La 30e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2019), une édition hommage à Nejib Ben Ayed, a démarré officiellement le samedi 26 octobre avec en ouverture le nouveau film de Nouri Bouzid «Les épouvantails». Le bal des projections a démarré dimanche, réparties entre les espaces et salles de cinéma de la capitale ainsi que dans certains établissements pénitentiaires qui profitent depuis quelques éditions d’un programme de projection adressé aux détenus.
Côté sélection officielle de longs métrages de fiction, 12 films ont été retenus et parmi eux l’attendu «Papicha» de l’Algérienne Mounira Meddour dont la première a été projetée, dimanche dernier à la salle de l’Opéra de la Cité de Culture, devancé par le court métrage de fiction «Mthunzi» qui, lui, est sélectionné avec 11 autres films pour la compétition officielle . Ce procédé de projection n’est pas très avantageux pour les courts métrages qui risquent d’être écrasés et étouffés par les formats longs.
«Papicha» a déçu à bien des égards. Retenu aux oscars et censuré dans son pays, le film d’inspiration librement autobiographique évoque à travers le regard d’une jeune fille révoltée et rebelle, Nejma ou «Papicha» (campée par la jeune Lyna Khoudri), des événements de la «décennie noire», dans les années 90 en Algérie. Née en 1978, Mounira Meddour était adolescente à cette époque et a fini par quitter l’Algérie pour faire des études de journalisme en France. Ce film est son premier long métrage de fiction après différents documentaires.
C’est l’histoire d’un groupe d’étudiantes qui ont pour habitude de s’échapper de leur pensionnat pour sortir en boîte. Le personnage principal, Nejma, passionnée de stylisme. en profite pour vendre ses créations aux «papichas», les jolies jeunes filles algéroises. La situation politique se détériore et les extrémistes religieux gagnent du terrain à coups d’exécutions publiques. En réaction, Nejma (qui va vivre un drame) se met en tête d’organiser un défilé de mode dans le réfectoire de l’établissement scolaire alors même que partout s’affichent les signes d’un radicalisme religieux exigeant le port du hijab pour les jeunes femmes.
Caméra à l’épaule, gros plans sur les visages et les corps, le film se veut le récit d’une résistance farouche, d’un désir d’affranchissement mais finit par ressembler à une sorte de plat indigeste où l’on aurait dosé maladroitement les ingrédients, un fourre-tout de propos incohérents oscillant entre une surdose d’affectif (voire de mélodrame ), figuré par des symboliques bâclées et très au premier degré ou encore par des scènes dignes des tragédies grecques. L’on ne va pas jusqu’au bout des émotions ou des situations, l’on est soit dans l’expéditif soit dans l’exagération. Malgré la fraîcheur du casting et le très bon jeu des protagonistes, le scénario a souffert d’une écriture maladroite et pas aboutie. L’image sauve néanmoins la face mais le film n’a pas de recul et ne colle pas à la réalité algérienne de l’époque ni à la complexité de la situation politique de la décennie noire. Caricatural et faisant dans l’anachronisme tant au niveau des accessoires, des costumes qu’au niveau des manières un peu trop futuristes et modernistes pour l’époque et le pays. Un film offshore comme tant d’autres qui suivent la tendance régnante. Bravo tout de même pour la fraîcheur des comédienne et leurs belles interprétations.
Accueil Culture journées Cinématographiques de Carthage 2019 – sélection officielle longs métrages – «Papicha» de l’algérienne Mounira Meddour : Trop d’anachronisme et point de recul
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