Un cri d’alarme, l’autre jour, sur Facebook. L’auteur : Adnan Chaouachi. La cible : les chaînes privées et l’ardeur qu’elles mettent à promouvoir le mauvais chant et la mauvaise chanson.
Le phénomène date déjà. Deux bonnes décennies que cela dure et perdure, et que l’élite musicale s’en plaint sans arrêt.
Le nouveau (observe et insiste Adnan Chaouachi) est que le mal, le «simple mal artistique», rejoint et aggrave le malaise de tout un pays.
Les visées publicitaires et financières du show-biz sont connues. De même que leur impact direct sur le contenu et la hiérarchie des chants et de la chanson. Ce que l’on connaît le moins, ce dont on ne se méfie presque plus, désormais, ce sont leurs terribles retombées sur l’intelligence et la conscience collectives, sur le sens critique et le goût des populations. On y ajoute un «zeste», peut-être, mais c’était l’essentiel du propos de Adnan Chaouachi, l’autre jour. L’essentiel de son «ras-le-bol», il l’a dit lui-même. De ce qu’il redoute, en conséquence d’un art décrépi, voué à l’intérêt et à la fausseté.
En conséquence, oui. Ce qui nous arrive de pire aujourd’hui, ne résulte pas que de l’incompétence politique et économique, que de la cupidité et de la corruption, que desdites «dérives de la révolution». Il provient aussi de notre inculture. Des incultures dans lesquelles nos pouvoirs, nos élites, nos icônes mêmes, nous ont, irréversiblement, entraînés.
Les non-voix et les chansons médiocres qui peuplent nos ondes et nos télés, que nous applaudissons à tout rompre dans nos festivals, que nous couvrons de gloire, que nous portons aux nues, témoignent, soit, d’une régression manifeste des Arts et de la perception des Arts. Elles ne sont, cependant, pas étrangères à tout le reste. C’est ce dont semble avertir Adnan Chaouachi. C’est le danger principal qu’il agite.
Nos chaînes privées ne mesurent probablement pas le mal qu’elles font. Mais, de près ou de loin, en initiant aux mauvais chants, à la mauvaise chanson (à l’Art médiocre en général), on initie aux mauvais choix citoyens.
Petite déduction, grosse vérité.