Intervenant, mardi, lors de la séance de dialogue au parlement, des députés ont critiqué le « silence » du ministre d’État chargé de la Fonction publique, Mohamed Abbou à l’égard des nominations « suspectes » et des « dépassements » commis concernant notamment la confection de masques barrières permettant d’éviter la contagion par le coronavirus après le déconfinement.
La séance de dialogue avec le gouvernement est consacrée à la situation sanitaire dans le pays. Elle se tient dans le cadre des décisions exceptionnelles adoptées par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors de la séance plénière du 26 mars dernier en vertu desquelles la cellule de crise du parlement se charge de la mission de contrôle de l’action du gouvernement.
Dans leurs interventions, certains députés ont accusé le ministre chargé de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Mohamed Abbou de ne pas réagir face à ces « dépassements » et de privilégier le principe de la solidarité gouvernementale. Ils ont à cet égard relevé une contradiction entre les slogans défendus par Abbou lorsqu’il était dans l’opposition en faveur de la lutte contre la corruption et la position qu’il observe maintenant qu’il est à la tête du ministère.
Les députés ont également protesté contre Abbou pour avoir considéré que l’affaire des masques a été émaillée par de simples dysfonctionnements de procédure ne s’élevant pas à une suspicion de corruption alors que le rapport du Comité général de contrôle des dépenses publiques relève des violations et un conflit d’intérêts.
Le député Abdellatif Aloui (bloc Al-Karama) a dénoncé la position de Abbou sur le marché des masques, s’interrogeant sur la stratégie de son département pour la lutte contre « les nominations suspectes, la contrebande, les pots-de-vin et les lobbies ».
Le député Foued Thameur (Qalb Tounes) a mis l’accent sur la nécessité de conjuguer les efforts et de s’impliquer dans la gestion de la crise et non pas demander uniquement à une catégorie bien précise, en particulier aux fonctionnaires ou à des catégories démunies de faire des sacrifices.
Pour sa part, la députée Abir Moussi (PDL) a estimé qu’en quelques mois seulement, le gouvernement a consacré de fait la corruption, évoquant les nominations « suspectes » face auxquelles Mohamed Abbou n’a pas réagi.
Quant à Nabil Hajji (Courant démocrate), il a dit comprendre que certains demandent à Mohamed Abbou d’intervenir sur certains dossiers et ce grâce au crédit de confiance dont il jouit. D’autres, a-t-il regretté, n’ont pour objectif que disperser les efforts et saper la crédibilité. Car pour eux l’échec de Mohamed Abbou fera échouer toute tentative visant à lutter contre la corruption.