Accueil Culture Rencontre avec Leila Toubel autour de «Dream’s Chabab» : Main dans la main, des rêves se réalisent

Rencontre avec Leila Toubel autour de «Dream’s Chabab» : Main dans la main, des rêves se réalisent

Le 30 mars est la date limite pour envoyer son dossier à «Dream’s Chabab», réaliser son projet artistique et se donner les moyens de le faire vivre sont les objectifs de cette plateforme qui accompagne, encadre et sollicite la créativité. Leila Toubel, qui est à l’origine de ce projet, lance un appel pour dire «ne fermez pas les yeux pour rêver, le rêve est encore plus beau quand vous rêvez les yeux ouverts».

Nous la connaissons comédienne puis auteure et dramaturge, depuis un certain temps, elle vole de ses propres ailes, sa solitude lui fait du bien, et faire « cavalier seul » ne semble pas la déranger. Leila Toubel, artiste et citoyenne de son état, est aussi derrière «Dream’s Chabeb», un projet de soutien à la création théâtrale et ses métiers artistiques et techniques, destiné aux jeunes créatrices et créateurs tunisiens âgés entre 18 et 30 ans et qui s’étale sur les 24 gouvernorats de la Tunisie.

«J’ai commencé à travailler sur ce projet en 2017, et cela est venu suite au constat amer de l’état de détresse que vivent les jeunes que je côtoie… quand nous réalisons le nombre de personnes qui partaient d’une manière fracassante entre Djihad, Harka et suicide nous ne pouvons pas rester les bras croisés». C’est à cœur ouvert que Leila Toubel nous expose ses motivations.

«Je ne négocie pas pour répondre à la loi du marché. Je persiste à croire que l’art n’est pas une marchandise sur laquelle nous mettons un logo. Ce projet est basé sur le soutien et l’accompagnement et non pas une occasion de se donner une visibilité»

Semer une petite graine d’espoir en donnant cette possibilité artistique et financière via un projet de soutien à la création est l’essence même de «Dream’s Chabeb». «Nous leur offrons, d’abord, une structure juridique qui est le premier pas pour le montage d’un projet, car pour les amateurs et même pour les professionnels et ceux qui n’ont pas les moyens de réaliser leurs projets, notre structure leur vient en aide pour bien réfléchir le projet, définir ses objectifs et les opportunités et lui chercher les fonds», continue-t-elle.

Pour la première édition, les 11 projets retenus ont tous vu le jour. Aucun d’eux n’a abandonné son rêve, aucun d’eux n’a failli à sa mission. «Et c’est parmi les choses qui m’ont réconfortée, car j’ai toujours cru en les jeunes et leur potentiel. Il suffit de leur offrir la dignité et la liberté via le travail pour nous retrouver dans le slogan de la révolution», raconte-t-elle avec enthousiasme.

«J’ai toujours cru en les jeunes et leur potentiel. Il suffit de leur offrir la dignité et la liberté via le travail pour nous retrouver dans le slogan de la révolution »

Donner libre cours à la liberté de créer, tel est l’essence même de ce projet. Et il n’y a pas de recette à suivre, c’est de la recherche continue, sans tutelle ni directive, au niveau de la forme et par rapport à la thématique ; «Dès que tu réfléchis ou que tu imposes un thème, on est déjà dans le préfabriqué. Je me suis imposé cette liberté totale et je me suis limitée à l’encadrement et à l’accompagnement. Cela servirait à quoi d’imposer des limites ou des sujets qui ne sont pas dans leur centre d’intérêt? Cette liberté a donné ses fruits à la première édition, et je continuerais à l’explorer», dit-elle.

Bien avant la date limite de l’appel à projet fixée au 30 mars, plusieurs dossiers sont proposés. Et ce sont des projets écrits depuis des années mais qui n’ont pas pu être réalisés.

Parmi les critères importants pour que le projet soit retenu : son impact sur le groupe ou la communauté. D’ailleurs, plusieurs thèmes sont récurrents comme le suicide, la routine, le quotidien, le désespoir, les attentats, l’immigration clandestine. «Nous avons reçu plusieurs projets dans ce sens dont un de Sidi Bouzid sur le suicide des enfants et un autre de Médenine sur la souffrance des familles des disparus en mer».

Pour «Dream’s Chabeb», les seuls partenaires sont «Doen, une fondation qui œuvre dans le socio-culturel et le ministère des Affaires culturelles». Quelques institutions ont essayé de s’associer à ce projet mais Leila Toubel est ferme sur ce point : «Je ne m’inscris pas dans la logique et les exigences des mécènes et des sponsors qui cherchent via des donations à acheter des espaces de promotion pour leur marque. Je ne négocie pas pour répondre à la loi du marché. Je persiste à croire que l’art n’est pas une marchandise sur laquelle nous mettons un logo. Ce projet est basé sur le soutien et l’accompagnement et non pas une occasion de se donner une visibilité».

«J’ai commencé à travailler sur ce projet en 2017, et cela est venu suite au constat amer de l’état de détresse que vivent les jeunes que je côtoie»

Et elle continue dans la même logique : «Les projets sélectionnés bénéficieront de la totalité du budget demandé et non pas d’une partie. Notre objectif est d’investir dans l’humain avec un noyau de jeunes autour d’un rêve qui va se réaliser. Je n’attends pas de retour financier, je donne la possibilité de réaliser une œuvre rêvée, de voir les larmes et le sourire de la réussite».

«Dream’s Chabab» part d’une conviction que le pays, c’est les gens qui le peuplent avec leur existence belle ou malheureuse ; c’est aussi un relais de savoir-faire et d’expérience. Cette deuxième édition de «Dream’s Chabab» va connaître un volet consacré à la formation, avec des ateliers dans chaque région où un professionnel se chargera de l’encadrement et de l’accompagnement jusqu’à l’aboutissement.

Une fois le projet abouti, qu’en est-t-il de sa vie ?

«Une fois réalisé, le spectacle vit sa vie et c’est à ces jeunes de le prendre en charge, je donne les moyens de créer et c’est à eux de le faire vivre.

Je ne veux pas faire d’eux des assistés, ils doivent trouver la possibilité de créer des événements, de faire des représentations… Je veux absolument que nous fassions ce chemin la main dans la main.  Nous sommes une chaîne et je ne suis qu’un maillon. Eux, ils sont soutenus mais responsables», conclut-elle.

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