Accueil A la une Théâtre – « El Kabbout » de Amir Ayouni : Un drame, un brin burlesque

Théâtre – « El Kabbout » de Amir Ayouni : Un drame, un brin burlesque

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Proposant une mise en scène expressive à la fois réaliste et fantastique, Amir Ayouni offre une satire sur l’administration et la rigidité de ses règles.   

La Presse — Inspiré de la nouvelle fantastique «Le manteau» de Nicolaï Gogol, «El Kabbout», spectacle de marionnettes destiné à un public d’adultes, a attiré quand même des enfants accompagnés de leurs parents lors de la représentation du samedi 4 octobre dans la salle des Jeunes créateurs à la Cité de la culture.

Produite par le Centre national des arts de la marionnette, la pièce a réuni un grand nombre de marionnettistes- manipulateurs pour donner vie et sens à un texte en apparence simple mais dont l’adaptation reste difficile. Amir Ayouni est resté fidèle au texte de Gogol et à l’époque 1843 et cela apparaît à travers les costumes et les décors.

Pas de dialogue, la pièce est muette, un choix qui laisse place davantage à la manipulation. L’utilisation de quatre castelets pour des marionnettes à fil rend difficile le travail des manipulateurs, dont on salue au passage leur dévouement. Le personnage central autour duquel se déroule l’action est un fonctionnaire solitaire qui se lève le matin, fait sa toilette, s’habille et se rend au bureau pour se consacrer à accomplir, non sans zèle, des tâches routinières qui consistent à préparer des copies d’actes.

Mais sa vie réglée comme du papier à musique, sans ambition, va être bouleversée à cause de l’usure extrême de son manteau qui provoque la risée et les moqueries de ses collègues. Il décide d’économiser de l’argent pour se procurer un autre pardessus, quitte à réduire ses autres dépenses journalières. Après maints essayages chez le couturier, le vêtement est enfin prêt, ce qui le rend joyeux lorsqu’il l’endosse pour la première fois.

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Lors d’une fête organisée par ses collègues de travail pour célébrer le nouveau costume, il est agressé et son manteau est volé.  Bien que la situation soit angoissante, la marionnette avec son pouvoir transcendant la transforme en un spectacle proche du burlesque et où le fantastique occupe une place marquante.

L’existence morne du personnage principal est semblable à celle des personnages secondaires dont le tailleur alcoolique, ses collègues qui cachent eux aussi leur misère en ayant l’air gai, les policiers ne sont pas mieux lotis puisque leurs gestes répétitifs ressemblent  à celui du copiste. Proposant une mise en scène expressive à la fois réaliste et fantastique, Amir Ayouni offre une satire sur l’administration et la rigidité de ses règles.

La vie de ce modeste employé  nous éclaire sur la misère aussi bien sociale qu’humaine, créant une ambiance attachante autour d’un objet dérisoire, mais combien important pour cacher le dénuement de l’individu et le protéger du froid. Mais à la bassesse et l’égoïsme de certains, la vengeance viendra d’un fantôme dont la présence donne à l’œuvre une dimension universelle et au fonctionnaire la place d’un héros.

L’utilisation de la marionnette comme médium est une bonne idée car elle permet la distanciation mais sans dialogues, certaines scènes restent difficiles à comprendre, notamment celles du vol du manteau. Les rapports complexes entre les personnages et les rebondissements teintés d’humour sont assez laborieux. Les manipulateurs sont obligés de passer d’un castelet à un autre, ce qui rend leur travail assez contraignant. Toutefois, l’accompagnement musical ajoute de la vivacité au spectacle, qui s’enferme dans les détours d’un drame, un brin burlesque.

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