LA Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) se retrouve au cœur d’une tourmente, à quelques mois de la tenue des élections présidentielles et législative. Pour cause, fin du mandat fixé à six ans, inapplication de ses décisions et litige avec la Banque Centrale de Tunisie concernant l’accès aux états financiers douteux de quelques entreprises médiatiques tunisiennes. La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle a réclamé auprès de la Banque Centrale, des informations relatives aux transactions financières de certaines entreprises médiatiques tunisiennes dont notamment des télévisions. Mais la BCT, selon Hichem Snoussi membre de cette instance de régulation de l’audiovisuel, aurait refusé la divulgation de ces états financiers. Suite au rejet de cette demande, la HAICA s’est dirigée vers l’instance nationale d’accès à l’information (INAI) et a déposé une plainte contre la BCT afin de pouvoir disposer des documents demandés. Réagissant à ces accusations portées par la HAICA, la BCT a tenu à préciser, dans un communiqué publié mercredi, que « les informations à caractère financier sont des données protégées, et ce en vertu de la disposition de protection des secrets professionnels ». Exprimant sa disposition à coopérer seulement si l’Instance nationale d’accès à l’information le lui autorise de le faire. « La Banque centrale de Tunisie est prête à présenter à la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle les données relatives aux mouvements financiers qui concernent certaines chaînes de télévision, si l’Instance d’accès à l’information lui autorise de le faire », a, en effet, expliqué l’Institut d’émission.
Une ingérence politique
Dans des déclarations et interventions médiatiques, le membre de la HAICA Hichem Snoussi n’est pas allé par les quatre chemins en évoquant la mission de l’instance, mais aussi certaines entraves qui empêchent l’application de la loi et la régulation du secteur audiovisuel, dont notamment l’ingérence de certains partis politiques, Ennahdha en particulier. En effet, Snoussi a clairement accusé le parti Ennahdha de vouloir mettre la main sur certains médias tunisiens, affirmant que la HAICA s’est adressée directement à son président, Rached Ghannouchi, l’appelant à cesser d’appuyer des médias hors la loi.
L’ARP soutient la HAICA
Mercredi dernier, Nouri Lajmi a annoncé avoir eu un entretien avec le président de l’ARP, Mohamed Enaceur, pour revenir sur la situation de son instance après le dépassement des délais de son fonctionnement, six ans après sa mise en place. Selon Lajmi, Enaceur a confirmé le soutien de l’ARP à l’Instance et lui a demandé de poursuivre le travail jusqu’à élection de la nouvelle instance. Il faut rappeler dans ce sens que la chaîne Nessma TV avait considéré que l’instance de régulation de l’audiovisuel ’’n’existe plus’’ puisque le décret qui en porte création stipule un mandat de 6 ans, qui a expiré le 3 mai 2019. « De ce fait, l’instance n’a plus ni existence légale, ni cadre législatif, en rapport avec les décisions qu’elle prend », a-t-on affirmé.