Sainte-Sophie est certainement le monument le plus réputé d’Istanbul et l’un des plus connus au monde. Le mot Sainte Sophie vient du grec Hagia Sophia, qui signifie « Sainte Sagesse ». En turc, Sainte-Sophie est appelé Aya Sofya.
Sainte-Sophie est une ancienne basilique chrétienne fondée à l’époque de Constantinople, plus précisément au VIe siècle. A l’époque du sultan Mehmed II (XVe siècle), Sainte-Sophie a été transformée en mosquée. Sainte-Sophie, mosquée ou église, n’est plus un lieu de culte depuis 1934, année où elle a été classée comme musée par le président Kemal Atatürk, père de la nation.
Sainte Sophie est un symbole fort de la puissance de Byzance mais représente aussi parfaitement l’art byzantin par sa structure et ses mosaïques d’une valeur incommensurable.
La décision, prise à l’unanimité par le Conseil d’Etat turc, a été annoncée vendredi matin par le président Erdogan dans des réseaux unifiés.
Contestée pendant des siècles par les chrétiens, les musulmans et les laïcs, par le décret du 24 novembre 1934 du président de l’époque Mustafa Kemal Ataturk, Sainte Sophie avait été transformée en musée. Quelques heures plus tard, le texte du décret présidentiel circulait déjà sur Twitter, déclenchant un vif débat mondial. Cette décision irresponsable, prise par le président islamiste turc est très dangereuse, car elle pourrait ouvrir les portes à une série de revendications et de phénomènes d’intolérance vers les arabes chrétiens ou orthodoxes résidents dans certains pays à majorité musulmane.
Bien sûr, les raisons de la conversion vont bien au-delà du facteur «touristique»…
Comment un Conseil d’Etat peut-il abroger en 2020 un décret présidentiel de 1934? Le dirigeant turc avait promis à plusieurs reprises que Sainte Sophie, construite au VIe siècle par l’empereur Justinien, étant la plus haute expression de l’Empire romain d’Orient, reviendrait une mosquée. Et ça a été le cas.
Mais pourquoi autant de bruit autour de cette décision prise par le Conseil d’Etat turc sur proposition du président de la République, vu que celle-ci a provoqué plusieurs vives réactions de la part de responsables religieux et politiques, d’érudits et de fidèles du monde entier, dans l’attente d’une prise de position du pape arrivée lors de la dernière célébration dominicale au cours de laquelle François a exprimé sa tristesse pour Sainte Sophie ?
Même le Patriarche chrétien orthodoxe de Constantinople, Bartolomé Ier, a rappelé comment «Sainte Sophie est le centre vital dans lequel l’Orient et l’Occident se rencontrent… le Musée de Sainte Sophie doit fonctionner comme un lieu et un symbole de rencontre, de dialogue et de coexistence pacifique des peuples et des cultures et de solidarité mutuelle entre chrétiens et musulmans».
Ces réactions sont, oui, justifiées principalement par l’importance du monument et pour tout ce que ce monument représente aux yeux du monde musulman, orthodoxe et chrétien, mais il y a certainement bien d’autres motivations d’ordre politique et populiste à l’égard de la triste décision prise par Erdogan, qui affecterait pas seulement les laïcs turcs mais aussi ceux du monde entier qui voient partir en miettes la sécularité de l’Etat.
Aucune manifestation ou déclaration officielle par contre des dirigeants des pays musulmans…
L’Unesco, pour sa part, a aussi exprimé son grand mécontentement face à la transformation de la basilique de Sainte Sophie en mosquée. La position de la plus haute organisation des Nations unies pour la culture est d’ailleurs très dure : dans une note, la Directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, exprime son «profond regret pour la décision des autorités turques, prises sans discussion aucune, de changer le statut de Sainte Sophie». Azoulay a ensuite fait part de ses préoccupations à l’ambassadeur turc à l’Unesco.
Sainte Sophie, cependant, fait partie du site du patrimoine mondial de l’Unesco et, a déclaré Azoulay, «est un chef-d’œuvre architectural et un témoignage unique des échanges entre l’Europe et l’Asie au cours des siècles. Son état de musée reflète la nature universelle de son patrimoine et en fait un puissant symbole de dialogue. La décision de la convertir en mosquée soulève des questions sur la valeur universelle du monument : les Etats qui ont des biens inscrits au patrimoine mondial doivent veiller à ce qu’un changement de statut n’affecte pas la “valeur universelle pertinente” qu’un site doit faire partie des listes de l’Unesco et l’Unesco elle-même devrait être informée à l’avance de tout changement, qui devrait passer par l’examen du Comité du patrimoine mondial».
En outre, peut-on lire sur la note, l’Unesco rappelle qu’une «effective, inclusive et équitable participation des communautés et autres acteurs impliqués dans la propriété du bien est nécessaire afin de préserver le patrimoine et de souligner son caractère unique. Le but de cette exigence est de protéger et de transmettre la valeur universelle pertinente du bien, conforme avec l’esprit de la Convention du patrimoine mondial».
L’Unesco a déjà envoyé plusieurs lettres à la Turquie et juge «désagréable» que la décision turque ait été prise sans aucune forme de dialogue ni de communication préalable. C’est pourquoi l’Unesco, conclut la note, «appelle les autorités turques à entamer un dialogue sans délai, afin d’éviter tout effet préjudiciable sur la valeur universelle de ce monument exceptionnel et sur son état de conservation, qui sera examiné par le Comité du patrimoine mondial lors de la prochaine réunion».
Quant aux mosaïques byzantines de Sainte Sophie, réalisées entre le IXe et le XIIIe siècle représentant les scènes sacrées de la vie religieuse et de la Bible, qu’en compte faire le président Erdogan ?
Les cacher sous un drap lors des cérémonies religieuses ou bien les blanchir à la chaux ?
Des temps tristes pour la culture universelle et pour la laïcité…
Caballero
21 juillet 2020 à 15:07
Erdogan il n´est pas interesé a la pertenance de la Turquie a la Comunite Europeene, c´est un pas en la mauvaise directión.
En plus le fait de eser membre de L´OTAN cést pas suffisant pour accedir a la CEEE.