Un ouvrier agricole, âgé de 60 ans, a péri dans l’accident.
Le salut de l’activité agricole demeure tributaire de la participation de la femme rurale au travail de la terre et la récolte des fruits. Représentant le plus grand réservoir de la main-d’œuvre bon marché pour les propriétaires terriens, les femmes sont contraintes d’être au four et au moulin aussi bien à la maison avec les exigences de leurs époux et de leurs enfants que dans les champs agricoles où elles subissent les caprices et les diktats de leurs employeurs.
M. Radhouen Fatnassi, membre de la section tunisienne des Droits de l’homme à Kairouan, nous précise dans ce contexte que 62% de la main-d’œuvre exerçant dans le secteur agricole sont des femmes et 38% sont des hommes. «En outre, 90% de ces femmes n’ont aucune assurance, ni sécurité sociale…».
Notons que ces ouvrières agricoles, âgées entre 16 et 70 ans, se déplacent quotidiennement dans des camionnettes, entassées les unes sur les autres, pour aller effectuer diverses tâches agricoles pénibles, pour un salaire de misère (entre 8 et 12D pour une journée de dur labeur de 7h00 à 15h00). Les conditions de transport non sécurisé ont causé beaucoup d’accidents mortels ces dernières années.
C’est ainsi qu’à l’aube de ce mardi 16 juin, un grave accident a eu lieu sur la route régionale, au point kilométrique 41, au niveau de Tfifila (délégation de Aïn Jloula), provoqué par la collision entre 2 camionnettes dont l’une transportait du bétail. Cette collision est due à l’excès de vitesse et à un dépassement interdit sur une route mal entretenue, pleine de virages et de dos d’âne.
Au total, deux hommes et 14 femmes ont subi beaucoup de fractures et diverses blessures, et un ouvrier, âgé de 60 ans, a trouvé la mort au moment de la collision. En outre tous les moutons ont péri.
Notons que ce sont les agents de la protection civile qui, dépêchés sur les lieux, ont transféré les victimes à l’unité chirurgicale «les Aghlabides» où ils ont subi des radios et des examens. Beaucoup d’être elles ont été ensuite transférées à l’hôpital Ibn El Jazzar pour y subir des scanners.
Parmi les accidentés, nous avons rencontré Meriem Chihaoui, âgée de 40 ans, et qui présente de multiples contusions au niveau des épaules. Elle nous confie : «Après avoir assuré pendant plusieurs mois la cueillette des olives dans les champs agricoles, nous voilà, depuis le mois de mai, en train de cueillir le romarin des montagnes de Oueslatia. Ainsi pour la totalité de 100 kilos de romarin que j’entasse dans les hottes que je mets sur mon dos, je perçois 20d! Tous les jours nous travaillons de 7h00 à 16h00, et ce, pour subvenir aux besoins de nos familles…».
Parmi les blessés, il y a une mère dont 2 enfants sont handicapés et d’autres cas sociaux qui font ce travail de récolte du romarin depuis plus de 5 ans, pour un salaire de 10d par jour.
Notons que les services d’urgence et de consultation externes de l’unité chirurgicale «les Aghlabides» étaient encombrés de plus de 200 patients et avec l’arrivée des accidentées et de leurs familles, il y avait déjà plus de 200 patients attendant d’être auscultés par le médecin, sans aucune protection, ni distanciation d’où la colère et les cris des citoyens présents face à cette mauvaise organisation et l’absence de séparation entre les différents services, augmentant ainsi le risque de contamination par le coronavirus.
Sihem, une accidentée âgée de 16 ans, nous dit en sanglotant qu’elle aurait aimé continuer ses études au lieu d’aller cueillir le romarin.
Fatma ZAGHOUANI
Rached Mahbouli
17 juin 2020 à 00:38
Voici « Les Misérables » de Victor Hugo.