Si l’affaire est pratiquement close après le dépôt, le 17 septembre 2020, du dossier de la candidature de Wadie Jary aux élections du Comité exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF), Tarek Bouchamaoui n’était pas bien nanti pour battre Ahmad Ahmad, Hany Abo Rida ou Fouzi Lekjaa dans la course à la présidence du temple du football africain.
Par Abdel Aziz HALI
La bataille s’annonce rude et âpre pour succéder au Malgache Ahmad Ahmad qui tient les rênes de la Confédération africaine de football (CAF), depuis le 16 mars 2017. Alors que le président sortant a indiqué ne pas avoir encore décidé s’il va briguer un nouveau mandat, la guerre des coulisses bat déjà son plein pour les prétendants à sa succession.
En effet, aux dernières nouvelles, six candidats ont exprimé leurs intentions de se présenter aux prochaines élections présidentielles de la CAF prévues, dans le cadre de l’Assemblée générale élective (A.G.E.), le 12 mars 2021, à Rabat (Maroc): trois favoris (le Tunisien Tarek Bouchamaoui — membre du comité exécutif de la CAF, depuis 2011 et membre du conseil de la FIFA, depuis 2015 — , l’Égyptien Hany Abo Rida et le Marocain Fouzi Lekjaa) et trois outsiders (le Nigérian Amaju Pinnick, le Congolais Constant Omari et le Sénégalais Augustin Senghor).
« J’ai l’honneur de vous confirmer ma décision de me présenter aux élections à la présidence de la Confédération Africaine de Football et de solliciter par la présente votre appui et soutien à ma candidature afin de lui garantir toutes les chances de succès » , a écrit Bouchamaoui, dans une lettre adressée à la Fédération tunisienne de football (FTF).
« Je considère que cette échéance électorale constitue une opportunité pour la Tunisie de présider cette grande institution et que notre habituelle étroite collaboration nous permettra de continuer à défendre les intérêts du football national et régional dans un environnement de plus en plus complexe sur la scène internationale. » , a t-il renchéri.
Wadie Jary coupe l’herbe sous le pied du Golden Boy de HBG Holding
Or, le président de la fédération tunisienne de football (FTF), Wadie Jary a déjà coupé l’herbe sous le pied Tarek Bouchamaoui après avoir obtenu la bénédiction du bureau fédéral pour se porter candidat aux élections du Comité exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF), dont le scrutin est prévu le 12 mars prochain dans le royaume chérifien.
Il est à signaler que le jeudi 17 septembre 2020, Wadie Jary a déjà déposé officiellement le dossier de sa candidature (par voie postale) au siège de la Confédération africaine de football (CAF) situé au 3 Abdel Khalek Sarwat Street, El Hay El Motamayez — P.O. Box 23, code postal: 12566 — , dans la ville du 6 octobre, dans le gouvernorat de Gizeh, en Égypte: une information capitale qui met fin aux spéculations sur les chances de Tarek Bouchamaoui de briguer la présidence de l’institution africaine.
Pour rappel, les statuts de la CAF n’autorisent qu’une seule candidature par pays et conditionnent celle de la présidence au soutien de la fédération nationale dont issu le candidat.
Et pourtant, invité de Forum sport sur les ondes Mosaïque FM, le 15 octobre 2020, Tarek Bouchamaoui a affiché son optimisme, soulignant lors de son passage que ses « chances de présider la CAF sont intactes», sans prendre en considération le parrainage et l’appui du board de la FTF pour la candidature de Wadie Jary.
Si plusieurs légendes du football tunisien (Ex: le seul joueur tunisien à gagner le trophée du ballon d’or africain en 1977, Tarek Dhiab, l’ex-international tunisien Radhi Jaïdi et l’une des légendes de l’Espérance sportive de Tunis, Abdelmajid Goubantini) ont apporté leur soutien au Boss de HBS International — une société d’exploration et de production pétrolière et gazière en Égypte —, footballistiquement parlant, le curriculum vitae (CV) le Golden Boy du Hédi Bouchamaoui Group (HBG) Holding demeure moins fourni par rapport aux deux autres favoris (Hany Abo Rida et le marocain Fouzi Lekjaa) voire même à celui du très controversé Ahmad Ahmad.
