barbe.

Il s’agit d’un véritable hommage à l’histoire, à l’élégance et à la noblesse du cheval dans la culture tunisienne. Le festival attire déjà des cavaliers, éleveurs et passionnés venus des quatre coins du pays, et parfois d’Algérie ou de Libye. Mais le rêve d’en faire un rendez-vous international arabe n’est pas hors de portée.

Les conditions du succès à l’échelle régionale

Pour passer la vitesse supérieure et s’imposer comme un festival équestre de référence dans le monde arabe, plusieurs leviers peuvent être activés. Il est de ce point de vue crucial de professionnaliser l’organisation du festival. Cela passe par la création d’un comité permanent, associant autorités locales, ministère de la Culture, Office national du tourisme et fédérations équestres tunisienne et arabe. Une programmation claire, traduite en plusieurs langues et diffusée à l’avance, est aussi indispensable.

Partenariats internationaux, médiatisation et communication digitale

Le festival gagnerait à tisser des liens avec d’autres festivals arabes similaires (au Maroc, en Arabie saoudite, en Egypte, au Qatar). 

Des échanges de cavaliers, de troupes folkloriques ou de juges pourraient renforcer l’attractivité de l’événement.

Une présence renforcée sur les réseaux sociaux, la création d’un site web multilingue et la couverture médiatique nationale et internationale sont essentielles. 

Le cheval arabe est un symbole fort dans le monde arabe — une communication ciblée autour de cette identité partagée pourrait susciter un fort engouement.

Amélioration des infrastructures, dimension culturelle et touristique

L’accueil d’invités internationaux exige des infrastructures adaptées : hippodrome qui répond aux normes et standards internationaux, pistes aux normes, hébergements, stands, sécurité et logistique. Une implication des investisseurs privés, notamment dans le tourisme rural, pourrait accompagner ce développement.

L’insertion d’activités culturelles annexes : concerts, expositions artisanales, gastronomie locale renforcerait l’intérêt du festival auprès d’un public plus large. Il pourrait devenir un moteur de développement durable pour la région. Wahib Mehri, dernièrement nommé à la tête de la Société des courses hippiques de Tunis qui a assisté à une conférence sur l’état des lieux de l’élevage et des sports équins dans cette région berceau, abonde dans ce sens.

Dans une déclaration à La Presse, il a affirmé que tous les efforts se conjuguent désormais pour l’aménagement d’un hippodrome conforme aux standards internationaux, pour que ce festival puisse drainer plus de visiteurs locaux et internationaux, à commencer par ceux issus des pays arabes. « À Sidi Amor Bouhajla, la vie a de tout temps vibré autour et au rythme du cheval. C’est un legs de grande envergure hérité des aïeux, d’où la nécessité de le préserver et d’en faire la promotion pour en faire un moteur de développement économique, social et culturel. 

On est à l’évidence conscient de l’importance et de la solvabilité et à notre niveau et au niveau de l’autorité de tutelle », a-t-il expliqué. Faire du festival de Sidi Amor Bouhajla un rendez-vous panarabe de la culture équestre serait aussi une façon de repositionner la Tunisie sur la carte des grands événements culturels du monde arabe. Dans une époque où les identités locales sont de plus en plus valorisées, ce type d’initiative peut allier fierté régionale et ouverture internationale.

Le festival équestre de Sidi Amor Bouhajla a toutes les qualités pour devenir une référence dans le monde arabe. Il ne manque que la vision, la coordination et les ressources pour franchir ce cap. Entre tradition et modernité, il peut incarner un modèle de valorisation du patrimoine vivant arabe. Un rêve ambitieux, mais à portée de bride.

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