Sans rivaux, et une mainmise incontestable sur le tennis tunisien, Salma Mouelhi a encore du pain sur la planche pour un saut de qualité du tennis tunisien, notamment dans le dossier élite et direction technique.
Pour la 3e fois depuis 2013, Salma Mouelhi remporte les élections sans adversaire. Elle a conduit une liste où il y avait 6 femmes et 6 hommes (une première), mais pas de liste concurrente, le jour des élections. Victoire facile qui revient à une confiance renouvelée des clubs votants. S.Mouelhi conduira la FTT pour un bail de 4 ans de plus, et ce n’était pas une surprise, tellement il n’y avait pas d’enjeu électoral. Ce mandat devrait être différent du précédent, avec un tennis tunisien qui a progressé et qui a gagné en popularité, mais qui, sur certains dossiers en instance, n’avance pas.
Autorité et relationnel
Cette reconduction à la tête de la Fédération, Salma Mouelhi, sans fournir un effort pour se surpasser et détrôner une liste adverse, la doit également à de bonnes relations avec la plupart des clubs. Il y a aussi l’autorité qu’elle a réussi à mettre dans l’instance fédérale, mais également auprès des acteurs du tennis. Depuis 2016, elle a gagné en expérience et en relationnel international (son passage au comité exécutif de l’ITF l’aide énormément en termes de légitimité). Le nombre de tournois futures pour les clubs tunisiens est le point qui l’a le plus aidé à gagner la confiance des clubs, surtout ceux créés il y a quelques années. Sur le plan financier, la présidente de la FTT a réussi à apporter du «cash» avec du sponsoring et un excédent d’après les états financiers. C’est certainement un point positif pour son bilan, comme aussi les consécrations du quelques sélections de jeunes à l’échelle arabe et africaine.
Aujourd’hui, le tennis tunisien est un sport populaire qui touche toutes les couches sociales. Cette «démocratisation» du tennis, qui a commencé depuis le début des années 2000, se confirme en ce moment. Les énormes performances de la talentueuse Ons Jabeur ont été un soutien précieux pour la popularité du tennis en Tunisie.
Elite à améliorer
Le bilan de Salma Mouelhi, qui, en 7 ans d’exercice de présidente, a progressé et «compris» comment fonctionnent les rouages du tennis et du sport en Tunisie, reste satisfaisant.
S’il y a des points lumineux, il y a aussi des chantiers en instance et des points faibles qu’il faudra traiter lors du prochain mandat qui commence. Le casse-tête du directeur technique national reste le point où la FTT doit avancer. On n’a plus, sur le circuit, de projets de DTN tunisiens qui puissent relever le défi et tracer des stratégies en profondeur. C’est sur ce sujet précis que S. Mouelhi n’a pas, pendant le mandat précédent, réussi. Ce n’est pas uniquement de sa faute, c’est aussi les entraîneurs tunisiens, dont une grande partie préfère entraîner en club, ou prendre en charge un jeune élément pour gagner plus d’argent (la différence de salaire est considérable). Mais on doit améliorer la qualité des directeurs techniques dans les clubs d’abord, pour ensuite former quelques-uns pour un poste de DTN qui devient un rêve. Parlons aussi de l’élite, où après Jaziri et Jabeur, on risque d’attendre des années. A mesure que l’on descend dans la catégorie d’âge, surtout auprès des juniors, les résultats aux championnats d’Afrique et aux tournois ITF juniors deviennent insatisfaisants. La relève n’est pas aussi consistante que l’on pense, surtout auprès des féminines. Ce qui compte, ce sont les tournois ITF juniors et les tournois internationaux de haut niveau, les championnats arabes, par exemple, n’offrent pas la même qualité. On doit penser en urgence (déjà, on est en retard), à l’après-Malek Jaziri et l’après-Ons Jabeur. La FTT n’est pas responsable de la carrière professionnelle de nos joueurs (ce n’est pas son rôle), mais elle doit préparer des joueurs bien formés et les accompagner à leurs débuts. Pour cela, il faut mettre la pression sur les clubs pour améliorer leurs méthodes de détection et de formation, et il faut offrir, en sélection, de meilleures conditions (qualité des sélectionneurs, moyens financiers…) pour que ces jeunes soient plus aguerris.
Un nouveau bureau fédéral prend les rênes du tennis tunisien. Conduit par Salma Mouelhi, on aimerait voir ces membres fédéraux s’activer et exercer leurs prérogatives. Car on a toujours l’habitude de voir deux ou trois membres prêter main-forte et travailler, alors que le reste disparaît petit à petit. C’est à la présidente de la FTT de bien animer une structure de travail, où il y a une forte et réelle délégation. Sinon, le tennis tunisien a accompli de beaux progrès, surtout avec cette image qui a changé auprès de la société.