Par ailleurs, si Tarek Bouchamaoui a affirmé sur les ondes de Mosaïque FM avoir débuté sa « mission au sein des équipes de la CAF depuis 2002 », sur sa biographie officielle publiée sur le site officiel de la FIFA ou sur celui de la CAF, il n’y a aucune mention de cette date.
Idem dans sa biographie mentionnée sur son site web officiel « tarekbouchamaoui.com », le flou plane sur son engagement « au sein des équipes de la CAF depuis 2002 »:
« Basé en Egypte depuis le milieu des années 1990 pour diriger des activités économiques familiales à caractère international, il s’est retrouvé pas loin du siège de la plus haute instance continentale, la Confédération Africaine de Football qui y a élu domicile depuis sa création. Les dirigeants ont tout de suite découvert sa grande expertise et son dévouement à apporter son savoir-faire et sa compétence pour le développement de ce sport. C’est ainsi qu’après avoir été conseiller sur plusieurs dossiers, il a intégré le comité exécutif de la CAF en 2011. », lit-on sur son site web officiel.
La présidence de la FTF : une anomalie dans son CV
Côté sportif, Tarek Bouchamaoui n’a jamais été président d’un club de football voire même dirigé une fédération nationale. Ce qui n’est pas le cas de ses potentiels adversaires:
– Fouzi Lekjaa (président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), depuis 2014).
– Hany Abo Rida (président de la Fédération égyptienne de football (EFA), depuis 2009).
– Amaju Pinnick (président de la Fédération du Nigeria de football (NFF), depuis 2014).
– Constant Omari (président de la Fédération congolaise de football association (FECOFA), depuis 2003).
– Augustin Senghor (président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), depuis 2009).
D’ailleurs, tous les patrons en activité des cinq confédérations continentales sont des anciens présidents de leurs fédérations ou associations nationales:
– L’actuel président de la Confédération africaine de football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad (président de la Fédération Malagasy de Football (FMF), de 2003 jusqu’à 2017).
– Le président de l’Union européenne des associations de football (UEFA), le Slovène Aleksander Čeferin, (président de la Fédération de Slovénie de football (NZS), de 2011 à 2016).
– Le président de la Confédération sud-américaine de football (CSF), plus connue sous l’acronyme « CONMEBOL », le Paraguayen Alejandro Domínguez (président de l’Association paraguayenne de football (APF), de 2011 à 2016).
– Le président de la Confédération asiatique de football (AFC), le Bahreïni Cheikh Salman bin Ibrahim Al Khalifa (président de la Fédération de Bahreïn de football (BFA), de 2002 à 2013).
– Le président de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes, plus connue sous son sigle « CONCACAF », le Canadien Victor Montagliani (président de l’Association canadienne de soccer (ACS), de 2012 à 2017).
– Le président de la Confédération du Football d’Océanie (OFC), le Vanuatais Lambert Maltock (président de la Fédération du Vanuatu de football (VFF), depuis 2008).
Certes, Tarek Bouchamaoui est « un passionné de football au service de l’Afrique » — comme le mentionne si bien sa biographie sur son site web officiel —, à travers l’excellent travail accompli (pendant deux ans) à la tête de la commission d’arbitrage au sein du comité exécutif de la CAF. Mais, avec moins de dix ans au compteur dans les instances sportives (élu membre du Comité exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF), le 23 février 2011-Ndlr) et surtout un CV dépourvu d’une expérience comme président de la fédération Tunisienne de football (FTF), et bien de telles anomalies ne peuvent que faire pencher la balance de la course à la présidence de la CAF au profit des autres concurrents, notamment le candidat égyptien Hany Abo Rida et le président sortant « Double Ahmad ».
Enfin, si on suit la logique de l’évolution hiérarchique intra-institutionnelle des membres des Confédérations continentales aux quatre coins du globe, la candidature d’une personnalité sportive ayant déjà une solide expérience à la tête de la Fédération tunisienne de football (FTF) voire même du Comité national olympique tunisien (CNOT) serait plus cohérente et offrirait à la Tunisie plus de chances de présider dans les années à venir le temple du football africain.
A.A.H.