A l’occasion de l’ouverture des travaux de la 19e rencontre pour la Conservation de la biodiversité sahélo-saharienne, le groupe d’Intérêt sahélo-saharien a organisé un séminaire, récemment, à Tunis. L’objectif de ce séminaire est de donner une vision sur la gestion durable de la faune sauvage tunisienne et migratrice, afin de valoriser et protéger les écosystèmes existants.
Des efforts doivent être déployés par toutes les parties prenantes en vue de protéger les écosystèmes en Tunisie dont certains sont vulnérables. Samir Taieb, ministre de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche, s’est montré rassurant dans son allocution puisqu’il a souligné que «la Tunisie a mis en place les bases juridiques et des plans d’action sur lesquels s’appuient les mesures de conservation des espèces locales et migratrices».
En effet, la Tunisie s’emploie à protéger ces animaux, à conserver ou restaurer leurs habitats naturels, à atténuer les obstacles à leur migration et à contrôler les facteurs qui pourraient les mettre en danger. Et l’orateur d’ajouter : «940 zones humides tunisiennes sont inventoriées, dont une quarantaine sont classées d’une importance internationale selon la convention Ramsar. Ces zones humides abritent une riche biodiversité et accueillent annuellement près de 500 mille oiseaux, faisant ainsi du pays une importante voie de migration entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. La Tunisie compte également 46 zones importantes pour la conservation des oiseaux. Par ailleurs, un important réseau d’aires protégées couvrant 17 parcs nationaux et 27 réserves naturelles a été créé».
Rôle pionnier
La Tunisie est signataire du Plan d’Action pour la conservation et la restauration des Antilopes sahélo-sahariennes de la Convention sur les espèces migratrices (CMS) et joue aujourd’hui un rôle pionnier dans la réintroduction et la préservation des gazelles, de l’oryx et de l’addax. Actuellement, elle possède l’une des plus importantes populations d’antilopes sahélo-sahariennes dans le monde, notamment pour sa valeur génétique.
En 2017, avec l’appui de l’UICN, une stratégie et un plan d’action ont été établis pour la conservation du mouflon à manchette (2018-2027). Cette stratégie vise à restituer des populations viables de mouflons à manchettes dans leurs aires de répartition potentielles en Tunisie de manière à ce qu’ils symbolisent les montagnes nord-africaines et constituent un élément important du développement durable.
A moyen terme, la finalité de cette stratégie est d’assurer la survie d’au moins quatre populations de mouflons à manchettes en liberté d’ici 2027, occupant les aires naturelles au Sahara, au Dhahar El Ouara, à Orbata-Bou Hemda et à la Dorsale. D’autre part, avec la FAO, un important programme de renforcement des capacités régionales pour la conservation et la gestion durable de la faune sauvage et des aires protégées dans le Proche-Orient est exécuté.
Par ailleurs, le système d’information géographique sur les aires protégées et les zones humides en Tunisie est élaboré. Une étude exhaustive de la faune sauvage de la Tunisie a permis de cartographier la situation et ressortir les lacunes. Au cours des dernières années, avec l’appui de Marwell, un outil de gestion holistique a été développé pour les métapopulations dans le but d’aider à la prise de décision : cette méthode combine des monitorings écologiques, des analyses génétiques, des données socioéconomiques et des évaluations de risques.
Malgré cet effort indéniable, la Sahara et les régions présahariennes subissent d’énormes pressions et de nombreuses agressions, à l’instar de la dégradation de la nappe d’Alfa, le surpâturage, les incendies, l’extension urbaine, les constructions anarchiques, la chasse illicite et l’ensablement. De plus, les zones sahariennes sont des milieux très sensibles aux changements climatiques. En effet, des conditions climatiques chaudes et sèches risquent d’influer sur ces milieux.