Ce qui servait autrefois à défaire les récits de propagande des régimes, s’est transformé en un nouvel outil de dictature propagandiste où se retrouvent bien les extrémistes, les complotistes, les adeptes de la théorie du complot, les aigris, les porte-flingues des politiques ou « les mouches électroniques ».
Dans les années 2000, le personnage de PPDA dans les guignols de l’info commençait son journal par « Vous croyez toujours ce qu’on vous dit à la télévision, bonsoir ». Une ironie provocatrice qui renvoyait à un establishment médiatique en perte de vitesse et qui continuaient à asséner des vérités, sa vérité et à présenter du prêt à penser en barquette.
Avec la généralisation d’internet et des réseaux sociaux au milieu des années 2000, le grand public y trouve un moyen de s’émanciper de l’emprise d’une caste médiatique qu’il considère peu représentative et porte-voix du pouvoir politique et économique. Dans le monde occidental, la « résistance » contre l’ultra capitalisme s’organise sur les réseaux sociaux autour d’une nouvelle génération de militants, obligeant les médias et les politiques à les considérer enfin et à transformer quelque peu le discours politique. Idem, dans les pays encore sous le joug de la dictature, les dissidents, grâce aux réseaux sociaux parviennent à briser le silence et à ridiculiser les pouvoirs en place. Facebook a notamment joué un rôle incontournable dans l’éclosion de la révolution tunisienne et d’autres mouvements d’émancipation.
Cependant, ce qui servait autrefois à défaire les récits de propagande des régimes, s’est transformé lui aussi en un nouvel outil de dictature propagandiste où se retrouvent bien les extrémistes, les complotistes, les adeptes de la théorie du complot, les aigris, les porte-flingues des politiques ou « les mouches électroniques », comme se plait à nommer certains.
En parallèle, les médias dits classiques, et malgré une plus large liberté d’expression, commençaient à perdre du terrain, en termes de crédibilité. Bien évidemment les médias classiques restent pour l’instant un moyen incontournable pour atteindre l’opinion publique, mais la communication n’est plus unilatérale, et il devient difficile de convaincre une opinion publique qui peut en quelques clics réduire en miette la réputation d’un homme ou d’une femme politique et tourner en dérision voir déformer ses actions et ses dires.
Aujourd’hui, il est important de repenser le métier de journaliste qui est désormais en crise et en quête d’identité. Aujourd’hui, le journaliste ne détient plus ni le monopole de l’information ni le monopole du commentaire. Souvent, un simple tweet ou un statut Facebook d’un inconnu suscite plus d’intérêt que l’article ou le reportage d’un journaliste professionnel. Parfois, l’information parvient au citoyen lambda beaucoup plus vite que qu’au journaliste professionnel.
La confiance entre journalistes et public n’est plus garantie, il ne suffit plus pour un journaliste de dire les choses pour qu’elles deviennent vérité. Tous les propos doivent être justifiés, non pas parce que le journaliste le sait, mais parce les faits corroborent ses dires.
Cela ne signifie en aucun cas que dans un monde ultra-connecté, le journaliste n’ait plus sa place, bien au contraire, son rôle devient primordial. Dans un monde qui souffre d’une boulimie de l’information, le citoyen n’a jamais eu autant besoin d’y voir plus clair, de prendre du recul, de comprendre ce qui l’entoure. Outre le devoir d’informer, les médias ont désormais surtout le devoir d’expliquer, de décortiquer l’information, de vérifier les milliers d’informations quotidiennes qui ne sont pas l’œuvre du journaliste. Le journaliste est donc un acteur parmi d’autres dans la fabrication de l’opinion publique. L’enjeu n’est plus de reprendre l’information officielle, mais de donner des éclairages qui permettent au public d’être mieux averti et de s’armer convenablement pour être enfin imperméable face au côté obscur des réseaux sociaux.
Aujourd’hui certaines tendances, à l’instar du fact-checking (la vérification des informations) sont à saluer, mais elles ne sont pas suffisantes. Elles doivent s’inscrire dans une tendance plus globale de réconciliation avec un public qui a énormément changé.
Tant que cette réconciliation n’est pas sincèrement engagée par les médias et tant que les politiques continueront à adopter une communication anachronique, alors, oui, les Fake News et les rumeurs ont encore de beaux jours devant elles.
Liberte
10 avril 2020 à 09:32
Pourquoi au Maroc les masques de protections qui sont obligatoires meme pour le Roi sont vendus partout dans les supermarchés et les épiceries ainsi que dans les pharmacies à un prix de deux dirhams soit 7 centimes d’euros en Tunisie la vente est exclusivement en pharmacie à un prix dix fois plus cher, qui c’est empoché la différence ? C’est un objet médical qui nous protège et qui vous protège et c’est pas un Fake News.