Accueil A la une Tahar Gargah, Directeur Général du Centre National pour la Promotion de la Transplantation d’Organes (CNPTO), à la presse : « Nous avons adopté l’approche participative »

Tahar Gargah, Directeur Général du Centre National pour la Promotion de la Transplantation d’Organes (CNPTO), à la presse : « Nous avons adopté l’approche participative »

Depuis le 25 avril dernier, 7 transplantations d’organes ont été réalisées avec succès dans des établissements hospitaliers publics. Cette réussite est due en grande partie au travail de titan engagé par le Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes pour susciter une prise de conscience à large échelle et faire évoluer les mentalités quant à l’importance vitale de ce geste qu’est le don d’organes qui permet chaque année de sauver des centaines de vies. Tahar Gargah, directeur général du Cnpto, a bien voulu nous en dire plus à ce sujet. Entretien.

L’année 2019 a été marquée par les prouesses médicales réalisées dans le domaine de la transplantation d’organes. Sept greffes d’organes réussies dans des établissements hospitaliers publics malgré les conditions de travail difficiles.
Comment expliquez-vous un tel succès ?

Il s’agit d’une première en Tunisie. C’est la seule année, en effet, où on a effectué autant de transplantations d’organes à partir de donneurs en état de mort encéphalique. Il faut rappeler que l’activité de transplantation cardiaque a été interrompue en 2004 en raison de la pénurie de donneurs en état de mort encéphalique. Ce n’était pas le seul problème. Le développement de cette activité s’est heurté à un autre écueil : celui du manque de confiance et de sensibilisation. Il n’y avait pas non plus d’approche participative. Pour promouvoir le don d’organes, nous avons pallié ce problème en adoptant une démarche participative. L’activité de transplantation d’organes a repris le 25 avril dernier. Un travail de sensibilisation et de communication a été entrepris, en intervenant à plusieurs niveaux. Les conditions d’accueil dans les services des urgences et de la réanimation ont été améliorées. Il y a eu également un travail de sensibilisation effectué auprès du cadre médical et paramédical afin que le réflexe d’envisager la possibilité de prélever et transplanter des organes soit dorénavant automatique lorsqu’ils se trouvent face à des personnes en état de mort cérébrale. La reprise de l’activité de la transplantation d’organe a été accompagnée d’un grand travail de sensibilisation et de communication sur le terrain, c’est ce qui a contribué, entre autres, à sa réussite.

Aujourd’hui, les familles acceptent-elles mieux l’idée de faire don des organes de leurs proches décédés ?
Au lendemain de la révolution, le don d’organes avait mauvaise presse auprès des citoyens qui se sont construit des idées erronées sur cette activité. Il y a eu une crise de confiance. Il a fallu, par conséquent, redorer l’image du don d’organes et restaurer à nouveau cette confiance. En 2018, pour susciter une prise de conscience sur l’importance de cette activité, le Cnpto a adopté le slogan suivant « Ce n’est plus un problème de santé mais un problème de société ». Nous avons impliqué plusieurs partenaires et nous avons mené des campagnes de sensibilisation auprès des établissements éducatifs, des facultés, des maisons de jeunes, dans les bibliothèques, sur les supports médias….pour faire évoluer les mentalités. Il faut savoir que la transplantation d’organes est une activité qui se caractérise non seulement par un souci de transparence mais également par une grande rigueur dans tout le processus. On envisage le don d’organes lorsque ce dernier perd plus de 90% de sa capacité. La réussite d’une greffe d’organe est tributaire de deux facteurs essentiels, à savoir la compatibilité entre les groupes sanguins et les tissus. Il faut savoir que non seulement nous veillons à la restitution du corps sur lequel nous avons prélevé des organes dans de bonnes conditions mais nous interrogeons également la famille sur les organes qu’elle nous autorise à prélever sur leur proche décédé. Il faut savoir, en effet, que certaines d’entre elles refusent, pour des considérations religieuses ou autres, le don de certains organes comme le cœur. Tout cela a contribué aujourd’hui à restaurer la confiance vis-à-vis du don d’organes.

Combien de personnes sont actuellement sur la liste d’attente ?
Actuellement, nous comptons en Tunisie 11 mille dialysés dont 1605 sont sur la liste d’attente d’un rein. S’agissant des insuffisants cardiaques et rénaux, 15 sont dans l’attente d’un cœur et 20 sont inscrits sur la liste d’attente d’un foie.

Le Cnpto prévoit-il de sensibiliser les agents dans les postes de police afin qu’ils encouragent les citoyens à inscrire la mention« donneur » sur la carte d’identité ?
L’agent de police doit questionner le citoyen qui se trouve en face de lui sur son choix de vouloir ou non mentionner donneur sur sa carte d’identité. Mais cela ne fait pas partie de ses prérogatives de sensibiliser les citoyens qui se présentent au poste sur la question du don d’organes. Cela risquerait de soulever des suspicions….Tout citoyen désirant que la mention « donneur » figure sur sa carte d’identité peut télécharger un imprimé à remplir à partir du site du Centre national pour la transplantation d’organes.

Quels sont vos objectifs futurs pour promouvoir le don d’organes en Tunisie ?
Nous allons poursuivre notre stratégie de communication qui a porté ses fruits jusqu’ici. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons nous donner les moyens de développer ce secteur. Mais cela doit émaner d’une volonté politique. Par ailleurs, nous avons suffisamment acquis d’expérience en la matière pour rayonner et devenir un pôle de référence à l’échelle du continent africain, en faisant la promotion du savoir-faire médical tunisien dans d’autres pays africains.

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