Jusque-là épargnée, la commune accuse désormais deux décès. Pourvu que le bilan ne s’alourdisse pas.
La commune de Raoued (gouvernorat de l’Ariana) a-t-elle perdu cette… baraka qui l’avait longtemps bénie et immunisée contre le coronavirus? Répondons illico presto par oui. En effet, on y compte, à présent, deux décès et une dizaine de cas de contamination qui, guéris, qui encore en période de traitement et de suivi dans les centres d’accueil hospitaliers. Concernant les deux décès, il s’est avéré qu’il s’agit de contaminations locale et importée qui ont coûté la vie à deux personnes âgées, l’une résidant à Raoued et l’autre à la Cité La Gazelle. Et comme il fallait s’y attendre, ces deux tristes nouvelles ont bouleversé toute la commune, en y provoquant une vague d’inquiétudes. On peut même parler de panique et d’angoisse dans les milieux d’une population qui, épargnée jusque-là, se contentait plutôt de compter les morts ailleurs. «La Covid-19 frappe déjà à nos portes», constate, triste, un habitant de la Cité La Gazelle qui tient à appuyer sur la sonnette d’alarme, en lançant la balle dans le camp des citoyens qui, déplore-t-il, continuent de faire fi des mesures élémentaires de prévention. Pour son voisin de palier, «la responsabilité est à imputer aux autorités compétentes qui tardent bizarrement à sévir, alors qu’il est communément admis que lorsqu’il s’agit d’une troupe indisciplinée et inconsciente, rien ne vaut la politique du bâton, au lieu et place de celle de la carotte qui s’est avérée stérile et vaine».
Ces foyers de reproduction à raser
Effectivement, il y a du vrai dans les propos de notre interlocuteur. Pour s’en convaincre, il suffit simplement de sillonner les arrondissements de la municipalité. Là où les foyers de contamination, donc de production, occupent, malheureusement, un espace fertile au milieu des immenses étendues de la commune. Et cela est visible à l’œil nu à partir d’Ennikhlet jusqu’à Raoued-Plage, en passant par la cité La Gazelle et Sidi Amor. Ça et là, les étals anarchiques et les camions et charrettes ambulantes de vente des fruits et légumes sont omniprésents le long des artères principales. Et on y écoule sa marchandise à ciel ouvert, sans y constater la présence de la moindre bavette ! L’impunité est également criarde dans les grandes surfaces, cafés, restaurants et autres établissement commerciaux, où on n’exige plus, à l’entrée, le port du masque de protection. De quoi salir la note quand on sait que la mesure de distanciation n’est pas respectée. La nuit, la fuite en avant ne connaît pas non plus de répit, alimentée qu’elle est par les noces familiales organisées tant at home que dans les salles des fêtes, avec tout le bazar qui fait la joie du… coronavirus
L’urgence d’agir
Pourquoi l’eau coule-t-elle encore sous les ponts avec une facilité si déconcertante? Pourquoi les habitants de la commune peinent-ils encore à prendre conscience de la gravité de la situation ? Et les autorités régionales et locales dans tout cela ? Eh bien, psychose, puisque les directions régionales de la santé, du commerce et de l’intérieur n’arrivent toujours pas à prendre le taureau par les cornes, se contentant, pour le moment, de descentes «rarissimes». De la poudre aux yeux, quoi !
Entretemps, la mobilisation et la bonne volonté de la municipalité de Raoued n’ont pas suffi à arrêter l’hémorragie. D’où l’urgence de donner à cette mairie les moyens d’agir, en vue d’une intervention plus efficace.