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Commentaire: Des traîtres parmi nous

En moins de dix jours seulement, l’entité sioniste a réussi ce qu’elle n’a pas pu faire en près d’un an de frappes meurtrières et de massacres dans la bande de Gaza : assassiner Cheikh Hassan Nasrallah et la quasi-totalité des commandants de haut rang politique et, surtout, militaire du Hezbollah.

Cette bérézina a mis en exergue le degré d’infiltration de haut niveau au sein des hautes sphères décisionnelles et au cœur du mouvement de la résistance libanaise. Une traîtrise qui a permis à l’ennemi de détruire des sites d’armement, de piéger ses communications (l’explosion de centaines de bipeurs et de radios piégés) et d’assassiner son leader iconique, dont les déplacements étaient pourtant une information « top secret » dans une organisation réputée pour son cloisonnement imperméable et ses mesures sécuritaires sans faille.

Et les inquiétudes quant à l’ampleur de l’infiltration du Mossad, l’agence de renseignement israélienne, dans la « nomenklatura » du « parti de Dieu » ne datent pas d’hier. En janvier 2015, le numéro 2 du puissant parti chiite, Cheikh Naïm Qassem, a expliqué que le « Hezbollah a déployé beaucoup d’efforts pour lutter contre l’espionnage en son sein. Des cas ont été découverts, mais ce ne sont que des cas limités», a-t-il déclaré sur la radio libanaise Nour. Cette sortie médiatique de l’un des fondateurs historiques du Hezbollah venait confirmer une rumeur qui faisait tache d’huile dans les médias et les réseaux sociaux depuis l’arrestation, fin décembre 2014, d’un cadre haut placé du parti.

Les échos de la presse libanaise parlait d’une taupe du Mossad qui aurait opéré depuis des décennies dans le cercle fermé des décideurs du mouvement de la résistance libanaise.

Il s’agissait, en effet, d’un certain Mohammed Chawraba — l’un des principaux responsables de ses opérations spéciales — ainsi que quatre de ses collaborateurs, selon des médias libanais et koweïtiens, qui avaient cité des sources sous le sceau de l’anonymat.

Cette taupe à la solde des renseignements sionistes avait occupé divers postes clefs au sein du parti, notamment celui de responsable de la sécurité de feu Hassan Nasrallah lui-même.

À en croire ces sources, « il était depuis plusieurs années le commandant adjoint de l’Unité 901, sorte de ‘service action’ chargé des opérations clandestines extérieures de l’organisation. Cette unité aurait été notamment chargée d’organiser des représailles à l’assassinat d’Imad Moughnié, le chef de la branche militaire du Hezbollah, tué dans un attentat ciblé à Damas en 2008 ».

Ce traître aurait été derrière l’échec de plusieurs opérations ciblant des sionistes à l’étranger ou la réussite partielle d’autres. Comme c’est le cas de l’attaque qui avait tué cinq touristes sionistes en Bulgarie en 2012, mais qui s’est soldée par l’arrestation des agents du Hezbollah avec une déconcertante rapidité par les autorités bulgares.

Par ailleurs, on soupçonne Mohammed Chawraba d’être derrière l’assassinat d’un haut responsable du mouvement à Beyrouth en décembre 2013 et l’arrestation d’un agent secret du Hezbollah au Pérou en octobre 2014.

D’après le site d’information libanais « Now », cette taupe aurait reçu d’« importantes sommes d’argent de ses agents traitants du Mossad », évoquant une enveloppe annuelle d’un million de dollars remise par le Mossad.

Toutefois, le traître a été démasqué après que l’organisation chiite lui aurait divulgué de fausses informations. Suivant les conseils de leur « Super agent », à plusieurs reprises, l’aviation militaire sioniste avait lancé des raids aériens contre des convois ou des sites de stockage d’armes spéciales destinés au mouvement de la résistance libanaise. Or, en réalité, ces opérations n’étaient qu’un coup d’épée dans l’eau en prenant pour cible des leurres: des frappes dans le vide pointant du doigt Chawraba.

Il est à rappeler que plusieurs membres du Hezbollah avaient déjà été impliqués au début du XXIe siècle dans des affaires d’espionnage. En 2009, des réseaux d’agents embrigadés par le Mossad avaient été démantelés au pays du Cèdre, comme en témoigne l’arrestation d’un garagiste qui fournissait à l’organisation des voitures munies de dispositifs de pistage.

Deux ans plus tard, en 2011, un haut cadre du Hezbollah avait fait défection et franchi la clôture de la frontière sud dans « le godet d’une pelleteuse qui l’avait soulevé au-dessus du grillage ».

Outre l’assassinat du Secrétaire général du parti chiite qui donne une idée sur les défaillances au sein des services de contre-espionnage de l’organisation, l’attaque rocambolesque aux « pagers » (bipeurs) et talkies-walkies piégés, les 17 et 18 septembre dernier, visant les militants du Hezbollah, qui a tué 39 personnes et fait près de 3.000 blessés, dont 1.500 devenus inaptes (aveugles ou amputés des membres), avait totalement déstabilisé le parti chiite. Hassan Nasrallah avait admis lui-même « un coup sévère et sans précédent ».

Parallèlement, les informations distillées par le renseignement humain, entre informateurs et taupes, pour localiser et « neutraliser » plusieurs hauts commandants du Hezbollah auraient affaibli considérablement la structure militaire du mouvement de la résistance libanaise.

Des seigneurs de guerre comme Fouad Chokr (un des fondateurs du Hezbollah et bras droit de Hassan Nasrallah), Ibrahim Akil (chef de la redoutable unité d’élite Al-Radwan), Ali Karaké (considéré comme le numéro 3 militaire du mouvement), Ibrahim Koubaissi (commandant plusieurs unités, dont une de missiles guidés de précision, et ex-chef de l’unité Badr, chargée de l’une des trois zones d’opérations du Hezbollah dans le sud du Liban), Mohammed Srour (chef de l’unité de drones), Wissam Tawil (un des commandants de l’unité d’élite Al-Radwan, tué en janvier dans une frappe sioniste sur son véhicule dans le sud du Liban), Mohammed Nasser (commandant des secteurs du Liban-Sud) et Taleb Abdallah (également commandant des secteurs du sud du pays) sont irremplaçables, surtout dans de telles circonstances.

Sous le feu de l’ennemi et les bombardements successifs de l’armée sioniste contre ses différents QG et son fief dans la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah peut-il faire le ménage dans son establishment gangréné par les traîtres et les taupes ?

Nul doute, les traîtres sont légion parmi nous et surtout dans les structures de l’« Axe de la résistance », y compris à Téhéran, notamment après l’assassinat, le 31 juillet dernier, du chef du bureau politique du Hamas palestinien, Ismaïl Hanieyh, dans une résidence surveillée par les puissants Gardiens de la révolution sous la supervision de hauts responsables de la sécurité iranienne.

Indiscutablement, la chasse aux sorcières semble plus que vitale, voire salutaire, pour la survie du mouvement chiite en ces temps maussades.

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