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Une approche inédite

LA démarche ou l’approche qui présidera à la formation et à la présidence du prochain gouvernement censée être mise en œuvre par Ennahdha en sa qualité de parti ayant remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement (soit 52 sur 217) lors des législatives du 6 octobre dernier restera dans les annales de l’histoire comme une expérience inédite, un précédent historique dans le long parcours des régimes démocratiques à travers le monde.
Une expérience inédite ou un précédent historique à saisir dans le sens où un parti politique qui remporte «une victoire minoritaire», qui réussit à arracher l’aval de son principal concurrent pour accéder confortablement à la présidence du Parlement et qui parvient à sauver la face à la dernière minute (quelques heures avant la tenue de la séance plénière du Parlement destinée à l’élection de son président), continue à se comporter comme s’il détenait entre les mains toutes les cartes lui permettant de former un gouvernement à sa guise, de lui désigner un chef qui obéira aux ordres même s’il ne sera pas issu du parti et de faire en sorte que son programme soit appliqué même si la prochaine équipe ministérielle portera la dénomination de gouvernement de «compétences nationales» ou «d’intérêt national» ou de «réalisations».
Et les certitudes que les responsables d’Ennahdha s’évertuent à répercuter médiatiquement de pousser à se poser l’interrogation suivante : Ennahdha va-t-il s’entendre et s’allier avec les partis politiques dont en premier lieu le parti Au Cœur de la Tunisie et la coalition El Karama, sans oublier Tahya Tounès (auquel l’on pardonne sa volte-face au palais du Bardo, mercredi 13 novembre) pour former un gouvernement qui remportera la confiance du Parlement, par le biais des voix qui ont intronisé Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple? Hier, à une journée de la remise par le président de la République de la lettre officielle de désignation à la personnalité devant être choisie par Ennahdha pour former le gouvernement et à quelques heures de la décision du Conseil de la choura révélant l’identité de la personnalité tant attendue, on naviguait à vue et les responsables du parti de Montplaisir auxquels ce dernier a confié la mission d’assurer la promotion médiatique de l’approche nahdhaouie de rentabilisation de sa victoire au palais du Bardo se sont donné le mot pour brouiller les cartes, pour maintenir le suspense entier jusqu’à l’heure fatidique relative au dévoilement de l’identité du chef du gouvernement désigné et, enfin, pour enraciner l’impression ou l’idée selon laquelle Ennahdha possède toutes les cartes et détient toutes les ficelles qui lui donnent les moyens d’imposer ses hommes et ses approches, quelle que soit la nature des partis ou coalitions qu’il a l’obligation «de rencontrer».

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