Près d’un mois après être allée chercher la médaille d’or lors des championnats d’Afrique de lutte pour la 10e fois dans sa carrière, Marwa Amri revient sur son exploit. Elle évoque aussi sa préparation pour le prochain Championnat du monde ainsi que ses objectifs futurs, avec en point d’orgue les Jeux olympiques de Tokyo en 2020.
Cela fait presque un mois que le championnat d’Afrique s’est achevé. Comment jugez-vous votre 10e titre continental ?
«Je suis très satisfaite. Cette performance arrive au meilleur moment pour moi. C’est une très bonne préparation pour le Championnat du monde en septembre prochain. Mais il faut dire que ce titre a un goût très exceptionnel pour moi. C’est extrêmement magnifique d’être couronnée dans son pays et devant un public bien nombreux qui n’a pas cessé de m’encourager tout au long de la compétition. C’est un peu comme si c’était la première fois de ma carrière. J’avais surtout envie de partager l’aventure avec le public tunisien».
Quels sont vos objectifs en Championnat du monde 2019 ?
«C’est une compétition très relevée mais quand je commence une compétition, c’est absolument pour la gagner. L’objectif consiste principalement à aller le plus loin possible et essayer d’arracher la médaille d’or qui reste toujours mon rêve le plus cher. C’est très important pour mon palmarès notamment après ma déception en Championnat du monde 2017. C’est l’heure de la revanche. Je vais essayer d’aller chercher le titre mondial».
Vous avez déjà commencé votre préparation ?
«Bien évidemment. J’ai entamé la préparation pour le Championnat du monde depuis un bon bout de temps. C’est un travail de long terme. D’ailleurs la Fédération tunisienne de lutte a mis en place un programme de préparation bien étoffé pour m’aider à arriver à Astana dans les meilleures conditions. Entretemps, je vais participer à plusieurs compétitions notamment en Turquie et en Italie afin d’améliorer mon classement mondial. Chose qui va m’aider à éviter les grandes joueuses dans les premiers tours».
Le rêve d’une médaille olympique à Tokyo est déjà en tête ?
«Absolument, j’ai déjà entamé la ligne droite qui doit me conduire aux Jeux olympique de Tokyo. J’ai conscience de la difficulté de ma mission, mais je suis une femme de challenge. Ça va être dur, très dur, mais je suis prête à payer le prix qu’il faut. Une autre médaille olympique, ça vaut cher. Je sais ce que je veux et je vais mettre les ingrédients nécessaires pour réussir».
Quel souvenir marquant gardez-vous dans votre carrière de lutteuse ?
«Il y a eu beaucoup de moments inoubliables dans ma carrière sportive. Mais le moment le plus émouvant et le plus marquant dans ma vie de lutteuse restera, sans aucun doute, ma médaille de bronze lors des Jeux olympique Rio 2016. C’était le plus beau jour de ma carrière ! Franchement, j’étais au summum de la joie. C’était fantastique, Je n’ai pas vraiment les mots. J’ai su saisir ma chance, j’ai beaucoup travaillé pour réaliser ce rêve. Vraiment, ce moment restera pour toujours gravé dans ma mémoire, notamment que j’ai arraché la victoire dans les trois dernières secondes du combat. Tout le monde croyait que la partie allait se terminer en faveur de mon adversaire. Mais je n’ai jamais baissé les bras, j’ai lutté jusqu’à la fin et je n’ai jamais perdu confiance en moi-même».
Et le pire ?
«Franchement, je suis passée par plusieurs échecs lors de ma carrière, comme tous les sportifs d’ailleurs. Mais si je dois citer un moment bien déterminé, ce sera sans aucun doute lors du championnat du monde à Paris en 2017. J’ai entamé la compétition avec de grandes ambitions, j’avais le rêve de la médaille d’or en tête. Finalement, j’ai perdu la finale sur des petits détails. Le résultat final aurait pu être beaucoup mieux qu’une médaille d’argent. C’était ma plus grande déception. J’ai déjà eu tant de difficultés à panser mes plaies et remonter la pente après cette contreperformance. C’était horrible ! »
Pourriez-vous donner un conseil aux jeunes lutteuses ?
«Le travail, le travail et le travail. C’est la clé de la réussite pour un sportif de haut niveau. Pour espérer aller très loin dans cette discipline bien particulière, notamment pour les filles, compte tenu des spécificités de notre société, il faut absolument cravacher très dur, sans cesse et quotidiennement. Rien ne doit être laissé au hasard. Au début de la carrière, il ne faut jamais penser à l’argent. Ça viendra certainement avec le temps. Il faut savoir faire des sacrifices. Le plus important, c’est d’apprécier ce qu’on est en train de faire et de se concentrer sur l’entraînement».