Mieux exploiter les ressources naturelles des villes, leurs énergies renouvelables, aménager des espaces verts, rapprocher les services des usagers, promouvoir les nouvelles technologies, à même de moderniser le transport public et les services bancaires numériques. Tout cela pour pouvoir tracer les contours de la ville de demain. Un enjeu d’avenir qui se réalise d’une manière progressive. C’est ce que prévoient les preneurs de décision.
Nos villes sont-elles prêtes à devenir durables ? Oui, mais à la seule condition qu’elles puissent relever doublement le défi du développement et de l’environnement, dans un contexte social et économique prospère et productif. Cela paraît très utile si les générations actuelles et futures auront à en profiter équitablement. Autant dire, ont-elles les moyens de leur vie et survie ? Leur idéalisation, en quelque sorte ! Un tel projet est encore en gestation. Il a été, jeudi dernier, sujet à réflexion sur l’accès des villes tunisiennes au statut de villes durables. Ainsi, architectes, paysagistes, urbanistes, écologistes et même la société civile s’invitent à ce débat, initié par le ministère de l’Environnement et des Affaires locales. Avec pour objectif de faire de la localité, de la région, de toute la Tunisie, un milieu où il fait bon vivre. Cela va de pair avec les ODD tels que figurés sur l’agenda de l’ONU à l’orée 2030.
Toutefois, tout projet est soumis à une étude de faisabilité. Dans le cas d’espèce, un plan d’aménagement ne suffit pas à lui seul. Même un schéma directeur au concret ne pourrait aboutir à la durabilité. Car, combien de plans d’aménagement territorial dorment, depuis longtemps, dans les tiroirs des municipalités? Et combien de maires des communes ont fait la sourde oreille aux doléances de leurs électeurs. Voilà un constat qui perdure au fil des mois et des ans. Révolution populaire, dites-vous ! Mais, son avènement n’a rien changé, il y a maintenant huit ans. Les pluies diluviennes par leur intensité et fréquence ont mis à nu une infrastructure de piètre qualité : routes et chaussées crevassées, conduites d’eaux pluviales vétustes et non conformes aux normes, moyens financiers et matériels assez limités, ressources humaines majoritairement non qualifiées, administration lourde et corrompue. Bref, on est dans un Etat où rien ne va comme il se doit. Ceci étant, nos villes sont encore loin d’être durables. Nos planificateurs gestionnaires de l’espace ne sont guère visionnaires. Leurs ouvrages et chantiers à ciel ouvert, si défectueux qu’ils soient, étant souvent remis en cause, dus à des marchés publics frauduleux. Pris à témoin, le président de l’Inlucc, Me Chawki Tabib avait, à maintes reprises, tiré la sonnette d’alarme sur des soupçons de corruption.
Un diagnostic complet
Aujourd’hui, la situation telle que nous la vivons ne peut plus attendre. Penser à des villes durables, c’est bien, les mettre sur les rails, c’est encore mieux. L’atelier de réflexion de jeudi dernier, en présence de M. Mokhtar Hammami, ministre de l’Environnement et des Affaires locales, et ses collaborateurs, était, alors, un avant-goût d’un « programme national des villes durables en Tunisie ». Il fait, actuellement, l’objet d’une étude qui vient de révéler, en partie, ses secrets. Elle est à sa toute première phase dont les résultats ont été présentés, dressant un diagnostic complet. D’ailleurs, personne ne nie l’image ternie de nos régions et la précarité de leurs prestations locales. Qu’il s’agisse de nos hôpitaux, de nos écoles, de l’administration, de l’infrastructure de base, des ressources naturelles, de l’environnement et bien d’autres services, le citoyen a du mal à y avoir accès. Le débat a été axé sur les indicateurs du développement comme condition sine qua non pour des villes durables.
Outputs retenus
Repenser le modèle social et économique propre à chaque région, en tenant compte de bons plans d’aménagement territorial, s’avère aussi de mise. Ce faisant, la première phase de l’étude-objet de l’atelier repose sur quatre axes fondateurs de la ville durable, en rapport avec la protection de l’environnement, la promotion sociale, l’organisation spatiale et le développement économique, ainsi que la « gouvernance et l’organisation institutionnelle.
Ce travail des groupes choisis a débouché sur des outputs retenus dans un rapport de synthèse de la 1ère phase. Accéder au statut des villes durables est tributaire d’une conscience politique à œuvrer dans ce sens. Il y a, là, intérêt à changer de modèles d’aménagement, à même d’améliorer les prestations fournies aux citoyens, créer des grands projets d’infrastructure et d’équipement, en toute cohérence avec les besoins des populations et leur répartition géographique. Il est aussi question d’élaborer de nouveaux plans communaux, renforcer la décentralisation territoriale et mettre en place des systèmes de gouvernance locale. Mieux exploiter les ressources naturelles des villes, de leurs énergies renouvelables, aménager des espaces verts, rapprocher les services des usagers, promouvoir les nouvelles technologies, à même de moderniser le transport public et les services bancaires numériques. Tout cela et bien d’autres pour pouvoir tracer les contours des villes de demain. Un enjeu d’avenir qui se réalise d’une manière progressive, ainsi prévoient les preneurs de décision.