L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture ( FAO ) anticipe sur des changements économiques considérables dus à la pandémie du Covid-19 ; des changements qui auraient pour impact une demande accrue sur certaines denrées alimentaires basiques dans certains pays, comme la Chine, une diminution notable de la consommation d’autres produits alimentaires dans bon nombre de pays, ainsi qu’une production stable pour les céréales et le blé.
En effet, qui dit denrées alimentaires basiques sous-entend foncièrement le blé et les céréales, lesquels représentent les abc de l’alimentation à l’échelle mondiale, mettant sur le même pied d’égalité les pays développés, ceux en voie de développement, ainsi que ceux sous-développés. Or, et contre toute attente, ces denrées seraient en sur-stockage pour la présente année, ainsi que pour l’année 2021, et ce, en raison de la baisse de la demande et des contraintes entravant – pour le moment- au commerce international.
En cette période périlleuse, les prix des céréales secondaires ont connu une baisse notable. C’est le cas du maïs dont le prix a diminué de 10%, et ce, en raison de la faible demande. Certes, mais les prix du blé et du riz, eux, ont sensiblement augmenté, soit respectivement de 2,5% et de 7,2%.
D’ailleurs, selon les données de la FAO, relatives au mois d’avril, les prix des denrées alimentaires ont chuté, pour le troisième mois consécutif, soit une baisse évolutive marquant le premier trimestre de l’année avec -3,4% par rapport au mois de mars et -10% par rapport au mois de janvier. Il s’agit d’un résultat évident, qui revient à la baisse de la demande contre une offre consistante.
Il faut dire que la chute des prix des denrées alimentaires ne concerne pas uniquement le blé et les céréales, lesquels promettent un sur-stockage aussi bien pour cette année que pour l’année prochaine. Ce changement à caractère économique et aux impacts commerciaux, mais aussi sociaux, touche, pratiquement, à la majorité des denrées alimentaires. Le communiqué de la FAO passe en revue plusieurs cultures et produits concernés par cette réalité.
Le plus bas prix du sucre en 13 ans !
C’est le cas, à titre indicatif, du sucre qui a enregistré son plus bas prix sur une période de 13 ans via une chute de 14,6% en l’espace d’un mois ! Une baisse qui s’explique, d’une part, par le ralentissement des échanges commerciaux lesquels ont été sinistrés en raison de la chute du prix du pétrole et donc de la production de la canne à sucre et des exportations. D’un autre côté, le confinement et la crainte d’endurer un manque d’argent ont poussé certaines populations à serrer la ceinture et à minimiser la demande en sucre. Même sort pour la production des huiles végétales dont les prix ont dégringolé de 5,2% en avril.
-3,6% pour les produits laitiers
Usant toujours de son indice pour l’évaluation de l’évolution des prix des produits alimentaires à l’échelle mondiale, la FAO confirme la chute vertigineuse des prix du lait et de ses dérivés dont le beurre, la poudre de lait, etc. Une baisse qui correspond à -3,6% et qui vient contrecarrer toutes les dispositions et les opportunités d’échanges commerciaux pour ces produits qui valent d’être saisies.
-2,7% correspond à la baisse des prix des viandes à l’échelle mondiale ; une baisse qui revient, outre à la baisse du pouvoir d’achat des ménages, à la fermeture des restaurants durant de longues semaines de confinement.
En conséquence à ces changements économiques, commerciaux et agricoles mondiaux, la FAO avance plusieurs estimations dans l’optique d’aviser les pays producteurs des denrées alimentaires sur les situations économiques à venir et de les orienter, implicitement, vers les mesures à même de sauver la situation et de prévenir un déséquilibre redoutable en matière d’offre/demande, mais aussi en matière des échanges commerciaux.
Stabilité du blé, récolte-record pour le maïs
La FAO prévoit, en effet, la stabilité de la production du blé et l’augmentation du stockage de cette denrée alimentaire basique, et ce, pour l’année 2020/ 2021. La récolte du blé à l’échelle mondiale en blé devrait rester dans les mêmes valeurs que celles enregistrées en 2019 , soit environ 762,6 millions de tonnes. Néanmoins, des disparités sont prévisibles et anticipent sur des récoltes moins considérables dans certaines régions, dont l’Afrique du Nord et d’autres, plus importantes dans les pays de l’Est. Une production stable qui serait compensée par une demande croissante, chose qui serait bénéfique pour les producteurs. Si la Chine a été à l’origine de la pandémie, elle sera, en revanche chanceuse de voir sa récolte croître, alors que les autres pays producteurs de blé verront leurs productions diminuer de 5%. Quant au maïs, la récolte sera prometteuse au grand bonheur des pays producteurs, notamment l’Argentine, le Brésil et l’Afrique du Sud.
S’agissant des céréales, leur production mondiale serait de l’ordre de 2 720 millions de tonnes. Une récolte abondante qui n’aurait, probablement, pas les mêmes chances de commercialisation qu’avant le Covid-19, et ce, au détriment de moult domaines économiques, dont la croissance économique et l’apport de cette denrée sur les indicateurs économiques, mais aussi sur le marché énergétique et le marché de l’élevage.
Pour ce qui est du riz, la FAO présume une baisse de consommation à l’échelle mondiale qui serait, probablement, amortie par une consommation-record en Chine. Aussi, la stabilité de la production des denrées alimentaires, la baisse de leurs prix, ainsi que la diminution de leur consommation aura un impact positif sur le stockage, qui sera optimal, hissant le ratio utilisation-stockage à 31,6%. En dépit de la pandémie et du ralentissement des échanges commerciaux internationaux, la FAO prévoit une augmentation notable du commerce des céréales à l’échelle mondiale pour l’année en cours, estimée à 2,8%.