La circonscription de Kairouan, qui se taille 9 sièges au Parlement, a vécu avant le 6 octobre au rythme de l’élection législative et ce en présence d’observateurs tunisiens et étrangers, de la société civile et de représentants des candidats.
Au total, 313 centres de vote comportant 704 bureaux ont été aménagés au profit de 313.016 électeurs.
Le démarrage du scrutin a été timide mais au fil des heures, le nombre des électeurs augmentait progressivement à vue d’œil, les patrouilles sécuritaires veillaient au grain de façon remarquable et l’ambiance était ordinaire et sereine. Mais on a constaté que l’affluence des personnes âgées était partout visible.
Traki Oueslati, 74 ans, qui sortait du bureau de vote Abi Zammâ El Balaoui où 14% des électeurs ont déjà voté, nous confie : «Malgré mon âge avancé, j’ai toujours 30 ans dans ma tête, car je pense à mes enfants et à mes petits-enfants, je voudrais qu’ils aient un avenir meilleur, c’est pour cela que j’ai tenu à voter et à contribuer au processus démocratique de mon pays».
Par ailleurs, nous avons remarqué que beaucoup d’enfants accompagnaient leurs parents dans les différents bureaux de vote dont celui de Tarak Ibn Zied où 1.047 électeurs sur les 4.006 inscrits ont voté à 14h00 (soit un taux de 25%). Adel Methnani, père de famille, qui venait de voter en compagnie de son fils aîné, nous confie : «J’ai tenu à ce que mon fils âgé de 10 ans soit avec moi afin de l’initier au devoir unique, en toute transparence et sans aucune pression. Finie l’époque où on faisait voter les morts».
Par contre, beaucoup de jeunes se sont abstenus de voter comme nous l’explique Ridha Bouraoui, diplômé du supérieur au chômage que nous avons rencontré au centre de vote Taïeb M’hiri où 360 électeurs sur les 1.350 inscrits ont voté avant 15h00 (soit un taux de 27%) : «Je suis venu accompagner mon cousin qui a tenu à voter pour sa liste préférée parmi les 62 autres. Pour moi, aller voter ou pas, ça ne va me changer. Ce désenchantement est dû au climat politique malsain et qui est imprégné de haine, de vengeance et de magouille. En outre, aucune liste ne m’a convaincu et tous les candidats manquent d’innovation et de pragmatisme…».
Ce n’est pas l’avis de son cousin Wael : «Le fait de voter, c’est un droit et un devoir. J’ai donné ma voix à des candidats jeunes et dont le programme est clair et cohérent».
Beaucoup de dépassements
Par ailleurs, l’opération de vote dans toutes les délégations du gouvernorat s’est passée sur un rythme lent. Ainsi, le taux total de participation qui était de 5,66% à 10h00 est passé à 22,90% vers 14h30. Et quelques infractions et dépassements ont marqué ce rendez-vous électoral. En effet, certains candidats ne se sont pas gênés de faire de la propagande devant les bureaux de vote et de distribuer des tracts, dans une tentative d’influencer les électeurs, cela sans oublier le transport collectif d’électeurs à bord de véhicules de location et de transport rural, ce qui cache un achat de leurs voix. Ce genre de comportement était totalement visible dans certaines localités dont la zone de Aouled Issaoui de imadat Jabbes (délégation de Haffouz) où le représentant d’un parti utilisaient tous les moyens pour influencer les électeurs, ce qui a provoqué la colère des villageois qui ont décidé de fermer le centre de vote. Et il a fallu beaucoup de persuasion et de diplomatie des forces sécuritaires pour calmer les esprits et remettre de l’ordre. Ainsi, le centre a été rouvert après 45 minutes !
En outre, des représentants de sociétés de sondage n’ont pas hésité à demander aux électeurs les listes qu’ils ont choisies, et ce, à la sortie des urnes…