De Notre envoyée spéciale à Ourzazate (Maroc), Sabrine AHMED
Les systèmes oasiens du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie et d’autres pays représentent de vrais modèles de développement durable. Patiemment entretenus et exploités par l’homme pendant des millénaires, ils reposent sur une alliance fragile de ressources en eau et en terre.
La 8e édition du Forum international du tourisme vert (Fits Maroc 2020) a été organisé récemment au palais du congrès de Ourzazate.
Ce forum placé sous le patronage de l’Organisation Mondiale du Tourisme, de l’Unesco, de la FAO, du Pnue et de l’Organisation internationale du tourisme social a réuni plus de 400 représentants des gouvernements nationaux et locaux. L’objectif principal de ce forum est de réfléchir à des solutions en vue de renforcer la sauvegarde des oasis et de promouvoir un tourisme responsable et solidaire. Il a eu pour objectif également de renforcer le plaidoyer en faveur de la sauvegarde des systèmes oasiens, en voie de dégradation accélérée alors que leurs écosystèmes sont des modèles de résilience dans un environnement hostile.
Depuis plusieurs décennies, les oasis connaissent une série de crises graves. Crise de l’eau,crise du foncier, érosion de la biodiversité, ou encore crise sociale et culturelle, avec la transformation brutale des sociétés traditionnelles. Les oasis se trouvent menacées de toutes parts.
Or, les écosystèmes oasiens ont un attrait touristique indéniable, conjuguant les intérêts d’un nombre croissant de voyageurs pour l’écologie, la santé, l’exotisme, la recherche du soleil et le silence des espaces désertiques. Mais ce tourisme, s’il devient un tourisme de masse,constitue un risque majeur pour ces milieux fragiles.
Cette situation exige de revoir l’ensemble des pratiques alliant à la fois la préservation des ressources naturelles et la création d’activités économiques.
Pour un tourisme responsable et solidaire…
Le tourisme responsable et solidaire conjugue ces deux éléments en constituant de nouvelles sources de revenus pour les populations locales tout en valorisant le patrimoine culturel et en protégeant les ressources naturelles.
Au cours de son allocution,M. Jean-Marie Collombon, coordinateur général du Fits, a relevé que dans un monde secoué par les crises sociale, écologique, économique et maintenant sanitaire, le tourisme de demain ne sera pas encore possible car la planète va mal. En effet, elle est victime de l’inconscience et de l’avidité de l’Homme.
Et d’ajouter que : «Ce sont ces temps privilégiés, ce sont ces moments précieux, que des initiatives comme le Fits, le Forum international du tourisme solidaire et du développement durable, veulent absolument préserver. C’est le but premier des Caravanes solidaires qui ici, dans la région Drâa Tafilalet, s’appellent les «Caravanes des oasis». Pendant 3 jours, 90 caravaniers en provenance de 14 pays ont circulé dans les provinces d’Ouarzazate, de Zagora, de Tinghir et d’Errachidia. Ces caravanes solidaires, que nous avons toujours organisées avant chaque forum, sont toujours le prélude des Fits. Les caravaniers ont circulé d’une oasis à l’autre, à la découverte des systèmes oasiens, de leur vie et de leur culture, de leurs problèmes, mais aussi des solutions qu’il faut mettre en œuvre. Cette pérégrination leur a permis d’engager une réflexion sur les mesures et les solutions à mettre en œuvre pour contribuer à la sauvegarde des oasis et de leurs écosystèmes par un tourisme sobre, durable, responsable et solidaire».
Les oasis souffrent de la baisse drastique des ressources hydriques, de la salinisation croissante des sols, de l’urbanisation anarchique, de l’ exode des jeunes, de l’érosion… Dans ces oasis, le tourisme peut être un tourisme destructeur, un tourisme prédateur qui exploite la nature et les hommes. Un tourisme qui ignore les cultures locales, qui passe à côté des gens qui vivent depuis des siècles sur ces terres déployant des miracles d’ingéniosité.
Mais ce tourisme oasien peut aussi être un tourisme vecteur de développement local durable et sobre, qui respecte la nature et les grands équilibres écologiques qui crée des emplois locaux pérennes.
Le développement d’un «autre tourisme», plus responsable, plus équitable, plus solidaire, tente de répondre au mieux à ces questions en responsabilisant les voyageurs, en privilégiant la consommation locale et le circuit court, en favorisant le retour de valeur ajoutée au niveau local, en protégeant les espaces, et, d’une manière générale, en tentant de réduire le phénomène «d’érosion touristique» qui tend, à terme, et si l’on n’y prend pas garde, à détruire l’objet même de la destination.