Dans un contexte marqué par une circulation active du virus sur tout le territoire et une accélération de la propagation de l’épidémie du coronavirus, de nouvelles mesures devraient être annoncées par le ministère de l’Education pour sauver, à tout prix, l’année scolaire actuelle qui se déroule dans un contexte difficile et exceptionnel.
Après près d’un mois de la rentrée, professeurs, parents et élèves s’interrogent toujours sur le déroulement de l’année scolaire 2020-2021, alors que le nombre de cas contaminés ne cesse de croître d’une manière exponentielle sur tout le territoire. Jusqu’au 30 septembre 2020, pas moins de 416 cas positifs ont été enregistrés chez les élèves et le personnel éducatif.
Pis encore, dans certaines régions, comme Sousse ou Monastir, les autorités régionales ont décrété un couvre-feu de 15 jours et ont annoncé la suspension temporaire des cours dans tous les établissements scolaires et universitaires, suite à l’accélération de la circulation du virus dans ces régions. Face à cette situation de péril, plusieurs questions se posent sur la capacité des autorités à contrôler et à freiner la propagation du coronavirus à l’heure où le gouvernement n’a de cesse de répéter que le reconfinement est exclu.
La révision des programmes, toujours en attente
Intidhar.K, professeure de mathématiques en collège, indique, dans une déclaration accordée à La Presse, que le personnel éducatif s’est prononcé en faveur de la révision des programmes scolaires de l’enseignement de base et secondaire pour adapter les contenus des programmes d’enseignement en se concentrant sur les matières essentielles. Toutefois, et bien que cette décision soit une bonne nouvelle, sa réalisation sur le terrain n’est pas évidente.
«Pour cette année, la rentrée scolaire intervient dans un contexte très particulier, marqué par la pandémie du coronavirus. Depuis plus des deux semaines, nous sommes en train de réussir l’application du programme de révision au sein des établissements scolaires, qui porte sur l’évaluation des acquis des apprenants au cours de l’année scolaire écoulée. Mais cette phase s’étale, en général, sur deux semaines, puis nous devrons passer au nouveau programme officiel qui devrait être annoncé par le ministère de l’Education, mais qui tarde encore à se concrétiser… Depuis quelques jours, nous attendons une grosse réforme de l’enseignement, mais sur terrain et sans infos, le personnel éducatif s’inquiète», explique-t-elle.
Mme Intidhar ajoute que, pour donner aux élèves un cadre propice aux apprentissages et à la reprise de la vie collective dans l’ensemble des établissements scolaires, le ministère de tutelle a annoncé que les cours seront assurés par groupe (chaque groupe réunira 18 élèves et ne serait présent sur site qu’un jour sur deux), afin de garantir la distanciation physique. Un pas à saluer, mais il faut qu’il soit suivi d’autres mesures concrètes pour prendre en considération tous les problèmes que les enseignants risquent de rencontrer sur le terrain.
«Avec l’application du système d’enseignement par groupes dans tous les établissements éducatifs, nous ne sommes même pas à la moitié du temps consacré au programme officiel. A cet effet, nous serons incapables d’achever le programme dans les délais. Pour ce faire, nous attendons toujours les décisions des autorités concernées pour alléger et ajuster les programmes d’enseignement, puisque les élèves auront cours un jour sur deux dans des groupes qui ne dépasseront pas les 18 élèves par classe…
Avec cette configuration, les professeurs doivent donner le même cours à deux reprises, et le programme scolaire est étalé dans le temps. Mais malheureusement, jusqu’à présent, nous ne savons pas ce qui se prépare, à l’heure où le ministère de l’Education doit être clair et net à ce sujet, puisque l’année scolaire a débuté il y a quelques semaines dans des conditions inhabituelles ! Pour l’instant, les établissements n’ont aucune information sur la manière dont le programme sera adapté à cette année particulière… Certains affirment qu’il sera réduit de moitié, sans savoir quels chapitres seront retirés. Mais est-ce possible de rattraper le temps des cours perdus ? Impossible!», explique-t-elle.
A ce sujet-là, Mohamed Haj Taieb, chargé de l’information au sein du ministère de l’Education, indique à La Presse que le ministère de tutelle annoncera dans les jours qui viennent tous les détails relatifs à la révision des programmes officiels. « De toute façon, pour l’instant, on s’occupe de rattraper le retard de l’année dernière et on verra ensuite de quelle manière le programme sera adapté», souligne Mme Intidhar.
A chaque école son protocole…
Un peu plus de deux semaines après une rentrée scolaire exceptionnelle, le milieu scolaire a enregistré 416 cas dépistés positifs au coronavirus ; 180 cas parmi les élèves, 168 enseignants, 46 personnes du corps administratif et 22 cas parmi les agents. Selon le dernier bilan, présenté vendredi 2 octobre par le ministère de l’Education, les établissements scolaires comptent, également, 1.260 cas suspectés de porter le virus. Des chiffres alarmants qui s’accélèrent de façon exponentielle, malgré que le ministère de l’Education se soit engagé à fournir tous les produits nécessaires, tels que les masques et les gels désinfectants, afin de protéger les élèves et le staff éducatif.
«Ces mesures ne sont pas suffisantes pour freiner la propagation du virus en milieu scolaire. Outre les cas positifs enregistrés, on procède, aujourd’hui, à la fermeture des écoles et d’autres établissements dans les quatre coins du pays, suite à de nouvelles atteintes par le coronavirus. Nous sommes, malheureusement, dans une phase de transmission très rapide et préoccupante et la gestion de l’épidémie y est compliquée par les difficultés structurelles et le manque de respect des gestes barrières », souligne Ahmed. B, professeur d’informatique au lycée.
Le jeune enseignant ajoute que, chaque jour, des dizaines d’élèves se rejoignent par petits groupes devant le lycée. Quand la sonnerie retentit, plusieurs remontent rapidement leurs masques sur leur nez et commencent à faire la queue pour entrer. Entre-temps, l’appel à l’utilisation du gel hydroalcoolique, à la distanciation sociale et à la prise de leur température se multiplient par le gardien et les surveillants généraux. « Mais seraient-ils des gestes préventifs suffisants pour freiner la propagation de l’épidémie de Covid-19 dans le milieu scolaire?… Certains établissements ne disposent même pas des dispositifs de mesure de la température. D’autres, qui regroupent plus de 1.000 élèves, peinent à faire respecter les règles de distanciation et à faire appliquer le protocole sanitaire annoncé par le ministère de l’Education…Sur terrain, la situation est très critique et très compliquée et les chiffres de contamination annoncés dans le milieu scolaire en sont la preuve parfaite », regrette-t-il.