Communiquer avec des enfants âgés entre 9 et 15 ans est difficile. Des délinquants ont leur propre langage et règles sociales. Très souvent, ils ont des problèmes
Au quartier Ibn Sina, El Mourouj 2, des enfants sont adossés au mur ; ils ont quitté l’école à un âge précoce à cause des difficultés scolaires alors que d’autres ont des démêlés avec la justice. Ces enfants vivent des conditions précaires. Ils sont issus de familles défavorisées.
Les conditions de vie sont rudes autant pour les adultes que pour les enfants. Ces gamins marginalisés depuis longtemps sont en proie au fléau de la drogue, de l’alcoolisme, de la délinquance et de la violence en général. Faire parler des enfants de la région, à travers leur vécu, de leur entourage; les aider à communiquer et à dévoiler leurs sentiments et ressentiments n’est pas facile. Beaucoup d’entre eux cachent leurs misères, leurs drames et leur désespoir. Certains enfants sont mal encadrés par leurs parents. Ils passent le plus clair de leur temps dans la rue à mendier. R. déclare, les larmes aux yeux : «Nos conditions sociales sont précaires. Ma famille est pauvre. Nous sommes quatre garçons et deux filles. Avec la pandémie de la Covid-19, on n’a même pas les moyens de se protéger. Pour oublier, mes frères boivent de grandes quantités d’alcool et respirent de la colle». De son côté, K. renchérit : «Chaque coin de ma cité raconte une tranche de vie. Il faut que cette situation change. Notre quotidien est fait de pauvreté, de chômage, de délinquance, de drogue et d’alcoolisme».
Assis en cercle au pied d’un mur, inconscient de la gravité de la situation sanitaire, l’un à côté de l’autre, ces enfants âgés d’à peine onze ans fument à tour de rôle du cannabis, sous le regard indifférent des passants. Ces enfants fument des joints, de plus en plus jeunes. S, âgé de 11 ans, déclare : «J’ai essayé pour la première fois d’en fumer. J’ai des amis de mon âge qui n’arrivent plus à se passer de la cigarette. Ils ont commencé à fumer deux, trois, quatre cigarettes par jour. Le facteur environnemental est, en grande partie, responsable de ce phénomène car ils vivent dans une société où la cigarette et les drogues sont valorisées».
S’exprimant sur les enfants de la rue, le délégué général à la protection à l’enfance, Mehiar Hamadi, explique que, selon le dernier bulletin des activités des délégués à la protection de l’enfance de 2018, 59% des signalements portent sur des enfants en situation de danger. 17% sont des enfants de la rue et 13% ont été exposés au danger au sein de leur établissement scolaire. Selon ce rapport, le milieu familial constitue la principale source de menace. Les situations de manquement notoire et continu à l’éducation et à la protection des enfants et l’incapacité des parents ou des tuteurs à assurer la protection et l’éducation de l’enfant constituent les causes majeures des signalements reçues par les délégués à la protection de l’enfance en 2018. Le législateur, dans ce cas, a autorisé le délégué à la protection de l’enfance à rassembler suffisamment de preuves et à mener des enquêtes pour évaluer la situation de l’enfant et identifier la source de la menace.
Le délégué à la protection de l’enfance prend en charge l’enfant s’il constate effectivement l’existence d’une menace pour sa santé ou à son intégrité physique ou morale. Les tranches d’âge les plus touchées sont les enfants entre 9 et 12 ans (25%), suivie par les adolescents de la tranche d’âge entre 13 et 15 ans (21%). La répartition des enfants menacés selon la scolarité montre que 16% des enfants fréquentent les institutions de la petite enfance, tandis que 67% sont dans les institutions scolaires ou de formation.
«Beaucoup reste à faire», a conclu notre interlocuteur…