Une grève générale dans le secteur de la presse est prévue le 10 du mois prochain, coïncidant ainsi avec la commémoration de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
C’était déjà annoncé dans un récent communiqué : une journée de colère fut observée hier par les journalistes tunisiens, marquée par un sit-in de protestation ayant eu lieu devant la présidence du gouvernement à La Kasbah. Ce mouvement est intervenu en réponse à l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt). Il fait suite aux promesses non tenues du gouvernement quant aux revendications professionnelles et matérielles du secteur.
11h00 du matin, un nombre de nos confrères représentant différents médias nationaux ont répondu présents, portant le brassard rouge et scandant des slogans contre une telle politique d’atermoiement et des manœuvres dilatoires. Au point que toutes les conventions et les mesures prises par les gouvernements successifs sont restées lettre morte. « Le droit du journaliste n’est pas une faveur », un des slogans qui a, largement, été relayé sur les réseaux sociaux, créant ainsi une sorte de lobbying pour avoir gain de cause. En fait, depuis lundi dernier, le port du brassard rouge était perçu comme un signal fort d’union et de solidarité entre tous les professionnels du métier.
Revendications anciennes-nouvelles
D’ailleurs, le rassemblement à La Kasbah n’a pas manqué de messages clés. Mohamed Yassine Jelassi, président du Snjt, a prononcé une brève allocution dans laquelle il a tout dit. S’adressant au Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, Jelassi avait rappelé les revendications des journalistes jusque-là non satisfaites, faisant savoir que pareille passivité à l’égard de ces droits si légitimes ne fait qu’exacerber les tensions et envenimer les rapports de dialogue et de négociation. Pour l’essentiel, le Snjt réclame la publication au Jort des deux conventions-cadre et sectorielle, tout en engageant la réforme des médias publics. Les revendications consistent aussi à verser des indemnités aux journalistes travaillant dans les médias confisqués, afin de régulariser leur situation professionnelle précaire. Autres droits et non des moindres : le recrutement des diplômés de l’Ipsi, l’application des mesures déjà prises pour soutenir les médias et les journalistes touchés par le coronavirus, ainsi que la création, sans tarder, d’une agence de publicité publique. Ce sont-là des revendications anciennes-nouvelles qui ne peuvent plus attendre.
A 13h00, le mouvement de protestation s’est poursuivi devant le siège du Snjt. Alors que dans les régions, des protestations similaires ont été observées devant les sièges des gouvernorats, où les journalistes se sont montrés solidaires comme un seul homme, pour défendre la même cause. Mais si le gouvernement continue à leur tourner le dos, les journalistes iront alors jusqu’au bout. Une grève générale dans le secteur de la presse est prévue d’ici le 10 du mois prochain, coïncidant ainsi avec la commémoration de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce qui constitue un symbole à plus d’un titre.
crédit photo : © Salma Guizani